Guerre Israël - Iran : cet enchaînement d’erreurs commises par le régime des mollahs - Par François Chauvency

Dès lors que le régime iranien maintient son plan qui consiste à supprimer Israël de la carte du monde, et que cet objectif n’a jamais été renié, le pouvoir en place à Téhéran ne peut que s’attendre, à terme, à un affrontement avec Israël. Par le Général François Chauvancy.


Atlantico : Quelle est l’erreur stratégique majeure commise par l’Iran dans le cadre de la crise militaire et géopolitique avec Israël ? En quoi le déclenchement d'une guerre directe sans armes nucléaires ni soutien de ses proxies constitue une faute majeure de la part de l’Iran ?

Général François Chauvancy :
Les véritables interrogations sur les éventuelles erreurs stratégiques de l’Iran concerne l'objectif idéologique du régime iranien. Dès lors que le régime iranien maintient son plan qui consiste à supprimer Israël de la carte du monde, et que cet objectif n’a jamais été renié, le pouvoir en place à Téhéran ne peut que s’attendre, à terme, à un affrontement avec Israël. Jusqu’à présent, cet affrontement direct n’avait pas eu lieu puisque l’Iran utilisait ses proxies, comme le Hezbollah ou le Hamas, ou recourait à des actes terroristes.

Cependant, depuis quelques mois, le Hezbollah et le Hamas ont été fortement affaiblis par les frappes israéliennes. Cela a libéré Israël d'une certaine contrainte. Israël n'avait pas nécessairement l’intention initialement de frapper directement l’ Iran. Cependant, le régime iranien a maintenu son discours hostile envers Israël alors que l’armée israélienne a pu constater que les forces militaires iraniennes n’avaient plus les moyens de réellement menacer Israël de manière indirecte ou hybride. Les deux attaques précédemment menées par l’Iran ont été des échecs. Elles ont été contrecarrées par la défense israélienne. Dans le même temps, Israël a frappé l’Iran, démontrant sa capacité à pénétrer le territoire iranien et à neutraliser une grande partie de ses défenses antiaériennes, qui sont un élément clé dans le conflit actuel sans contact direct entre les deux Etats. Enfin, malgré le retour des négociations avec les Etats-Unis, l’Iran n’a pas renoncé à l’arme nucléaire, perçue depuis longtemps comme une menace existentielle par Israël.

Dès lors que le discours iranien n’évolue pas, que l’Iran refuse de négocier la fin du programme nucléaire militaire, notamment en ne répondant pas favorablement aux tentatives de négociation de l’administration Trump, ce critère est devenu un paramètre central aux yeux de Benyamin Netanyahou. Israël, ayant neutralisé le Hamas à Gaza, constatant que le Hezbollah ne représente plus une menace au Nord et que l’Iran n’a pas compris qu’il fallait s’arrêter, a décidé de saisir une opportunité unique de frapper plus durement l’Iran. L’objectif est d’empêcher la concrétisation du programme nucléaire iranien pour un certain nombre d’années et d’éloigner la menace sur Israël.

L’autre erreur de l’Iran n’est-elle pas le fait que le régime iranien dépense tout son argent sur des options offensives et des missiles et pas assez sur le plan défensif ? Quel rôle la faiblesse des défenses iraniennes a-t-elle joué dans le succès israélien ?

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