Les justes guerres et celles qui le sont moins - Par Jean-Philippe Delsol
La guerre gronde en Ukraine et au Moyen-Orient, voire jusqu’aux frontières de l’Inde et du Pakistan. Quels adversaires ont la légitimité de mener ces guerres ? Un article de Jean-Philippe Delsol (IREF) à lire impérativement !
La question de savoir si la guerre peut être juste est ancienne. Déjà Aristote et Cicéron[1] étaient convaincus que la guerre ne pouvait être juste que si elle servait la paix. Les premiers chrétiens s’interrogeaient sur la licéité de la guerre et de leur participation au service des armes. Puis s’élabora une vraie doctrine occidentale de la guerre juste dans de nombreux ouvrages, d’Augustin d’Hyppone (354/430) à Thomas d’Aquin (1225/1274), qui en firent une synthèse utilisant aussi le droit romain. Dans sa Somme théologique[2], Thomas d’Aquin soumet les guerres à trois conditions pour qu’elles soient justes : que la guerre ait été décidée par une autorité légitime d’un État, que la cause soit juste c’est à dire tende à rendre justice d’une faute, que l’intention du Prince soit droite, c’est à dire soit orientée à promouvoir le bien ou faire cesser le mal.
La guerre au service de la paix
Près de quatre siècles plus tard, la notion fut laïcisée par Hugo Grotius pour lequel la guerre est juste[3]:
- si sa cause est juste, ce qui est le cas si la guerre est faite pour se défendre,
- pour recouvrer ses biens ou plus généralement son « dû »,
- pour punir d’exactions.