L’Europe au chevet de l’Ukraine : du maintien de la paix à la réassurance dissuasive ? - Par François-Régis Legrier

Le sommet sur l’Ukraine qui s’est tenu à Paris le 27 mars dernier, a évoqué le déploiement d’une « force de réassurance » européenne au lieu d’une force de « maintien de la paix » comme envisagé initialement. Un changement de sémantique qui est loin d’être cosmétique. Par le Colonel (er) François-Régis Legrier.

Article paru dans le N57 : Ukraine Le monde d’après

François-Régis Legrier est Colonel (en retraite), ancien responsable des études doctrinales du Commandement du combat futur de l’armée de Terre; Professeur de géopolitique à Rennes School of business; Auteur de Si tu veux la paix, prépare la guerre, Via Romana, 2018.

Alors que la Russie et l’Ukraine s’acheminent vers un cessez-le-feu sous l’égide des États-Unis et de l’Arabie saoudite, la France planifie le déploiement d’une « force de réassurance » européenne dans la partie du territoire ukrainien contrôlé par Kiev après avoir envisagé le déploiement d’une opération de maintien de la paix (OMP).

Ce changement de sémantique permet de clarifier le positionnement stratégique de la France et de ses partenaires européens. En effet, si le maintien de la paix est un concept ONU avec ce qu’il suppose d’impartialité et de non recours à la force, la réassurance appartient au vocabulaire OTAN et renvoie à une logique dissuasive. Cette force de réassurance est-elle acceptable par la partie russe dont l’un des buts de guerre est le refus de forces étrangères sur le territoire ukrainien ? La suite des négociations nous le dira mais il est permis d’émettre quelques réserves.

Cet article se propose d’examiner ce qu’est une opération de maintien de la paix et quels en sont les principaux écueils avant de porter un éclairage sur le concept de réassurance appliqué au cas ukrainien.

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