Alexandre Del Valle : Vers un système mondial post occidental ?


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Dans sa chronique pour Valeurs Actuelles, Alexandre del Valle analyse la transition vers un système mondial post-occidental, marquée par le rejet croissant de l’hégémonie occidentale dans le Sud global.

 Trois pays africains — Mali, Niger, Burkina Faso — ont quitté la CEDEAO pour créer une alliance militaire régionale soutenue par la Russie. Ce départ traduit un rejet des ingérences perçues comme néocoloniales de l’Occident et une volonté d’autonomie stratégique. Le Nigeria, sans s’aligner sur l’Occident, entretient des relations économiques pragmatiques avec ces pays, illustrant une diplomatie fondée sur la solidarité africaine.

Sur le plan international, le sommet des BRICS+ a révélé une posture neutraliste de plusieurs pays, dont le Brésil et l’Inde, dans le conflit ukrainien. Ces États refusent de suivre les injonctions occidentales et favorisent une approche multipolaire, axée sur leurs propres intérêts.

La reconnaissance officielle de l’État de Palestine par Emmanuel Macron représente une rupture symbolique au sein du G7. Ce geste diplomatique, bien que contesté par Israël et les États-Unis, est vu comme une réponse aux attentes du Sud global et aux pressions internes françaises. Il illustre la tentative française de repositionnement dans un monde en mutation.

L’article critique également les doubles standards de l’Occident : soutien militaire massif à l’Ukraine, silence sur Gaza, le Yémen, la RDC et le Mozambique. Cette hiérarchie des victimes alimente une perception d’hypocrisie. De plus, l’Occident est accusé de s’allier à des régimes islamistes sunnites tout en désignant la Russie comme un ennemi civilisationnel, malgré ses affinités culturelles européennes.

Ce constat reflète un glissement vers un ordre mondial post-occidental, où l’universalité des valeurs occidentales est remise en question et où de nouveaux pôles d’influence émergent

Laurent Sailly

Alexandre Del Valle
Vers un système mondial post occidental ?

CHRONIQUE. L’Europe et les Etats-Unis, qui ont longtemps réussi à imposer leurs valeurs au reste du monde, dont aujourd’hui face à un rejet croissant dans les pays du « Sud global », analyse Alexandre del Valle.

Va-t-on vers une grande bascule géopolitique du monde ? Plusieurs évènements géopolitiques survenus ces dernières semaines confirment cette tendance. Premièrement, la confirmation du Mali, du Niger et du Burkina Faso qu’ils quittent la CEDEAO et formalisent l’Alliance des États du Sahel, une force de sécurité régionale de 5 000 soldats, soutenue par la Russie et ses mercenaires de Wagner/Africa Corps. Ces pays dirigés par des juntes militaires anti-françaises dénoncent une ingérence néocoloniale et des sanctions injustes de la part du bloc ouest-africain lié à l’Occident. De son côté, le Nigeria voisin joue un rôle pragmatique : Abuja a invité les trois États sortants au Sommet économique d’Afrique de l’Ouest, en juin 2025 pour maintenir des liens économiques hors cadre institutionnel Africa Eye.