David Lisnard : «Cher État Big Mother, prière de rester sur le pas de la porte»


Selon une étude de l’Insee publiée mardi, un quart des ménages français vivent dans un logement considéré comme sous-occupé, c’est-à-dire avec au moins trois pièces de plus que nécessaire. Le maire Nouvelle Énergie de Cannes, David Lisnard, alerte sur les risques d’une nouvelle immersion de l’État dans notre vie privée.


«J’ai eu l’occasion de lire et d’entendre beaucoup d’histoires incroyables sur les temps où les hommes vivaient encore en liberté, c’est-à-dire dans un état inorganisé et sauvage . Ce qui m’a toujours paru le plus invraisemblable est ceci : comment le gouvernement d’alors, tout primitif qu’il ait été, a-t-il pu permettre aux gens de vivre sans une règle analogue à nos Tables, sans promenades obligatoires, sans avoir fixé d’heures exactes pour le repos ! On se levait et on se couchait quand l’envie nous en prenait, et quelques historiens prétendent même que les rues étaient éclairées toute la nuit et que toute la nuit on y circulait. C’est une chose que je ne puis comprendre». Dans Nous autres, en 1920, Ievgueni Zamiatine annonce 1984 d’Orwell et pose les mots sur tous les totalitarismes qui prétendent faire le bien des peuples malgré eux en planifiant toute vie humaine en une fonction utilitaire et uniforme. Un siècle plus tard, cette fiction semble inspirer certaines logiques administratives bien réelles.

En France, après nous avoir expliqué ce que nous devions manger, comment nous devions nous chauffer l’hiver et nous rafraîchir l’été, la manière dont nous devions nous déplacer, ou qu’il était possible de porter nos vêtements plusieurs jours avant de les laver, voilà que l’administration s’inquiète… de la taille de notre salon. Estimons-nous heureux de ne pas avoir à lui ouvrir notre chambre à coucher ! L’Insee vient en effet de publier une étude expliquant qu’un quart des ménages occuperaient des logements «trop grands» par rapport à leurs «besoins». «Trop grands» selon qui ? Et ces fameux «besoins», qui les définit ? Une direction générale anonyme qui ne rend jamais de comptes à personne ? Un comité d’experts qui ignorent tout de la vie réelle des Français, de leurs choix, de leurs sacrifices pour acquérir leur logement ? On en vient à craindre de voir surgir une Direction Générale du Logement Standard, secondée par le Comité Suprême de l’Appartement Nécessaire, en lien avec des comités de voisinage chargés de vérifier si votre séjour dépasse la surface jugée «adéquate».

La suite réservée aux abonnés

Sommes-nous devenus à ce point soumis que nous trouvions normal que des technocrates, armés de tableurs Excel, prétendent décider mieux que nous de l’espace qu’il nous « faut » pour vivre ?