L’accord de Bougival : un pari immensément risqué - Par Eric Descheemaeker


LE MOT DE MECHANT REAC 

"L’accord de Bougival est un chef-d’œuvre d’ambiguïté diplomatique. Il offre à chacun ce qu’il veut entendre, mais reporte les véritables décisions. Il ne règle rien de manière définitive, mais mise sur l’évolution du contexte pour trancher le débat. C’est une course contre la montre : si les loyalistes réussissent leur pari, la Nouvelle-Calédonie restera française malgré les symboles concédés. Sinon, le processus mènera inévitablement à la naissance d’un État indépendant, reconnu sur la scène internationale.

Dans tous les cas, cette situation constitue une expérimentation juridique et politique sans précédent. L’espoir subsiste, mais le pari est immense.

Laurent Sailly"

L’accord de Bougival : un pari immensément risqué 
Par Eric Descheemaeker

Eric Descheemaeker, observateur de longue date du dossier calédonien, livre ici ses réactions à chaud après l’annonce de la conclusion d’un accord sur la Nouvelle-Calédonie à Bougival (Yvelines), samedi 12 juillet. Selon lui, cet accord ne se peut se défendre d’un point de vue pro-français que comme manière de gagner du temps pour « refranciser » l’archipel du Pacifique.

Comme l’accord de Nouméa, mais de manière bien pire encore, l’accord de Bougival repose sur une ambiguïté fondamentale destinée à satisfaire tout le monde, en fonction de la manière dont on le lit.

Il crée en effet, selon ses propres termes, un « État de la Nouvelle-Calédonie » qui « pourra être reconnu par la communauté internationale » (une version antérieure disait « aura vocation à »). Cet État sera doté de sa propre « nationalité », calédonienne. Mais il est censé rester « au sein de l’ensemble national » et son statut, toujours selon l’accord, être « inscrit dans la Constitution » française.

Globalement, les compétences régaliennes restent exercées par la France, mais la Nouvelle-Calédonie pourrait exiger leur rapatriement si une large majorité s’exprimait en ce sens.