Laurent Malvezin - «De l’Ukraine à Taïwan, nous devons réhausser notre niveau de jeu contre Pékin»


LE MOT DE MECHANT REAC®

Alors que la Chine intensifie ses manœuvres militaires autour de Taïwan, l’Europe est confrontée à une montée des tensions géopolitiques.

Laurent Malvezin est chercheur associé à l’Institut Thomas More.

Le ministre japonais conteste l’image de Pékin comme stabilisateur régional, soulignant son agressivité militaire. Taïwan a mobilisé plus de 20 000 soldats lors d’exercices défensifs. En parallèle, la Chine soutient implicitement la Russie, refusant sa défaite pour préserver son influence stratégique. Face à cette guerre hybride, l’Union européenne doit repenser ses relations commerciales avec Pékin, en intégrant des conditions sécuritaires strictes. L’auteur propose un audit national des relations avec la Chine, à l’image du Royaume-Uni, pour mieux encadrer les investissements étrangers. Il appelle à une régulation européenne inspirée des traités de non-prolifération, visant à rétablir un équilibre stratégique. L’objectif final : une unité européenne capable de contrer les politiques chinoises du fait accompli et de défendre collectivement la sécurité et les valeurs du continent.
Laurent Sailly

Laurent Malvezin
«De l’Ukraine à Taïwan, nous devons réhausser notre niveau de jeu contre Pékin»

La paix et la stabilité en Asie et en Europe n’ont jamais été si interconnectées. Le 11 juillet dernier, les ministres des Affaires étrangères asiatiques se sont réunis à Kuala Lumpur en Malaisie à l’occasion du quinzième Forum de l’Asie de l’Est. Wang Yi, le ministre chinois des Affaires étrangères, a voulu imposer l’image d’une Chine garante de la stabilité régionale mais n’a pas convaincu tout son auditoire – en particulier le ministre japonais qui prévient : les manœuvres militaires de la Chine autour de Taïwan sont incompatibles avec ce double objectif affiché de stabilité et de paix. Deux jours auparavant, Taïpei avait entamé ses exercices annuels visant à anticiper une opération d’envergure contre son territoire. Plus de 20 000 soldats étaient engagés – un niveau inédit d’engagement.

L’imminence de la tenue du Forum et le climat de tensions croissant dans la zone ont probablement joué un rôle dans le report de deux discours du président taïwanais à la nation, prévus durant la première quinzaine de juillet, dont l’un concernait les relations avec la Chine. Il aurait pu servir de prétexte à Pékin pour déclencher de nouvelles manœuvres d’intimidation et de simulation d’invasion ou de blocus de l’île. Le questionnement du ministre japonais sur le rôle prétendument stabilisateur de la Chine en Asie fait écho à celui entourant la politique poursuivie par Pékin sur le continent européen.