Le défi de la natalité : Une enquête d'opinion franco-italienne - Par la Fondapol et la Fondazione Magna Carta
Le vieillissement rapide des populations française et italienne et la baisse continue des naissances ne sont plus des tendances abstraites : ce sont des réalités aux conséquences profondes sur nos sociétés. Cette enquête conjointe de la Fondapol et de la Fondazione Magna Carta vise à dépasser le simple constat afin d’identifier des leviers d’action. En s’appuyant sur l’écoute des citoyens, elle explore le lien entre désir de parentalité, conditions de vie et perception de l’avenir, avec un objectif clair : proposer des pistes concrètes pour répondre à une crise qui menace la pérennité de nos systèmes sociaux, de nos territoires et du lien intergénérationnel.
L’enquête révèle un clivage net entre la France et l’Italie. Si le désir d’enfants persiste en France, notamment grâce à un environnement institutionnel plus favorable, l’Italie, confrontée à un sentiment d’abandon et à des difficultés structurelles, voit une part croissante de sa population renoncer à la parentalité. Ce renoncement n’est pas une fatalité : il est le fruit d’obstacles économiques, professionnels, symboliques. Ce qui est en jeu, c’est la capacité de nos sociétés à rendre de nouveau envisageable – et désirable – le fait d’avoir des enfants.
Les personnes interrogées expriment des attentes claires. En France, les répondants privilégient les solutions permettant de concilier travail et vie familiale : crèches, horaires flexibles, télétravail. En Italie, ce sont plutôt les aides financières (allocations, soutien à l’accès au logement, avantages fiscaux) qui arrivent en tête. L’immigration, parfois présentée comme une réponse au déficit démographique, divise profondément les opinions dans les deux pays. Ce panorama traduit également une conscience partagée : sans un engagement fort des pouvoirs publics et du monde économique, le déclin démographique se poursuivra.
En replaçant la parentalité au cœur du débat, cette enquête invite à une réponse politique ambitieuse, adaptée aux spécificités de chaque pays. Ce n’est qu’en agissant simultanément sur les conditions de vie, la reconnaissance sociale du rôle des parents et l’égalité des chances entre les territoires que pourra s’amorcer un vrai sursaut démographique.
Cette étudee st disponible en versions papier et numérique en français.
Dominique Reynié : « La baisse de la natalité reflète un désir empêché plutôt qu’un rejet de la parentalité »
Par Agnès LeclairENTRETIEN - Le professeur à Sciences Po et directeur général de la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol) appelle à renouer d’urgence avec une « véritable politique publique de soutien aux naissances ».
LE FIGARO. - La crainte d’un déclin de la population française est-elle justifiée ?
Dominique REYNIÉ. - Oui. Ce déclin provoque une angoisse diffuse dans notre société. Il n’y a rien de plus triste que de voir sa nation vieillir et sembler disparaître. Moins de naissances, cela veut dire moins de femmes capables de procréer demain. C’est une spirale. Nous compterons bientôt plus de décès que de naissances. Est-ce l’extinction de notre communauté historique, culturelle, politique ? Notre étude montre cependant qu’il y a des raisons d’espérer. Le désir d’enfant ne décline pas. Si les Français font moins de bébés, ce n’est pas faute d’en vouloir. Une population dont les jeunes souhaitent avoir des enfants, c’est une force. La baisse de la natalité reflète donc un désir empêché plutôt qu’un rejet de la parentalité.
Pourquoi les Français font moins d’enfants malgré le désir de parentalité ?
Par Agnès LeclairEXCLUSIF - L’envie de faire des bébés résiste. Selon une étude réalisée par la Fondapol, alors que la natalité est en berne, 70 % des moins de 35 ans disent vouloir devenir parents.
La France a beau être un pays qui comptera bientôt plus d’enterrements que de naissances, le désir d’enfants n’y faiblit pas. En contradiction avec les chiffres moroses de la démographie, 70 % des Français de moins de 35 ans qui n’ont pas d’enfant disent souhaiter devenir parents, dans une enquête de la Fondapol, « Le défi de la natalité » (1) menée en collaboration avec la Fondazione Magna Carta pour l’Italie. Ce pourcentage continue de grimper chez les jeunes de cette tranche d’âge qui sont déjà parents. La famille avec un enfant unique ne s’est pas imposée comme modèle puisque 75 % d’entre eux expriment le souhait d’avoir encore un ou plusieurs autres bébés.
Si la parentalité continue de faire rêver la jeunesse, leurs projets de famille sont cependant revus à la baisse au fil du temps. Ainsi, seulement 42 % des 35-49 ans sans enfant souhaitent en avoir. Et un quart des parents de ces âges espèrent en avoir d’autres.