«Les demandes d’asile doivent être traitées dans les pays d’origine ou de transit» - Par Kaare Dybvad Bek
Les principes sur lesquels repose le système d’asile européen actuel sont empreints d’humanisme, mais ses conséquences réelles ne le sont absolument pas, explique Kaare Dybvad Bek, ministre danois de l’Immigration, au moment où son pays prend la présidence du Conseil de l’UE.
Lorsque j’ai visité l’île italienne de Lampedusa en début d’année, des agents de Frontex, qui assistent les autorités locales au centre d’accueil, m’ont expliqué que la route la moins coûteuse pour les ressortissants bangladais souhaitant rejoindre illégalement l’Europe passait par la Libye. De là, le voyage se poursuit vers l’Italie. Coût du « forfait » : environ 9000 euros.
Des passeurs cyniques réalisent ainsi d’importants profits en organisant ces itinéraires clandestins vers l’Europe. Et des milliers de personnes y laissent la vie. J’ai rencontré les gardes-côtes italiens et grecs et recueilli leurs témoignages bouleversants. Presque chaque jour, ils repêchent des corps sans vie dans la mer.
L’année dernière, les ressortissants du Bangladesh formaient le principal groupe de demandeurs d’asile en Italie. La grande majorité d’entre eux sont des migrants économiques, qui n’ont pas besoin de protection, mais qui ont quitté leur pays d’origine dans l’espoir de trouver un emploi en Europe. Ce n’est pas un hasard si tant de jeunes hommes célibataires débarquent sur les côtes européennes, tandis que les femmes, les enfants et les personnes âgées restent au pays.
«L’Europe doit se rendre compte que le système est à bout de souffle»