Nicolas Baverez : « Énergie, la faillite du pseudo-État stratège »
La France est devenue un rentier nihiliste, dilapidant l’héritage des générations passées et sacrifiant systématiquement les enjeux d’avenir à des objectifs de très court terme. Par Nicolas Baverez.
Le 24 juin, l’Assemblée nationale, dans un Hémicycle déserté, a rejeté la proposition de loi du sénateur Daniel Grémillet portant sur les grandes orientations du système énergétique français dans la perspective de la décarbonation de l’économie à l’horizon 2050. Elle avait été amendée pour intégrer un moratoire sur le développement des énergies éoliennes et solaires ainsi que le redémarrage de la centrale de Fessenheim.
Ce nouvel échec d’un texte dénaturé de son objet illustre la crise aiguë de nos institutions et le blocage de la décision publique depuis la dissolution insensée de juin 2024. Il acte également la faillite de la politique énergétique qui constituait l’un des atouts majeurs de notre pays. Et ce alors qu’elle conditionne la réindustrialisation, la révolution numérique, la transition écologique et la souveraineté de la nation, ainsi que l’ont montré les guerres d’Ukraine et du Moyen-Orient. Le moment est d’autant plus critique que l’Union européenne programme l’arrêt complet des livraisons de gaz russe en 2027 – y compris le GNL, dont la France est le premier importateur.
Loin de clarifier la situation, le gouvernement achève de la rendre absurde et insoutenable. Dans la forme, il entend contourner la compétence du Parlement en adoptant par décret durant l’été la programmation pluriannuelle de l’énergie, alors que ce texte est censé être la mesure d’application d’une loi qui n’a jamais été votée. Pour l’heure reste en vigueur la loi suicidaire du 21 avril 2020 qui organise la décroissance de la consommation et de la production et planifie la fermeture de 14 réacteurs nucléaires.
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