Pierre Lellouche : «Sur l’Iran, l’affichage du droit par les Européens n’est rien d’autre que le cache-sexe de leur faiblesse»
Après les bombardements israéliens en Iran, l’Europe a poussé des cris d’orfraie en invoquant le « droit international ». Pour Pierre Lellouche, il aurait mieux valu qu’elle s’efforce de comprendre la réalité du danger que représente le nucléaire iranien.
L’ancien ministre Pierre Lellouche a notamment publié « Engrenages. La guerre d’Ukraine et le basculement du monde » (Éditions Odile Jacob, 2024).Pour les avoir abondamment pratiqués au cours de leur longue histoire, les Européens d’aujourd’hui, repus, vieillissants et fatigués, n’aiment plus les guerres préventives… À la seule exception du chancelier Merz, qui a eu le courage de dire qu’Israël « faisait le sale boulot pour les autres », c’est-à-dire pour nous, en bombardant les installations nucléaires iraniennes. Les Européens ont préféré se réfugier derrière la règle de droit qui n’autorise l’emploi de la force que sur la décision du Conseil de sécurité, ou en cas de menace imminente justifiant la légitime défense. La morale, plutôt que la Realpolitik.
Chez nous, d’éminents éditorialistes, des ambassadeurs couverts d’honneur, sans parler bien sûr des porte-parole de la gauche et de l’extrême gauche devenue islamo-gauchiste, se sont donc exprimés pour dénoncer d’une même voix la violation flagrante du droit international que représentaient à leurs yeux les bombardements israéliens des sites nucléaires iraniens à partir du 13 juin. La même réprobation, bien que plus discrète, s’appliquant au raid de l’US Air Force sur Fordo, dans la nuit du 21 au 22 juin.
« La justice sans la force est impuissante », disait Pascal, « mais la force sans la justice est tyrannique ».