Sexe, genre et éducation sexuelle : quand l’Etat se prend les pieds dans le tapis des revendications militantes - Par Christian Flavigny
Défendre le principe du respect des individus dans les enseignements scolaires, quels que soient leurs orientations sexuelles ou leur structure familiale est essentiel. Céder à l’idéologie au mépris de la biologie ne l’est pas.
Christian Flavigny est pédopsychiatre, psychanalyste, directeur de recherche à l’Institut Thomas More et auteur de La querelle du genre, PUF 2012 (récit détaillé de la genèse de la notion de “genre”) ; Aider les enfants transgenres – contre l’américanisation des soins aux enfants, Téqui, 2021 ; Comprendre le phénomène transgenre – la solution par la culture française, Ellipses, 2023
Atlantico : Qu'entend-on par la notion de "sexe biologique" ? Pourquoi y opposer le "genre" comme le fait le ministère de l'éducation nationale ?
Atlantico : Qu'entend-on par la notion de "sexe biologique" ? Pourquoi y opposer le "genre" comme le fait le ministère de l'éducation nationale ?
Christian Flavigny : Tout simplement le fait que nous avons un corps sexué ; l’enfant le sait très tôt : il y a des garçons et des filles. Cela anime ses questionnements : pourquoi ? La seule réponse qu’il parvient à se faire à ce qui est pour lui une énigme, est que son père fut un petit garçon dans son enfance (ses grands-parents le lui racontent), sa mère une petite fille. C’est donc cela : quand petit garçon on devient un papa, quand petite fille on devient une maman, ensemble on peut faire des enfants. Bingo ! Il y a deux sexes parce que c’est comme cela que viennent les enfants. Reste la question qui agite l’enfant : comment petit garçon devient-on un papa ; petite fille, une maman ?
La voie qu’explore l’enfant est de s’identifier au parent de même sexe que lui, de le prendre pour repère, d’en dégager ce que pourrait bien être la masculinité, qui, garçon, caractérise leur sexe commun : le masculin ; ce que peut être la féminité, qui, fille, caractérise leur sexe commun : le féminin. C’est la voie pour s’approprier le masculin, le féminin. Mais on le sait, le processus est complexe car du masculin ou du féminin à l’état pur, cela n’existe pas. L’enfant s’interroge, sur fond d’une question existentielle pour lui : est-ce que comme petit garçon/comme petite fille, que je réponds au mieux aux attentes qui étaient les leurs ? Parfois la réponse qu’il se fait est prise dans des tiraillements, parfois il teste ce que serait être de l’autre sexe, parfois il l’imagine. Il arrive que cela le hante ; si cela insiste (parfois dès l’enfance, c’est rare mais c’est possible ; le plus souvent avant ou lors de l’adolescence), alors il y a un malaise identitaire dont il faut se préoccuper : le pédopsychiatre peut aider à démêler les questionnements, ceux des parents, ceux de l’enfant, qui s’entremêlent.
Le plus souvent les enfants grandissent à l’écart de l’autre sexe, voire aimablement le dénigrent : les filles c’est bête, les garçons c’est vantard. Cela fait partie de la vie de famille, entre frères et sœurs. C’est que la construction identitaire et l’appropriation du repère masculin/féminin sont en cours ; ils se confortent en groupes de sexe, séparés sur la cour de récréation.
Le ministère de l'éducation nationale depuis maintenant de nombreuses années relaie la thèse nord-américaine du gender ; or cette thèse ne connaît pas le processus d’appropriation de l’identité sexuée, ce qui l’amène à schématiser la question sexuée en deux aspects qui seraient indépendants : le corporel (le “sexe biologique”) et le psychologique (le gender, mal traduit en français par “genre”) : comme s’ils étaient sans relation à établir l’un avec l’autre - sinon la domination que le second impose sur le sexe corporel, avec le pouvoir qu’il aurait de dire qu’il ne pas correspond pas, qu’il y a erreur : “l’autodétermination de genre” reflète en psychologie l’individualisme nord-américain et l’immaturité psychologique d’une culture hantée par l’attitude normative qu’elle a historiquement entretenue à l’égard des “minorités sexuelles”, dont elle tente de se racheter aujourd’hui par cette thèse qui a permis auxdites minorités de s’affirmer socialement.