L’immigration tunisienne en France : une croissance rapide qui pose question - Une note de l'OID


Le mot de Méchant Réac ® - Par Laurent SAILLY

Une note de l’Observatoire de l’immigration et de la démographie retrace l’histoire de l’immigration tunisienne, dont la croissance est aujourd’hui supérieure à celle du Maroc et de l’Algérie.
Cette dynamique s’inscrit dans le cadre d’accords bilatéraux visant à promouvoir une « immigration choisie », favorisant les arrivées pour motifs économiques. Toutefois, ces objectifs sont partiellement atteints : en 2024, 38,3 % des titres de séjour sont délivrés pour raisons familiales, contre 35,7 % pour motifs professionnels.
L’intégration économique reste difficile : 34,8 % des Tunisiens de plus de 15 ans ne sont ni en emploi, ni en études, ni à la retraite contre 12,6 % des Français.
Par ailleurs, la coopération avec la Tunisie pour les expulsions de sans-papiers est limitée, malgré un nombre élevé d’interpellations. L’absence de conditionnalité dans les accords et les contraintes juridiques françaises affaiblissent leur efficacité, remettant en cause le modèle d’immigration régulée voulu par la France.


L’immigration tunisienne en France : une croissance rapide qui pose question

Le 15 août 2024, à l’occasion des commémorations du 80ème anniversaire du débarquement de Provence à Saint-Raphaël, le ministre tunisien des Affaires étrangères, Nabil Ammar, a transmis au président Emmanuel Macron les salutations du président Kaïs Saïed, réitérant la volonté de la Tunisie de renforcer ses relations avec la France. Emmanuel Macron a, de son côté, exprimé sa gratitude et affirmé l’engagement de la France à consolider le partenariat entre les deux pays.

Ce moment de cordiale diplomatie est intervenu après une période de plusieurs mois difficiles, au cours desquels les deux pays ont connu des tensions croissantes. En effet, en septembre 2021, la France avait réduit de 30% l’octroi de visas aux ressortissants tunisiens1, en raison de la réticence de la Tunisie à délivrer des laissez-passer consulaires pour la réadmission de ses ressortissants en situation irrégulière. Cette décision prise unilatéralement par la France a été vivement critiquée outre-Méditerranée, avant d’être assouplie un an plus tard.

Cet épisode récent de la relation franco-tunisienne révèle, à bien des égards, les tensions qui s’exercent autour du sujet migratoire entre la Tunisie et la France – ainsi que les limites des accords bilatéraux en vigueur dans cette matière. Peuplée de 12 millions d’habitants seulement, la Tunisie est le quatrième pays d’origine des immigrés2 et représente la troisième nationalité titulaire d’un titre de séjour en cours de validité3 en France.

Elle constitue un sujet d’études pertinent car la diaspora tunisienne en France, bien que moins médiatisée que ses équivalentes algériennes et marocaines, s’est considérablement développée au fil des ans, bénéficiant depuis longtemps d’un cadre juridique dérogatoire du droit commun.