J'ai lu et aimé : "Ne faites plus d'études" de Laurent Alexandre & Olivier Babeau - Par Laurent Sailly


Le mot de Méchant Réac® - Par Laurent SAILLY

Dans un essai choc paru le 16 octobre dernier, « Ne faites plus d’études. Apprendre autrement à l’ère de l’IA » (Buchet-Chastel), Laurent Alexandre et Olivier Babeau font le constat glaçant de l’obsolescence de l’enseignement supérieur face à la percée de l’IA. En effet, ces bouleversements ne sont pas encore pris en compte dans la formation en France. Or il ne s’agit pas de refuser l’IA, mais de comprendre ce qui est en train de changer afin de s’y adapter.

Chirurgien urologue, énarque et essayiste, Laurent Alexandre est le fondateur de Doctissimo et de plusieurs entreprises high-tech.
Economiste, professeur d’université et président-fondateur de l’institut Sapiens, Olivier Babeau a signé plusieurs livres dédiés à la révolution du numérique.

Laurent Alexandre et Olivier Babeau, alertent sur une crise silencieuse de l’emploi des jeunes à l’ère de l’intelligence artificielle (IA). L’automatisation croissante des tâches d’entrée de carrière prive les jeunes diplômés d’un « sas d’apprentissage » essentiel à leur montée en compétence. Désormais, le diplôme ne garantit plus l’employabilité, car les compétences certifiées sont rapidement imitables par des agents logiciels. L’université, jugée trop lente, ne parvient plus à suivre le rythme effréné de l’évolution technologique.

Les auteurs évoquent une « immigration cognitive » : des IA bon marché et infatigables remplacent discrètement les jeunes diplômés dans de nombreux secteurs, comme le conseil. Ce phénomène risque d’engendrer une crise sociale majeure, qualifiée de « gilet-jaunisation cognitive » d’ici 2030, si les jeunes n’acquièrent pas d’expérience pratique et restent entourés d’outils puissants sans savoir les maîtriser.

Pour répondre à ce défi, ils appellent à repenser l’apprentissage et le travail. Les jeunes doivent devenir des « orchestrateurs d’intelligence », capables de piloter et chaîner les IA. Les entreprises doivent confier aux juniors des missions où l’IA assiste sans étouffer l’initiative, tandis que l’université doit privilégier l’orchestration à la simple transmission des savoirs. Ils insistent aussi sur la nécessité pour l’Europe de développer une infrastructure numérique souveraine.

Le livre avance une thèse provocatrice : l’enseignement supérieur devient obsolète face à l’essor de l’IA. Les diplômes perdront rapidement leur valeur, car les compétences devront être actualisées en permanence. L’IA provoque une « glaciation cognitive » : l’intelligence devient une commodité banalisée. Face à ce « grand remplacement cognitif », il faut privilégier les compétences évolutives, l’apprentissage continu, et miser sur le capital humain. Les qualités humaines telles que le réseau, la confiance et l’intuition relationnelle deviendront des atouts majeurs, car elles restent difficilement imitables par les machines. Ce livre invite à repenser en profondeur notre rapport à l’éducation, à l’intelligence et à la valeur humaine dans un monde dominé par l’IA.


Ne faites plus d'études