J'ai lu et aimé : « Inside DZ Mafia » (Éditions Arthaud) de Jean-Michel Verne - Par Laurent Sailly
Le mot de Méchant Réac® - Par Laurent Sailly
Jean-Michel Verne, journaliste et consultant spécialisé dans le domaine police-justice, publie une enquête au cœur du gang narco-mafieux « Inside DZ Mafia » (Éditions Arthaud). Au lendemain de l’assassinat du frère cadet d’Amine Kessaci, militant marseillais engagé contre le narcotrafic, ce crime peut être perçu comme un révélateur de la montée en puissance de ce cartel.
La DZ Mafia est une organisation criminelle née officiellement à Marseille en mars 2023. Elle s’est rapidement imposée comme la plus redoutée en France, marquant une rupture avec le narcobanditisme traditionnel pour adopter des méthodes de narcoterrorisme. Son objectif dépasse le trafic de stupéfiants : il s’agit d’instaurer la peur, de contrôler la population et l’économie locale, avec des ambitions politiques.
La DZ Mafia fonctionne comme un cartel, sans chef unique, mais avec une coordination transnationale (Algérie, Maroc, Dubaï). Elle regroupe des spécialistes de l’approvisionnement, de l’extorsion et du blanchiment d’argent. L’ultraviolence est sa marque de fabrique, avec des tueurs de plus en plus jeunes, parfois âgés de 14 ou 15 ans, formés rapidement, et des femmes jouant un rôle croissant dans les opérations.
L’organisation s’étend au-delà de Marseille (Nice, Nîmes, Valence, Hyères, Dijon) et combine deux stratégies : conquête de points de deal et “prestations de services” (fusillades, extorsion, tueurs à gages). L’utilisation d’applications cryptées comme Sky ECC a révélé l’ampleur de son réseau transnational.
Face à cette menace, l’État français tente de réagir (superprisons, parquet anticriminalité organisée, réforme du statut de repenti), mais les mesures sont insuffisantes, notamment contre le blanchiment d’argent. L’Office anti-stupéfiants considère désormais la DZ Mafia comme une “menace majeure”.
Le narcotrafic, concentré sur les ports français, gangrène la politique, l’économie et le social. La démocratie est menacée si l’État ne réagit pas par des démantèlements massifs et une lutte renforcée contre ces réseaux. Des soupçons d’ingérence dans les élections municipales et une corruption généralisée inquiètent les institutions, comparant la situation à la Sicile des années 1990.

