J'ai lu et aimé : « La vérité sur les COP : trente ans d’illusions » de Samuel Furfari - Par Laurent Sailly
Dans son dernier opus « La vérité sur les COP [NDLR : Conference of Parties] : trente ans d’illusions » (Editions L'Artilleur), Samuel Furfari, ingénieur et ancien haut fonctionnaire à la Direction de l’énergie de la Commission européenne, s’appuie sur ses 36 ans d’expérience pour dévoiler les coulisses et les enjeux diplomatiques de ces rendez-vous mondiaux, organisées chaque année depuis 1995 pour lutter contre le réchauffement climatique.
Selon l’auteur, les COP sont devenues des « grandes messes internationales » où la communication et les déclarations solennelles priment sur l’action concrète. Malgré la multiplication des conférences et l’intensification des actions militantes, les émissions mondiales de CO₂ ont augmenté de 65 % depuis le sommet de Rio en 1992. Furfari estime que ces réunions n’ont pas permis d’obtenir des résultats tangibles et que l’absence de mécanismes d’évaluation et de mesures contraignantes limite leur efficacité.
L’ancien haut fonctionnaire dénonce l’instrumentalisation politique des COP, notamment en Europe, où les dirigeants cherchent à renforcer leur image écologique. Il critique également le rôle des ONG et la stratégie de décarbonation européenne, jugée destructrice pour l’industrie et l’agriculture, sans effet significatif à l’échelle mondiale. Il met en lumière la fracture croissante entre pays du Nord et du Sud, ces derniers rejetant les politiques climatiques occidentales perçues comme néocoloniales. Les dernières COP, organisées dans des pays producteurs d’hydrocarbures, ont recentré les débats sur le développement humain.
Samuel Furfari retrace l’histoire complète des COP, en analysant les moments clés comme la fausse avancée de Kyoto, l’échec de Copenhague et l’Accord de Paris. Il évoque le rôle de l’Allemagne et d’Angela Merkel, l’influence du pape avant la COP21, et la résistance du charbon en Pologne. Il souligne que le principe de « responsabilités communes, mais différenciées » exonère les pays en développement de toute contrainte chiffrée, ce qui permet à la Chine, premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, d’augmenter ses émissions alors que l’Union européenne sacrifie son industrie.
L’ingénieur insiste sur la méconnaissance de la notion d’énergie dans les débats climatiques. Il rappelle que l’énergie est essentielle à la prospérité et critique le rejet du nucléaire, qu’il considère comme la seule alternative viable aux énergies fossiles. Les investissements massifs dans les énergies renouvelables auraient, selon lui, provoqué des perturbations sur le réseau électrique et une hausse des prix.
Enfin, Samuel Furfari observe un tournant lors des dernières conférences, où les entreprises énergétiques ont pris le pas sur les activistes dans les prises de décision. Il espère que la COP30 marquera la fin d’un cycle, estimant que les pays du Sud ne peuvent accepter de sacrifier leur développement pour des objectifs climatiques dictés par l’Occident. Il reste cependant sceptique sur la capacité des COP à sortir de ce « cirque » diplomatique qui profite à de nombreux acteurs.

