Emmanuel Lincot : « Pour la Chine, la France apparaît aujourd’hui comme un pays “has been” »


Le mot de Méchant Réac® - Par Laurent Sailly

Emmanuel Lincot, professeur à l’Institut catholique de Paris et directeur de recherche à l’Iris, souligne l’absence d’illusions sur la capacité française à infléchir Pékin. La Chine domine désormais les secteurs stratégiques, des terres rares aux véhicules électriques, et l’Europe peine à réagir de manière cohérente. Les divergences internes, notamment entre la France et l’Allemagne sur l’automobile, rendent difficile une réponse commune, même si des convergences pourraient émerger sur l’intelligence artificielle et les technologies de pointe. L’idée d’un protectionnisme massif est irréaliste : les interdépendances économiques sont trop fortes et l’Europe accuse un retard dans la sécurisation d’approvisionnements alternatifs.
Sur le plan géopolitique, la France seule n’a aucun poids face à Pékin. Lincot insiste sur la nécessité de coalitions, y compris avec des partenaires extra-européens comme le Japon ou la Corée du Sud. L’Europe est prise en étau entre l’« America First » et l’axe Pékin-Moscou, tandis que la Chine continue de soutenir la Russie dans le conflit ukrainien.
Enfin, Lincot estime que Pékin perçoit la France comme une nation « has been » : archaïque, désorganisée et économiquement affaiblie. Les atouts traditionnels (nucléaire, siège au Conseil de sécurité, héritage gaullien) ne suffisent plus. La Chine, innovante et normative, révèle le déclassement français et européen.

Emmanuel Lincot
« Pour la Chine, la France apparaît aujourd’hui comme un pays “has been” »