J'ai lu et aimé : "Tout l’or du monde" d’Anne de Guigné - Par Laurent Sailly


Le mot de Méchant Réac® - Par Laurent Sailly

Dans "Tout l’or du monde", Anne de Guigné montre que la littérature, de l’Antiquité à nos jours, éclaire notre compréhension de l’économie en révélant à la fois ses tensions, ses contradictions et son impact sur les sociétés, les individus et les valeurs. Un essai aussi tonique qu’instructif, original que passionnant !

La majorité des auteurs abordent l’économie avec méfiance, la percevant comme une contrainte ou un facteur d’isolement. Rousseau rejette le commerce et prône l’autosuffisance rurale, tandis que Dickens dénonce les conditions de travail et inspire des réformes sociales. Des écrivains contemporains comme Perec et Houellebecq décrivent l’aliénation liée à la consommation et à l’extension du marché.

Cependant, certains valorisent la puissance créatrice de l’économie : Zola célèbre l’élan vital de l’entrepreneur, Balzac illustre à la fois l’innovation et la corruption de l’argent, tandis que Casanova et Pétrone mettent en avant la dépense ostentatoire comme moteur social. Ayn Rand défend une éthique de l’égoïsme rationnel et glorifie l’entrepreneur comme héros moderne.

L’ouvrage souligne aussi l’exigence intellectuelle de nombreux romanciers, qui maîtrisent les théories économiques de leur temps. Stendhal étudiait Ricardo et craignait l’impact du capitalisme sur la capacité d’aimer, tandis que Dostoïevski contestait l’idéologie libérale.

Enfin, la littérature aborde des thèmes transversaux comme le travail, l’argent, les finances publiques ou la concurrence. Hésiode voyait dans le travail une bénédiction et une aliénation, Jack London décrivait l’usine comme abrutissante mais aussi comme vecteur de rédemption.

En conclusion, la littérature réduit souvent l’économie à une nécessité plutôt qu’à une force créatrice. Elle révèle une difficulté persistante de la politique à donner sens à la sphère économique, tout en valorisant l’amour et les idéaux comme leviers de transformation du monde.