Edmund Burke, le « Cicéron anglais »


Après le succès du précédent article consacré à Sir Roger Scruton, votre site Méchant Réac ! ® lance, en parallèle de la série sur l’histoire du Libéralisme, « les Lundis du Libéralisme », une série sur les grands conservateurs français et étrangers.

Edmund Burke est un homme politique et philosophe irlandais. Père du conservatisme et penseur libéral, Burke a également exercé une forte influence sur de nombreux philosophes tel Emmanuel Kant. Friedrich Hayek revendiquera avec force sa filiation intellectuelle. Né à Dublin (Irlande) en 1729, il est issu d’une famille déclassée du comté de Cork. Toute sa vie, il reste attaché à la religion anglicane de son père. Elève dans une école de quaker de Ballitore ; en 1744, il entre au Trinity College de Dublin (établissement protestant). Licencié en 1748, il part étudier le droit à Londres et entre au Middle Temple comme avocat.

Le premier ouvrage d’Edmund Burke parait en 1756 : « Coup d’œil sur les maux qu’a produits la civilisation ». Réponse parodique aux « Lettres sur l’étude de l’histoire » de Bolingbroke, Burke montre que les arguments de Bolingbroke contre la religion s’appliquent à n’importe quelles institutions humaines.

Le premier succès vient en 1757 avec la publication de la « Recherche philosophique de nos idées du Sublime et du Beau ». Il s’agit du seul ouvrage de philosophie théorique de Burke, lu à travers toute l’Europe et attirera même les attentions de Diderot et de Kant. Bien avant Freud, « Burke conçoit une opposition irréductible entre une expérience fondée sur l’amour, la communicabilité et l’aisance relationnelle et une expérience qui vise à tenir à distance et à maîtriser la terreur qui submerge le moi, lorsqu’il s’éprouve menacé dans son intégrité physique, psychologique ou morale. Si ces deux types d’expériences engendrent, certes, du plaisir, celui-ci est positif et immédiat dans le premier cas relatif et médiat dans le second (…) »*.

En mars 1757, il épouse Jane Mary Nugent. Ils auront deux enfants.

Rien ne prédestinait Burke à devenir membre du Parlement pendant 28 ans et à incarner, au jugement même du jeune Marx, le modèle de l’homme d’Etat. Rien, en effet, ne parlait en sa faveur : il n’était ni anglais, ni aristocrate, ni fortuné et sa femme et sa mère étaient catholiques. En 1758, il devient un des principaux chefs des Whigs et crée, avec Robert Dodsley, l’ « Annual Register », dont l’objet est d’analyser les évènements politiques internationaux. Membre du Literary Club à Londres, il se lie avec de nombreux intellectuels et artistes de premier plan. Au début des années 1760, il accompagne le vice-roi, Lord Halifax, en Irlande.

Secrétaire particulier et ami du marquis de Rockingham, premier lord de la Trésorerie en 1765, Burke est élu à la Chambre des Communes. Pourtant, il se range dans l’opposition. Il prendra une part active dans les débats sur la limitation constitutionnelle du pouvoir royal et dans le développement du rôle des partis.

En 1769, en réponse à Georges Grenville, Burke publie un pamphlet intitulé « L’état actuel de la nation ». L’année suivante, dans « Considérations sur la cause des mécontentements actuels », il soutient les revendications des colonies américaines contre le pouvoir britannique. Il défend également les catholiques irlandais face aux persécutions et dénonce la corruption da la Compagnie des Indes orientales.

Elu de Bristol en 1774, il défend dans une déclaration qu’il adresse à ses électeurs les principes de la démocratie représentative. Mais il se rendra impopulaire en défendant la liberté du commerce avec l’Irlande, ainsi que l’émancipation des catholiques. Il perd son siège en 1780 et prend alors le siège de la circonscription de Malton, dont Rockingham disposait à volonté.

Ses « Réflexions sur la Révolution française » (1790) va connaître, en Angleterre et dans toute l’Europe, un immense succès. Dans une suite de discours et d’articles, Edmund Burke va synthétiser pensée libérale modérée et conservatisme modéré. Au nom du libéralisme, il dénonce ceux qui, dans la Révolution française, voient une réédition des Révolutions anglaise et américaine. Selon lui, la Révolution française introduit dans l’Histoire une rupture par sa radicalité qui perturbe le cours et menace l’ordre mondial. Burke démontre qu’en 1688, la Glorious Revolution a restauré et relégitimé la monarchie par le lien assuré en 1689 par le Bill of Rights. Ainsi, le philosophe oppose les nouvelles institutions françaises à celles de l’Angleterre, la folie à la sagesse anglaise. Pour Burke, le devoir d’un peuple est de conserver ses traditions.

Burke rejette également le contrat social de Rousseau. Selon lui, en effet, la légitimité d’une constitution se fonde sur la prescription, non sur la convention. Ainsi, l’état naturel n’est autre que la vie en société, celle-ci parvenant graduellement à la civilisation. Les révolutionnaires français ont, par leur approche théorique des réformes à mener, ont déchiré cet état naturel, en coupant la société de toutes les racines historiques. Burke considère comme impératif de préserver la hiérarchie sociale, de modérer la participation politique et de se conformer à la tradition.

Burke voit dans les droits de l’homme une fausse théorie qui a fait oublier la prise en compte des droits des gens, notions inscrites dans le réel. Celui-ci distingue (comme Grotius) entre droits naturels et droits civils. Les premiers sont les droits qu’a chacun de disposer de lui-même ; les seconds résultant d’une convenance. C’est cette confusion qui fait dire à Burke que la déclaration de 1789 fait état de « faux droits ».

Pour Edmund Burke, l’utopie démocratique fondée sur le dogme de l’égalité est absurde. En réduisant les individus à une simple équivalence arithmétique, l’utopie démocratique casse les liens historiques. Burke, ferme opposant de l’absolutisme, regrette le tournant pris par la Révolution française dès septembre 1789 avec le refus du bicaméralisme et les massacres des journées d’octobre 1789. Burke dénonce la transgression généralisée de la Révolution française qui ne peut conduire qu’au chaos et à la tyrannie (Terreur de 1790). « De fait, Burke n’est pas un démocrate et se réclame même d’Aristote pour souligner la ressemblance frappante » de la démocratie avec la tyrannie ».*

« Quoi qu'on puisse penser de ces positions et du pessimisme profond dont elles témoignent à l'égard de la nature humaine, les conseils politiques de Burke ne sauraient manquer de toucher tout homme avisé. Il importe de ne se pencher « sur les défauts de l'État que comme sur les blessures d'un père, dans la crainte et le tremblement », car on ne saurait toucher à une partie d'un organisme sans que cette action ne retentisse sur le tout. « Tout homme politique devrait sacrifier aux Grâces et unir l'aménité à la raison. Dans cette perspective, on ne saurait considérer Burke comme un simple réactionnaire, mais comme un libéral antirévolutionnaire, apôtre de réformes longuement méditées et expérimentées. Du sublime nul n'est maître, ne cesse-t-il de répéter. Aussi bien nous faut-il employer toute notre énergie à le reconnaître en son lieu, à dénoncer ses faux-semblants et à préférer toujours le lent travail de la douceur aux préjudices d'une violence, née d'un nouvel arbitraire. »*

Il meurt le 9 juillet 1797 à Beaconsfield (Grande-Bretagne).

Peu de livres ont eu une importance historique aussi grande, et une postérité aussi variée, que ces « Réflexions », présentées ici dans une traduction nouvelle. uvre de circonstance, elle est très vite au centre des polémiques de l'époque révolutionnaire et, au-delà, elle inspire toutes les grandes critiques de la philosophie du XVIIIe siècle : du conservatisme anglais au romantisme allemand et au traditionalisme des contre-révolutionnaires français.




Libéral anglais, que tout semblait disposer à accueillir favorablement la révolution, Burke, dès novembre 1790, prévoit, comme des conséquences inéluctables, la déposition du roi sinon son exécution, et la dictature militaire. La Terreur et la guerre ne feront que confirmer ses premières analyses, comme le montrent, avec une superbe éloquence, les textes qu'il consacra ensuite, jusqu'à sa mort en 1797, aux événements de France, et dont un choix abondant complète la présente édition.

Est-ce beau, est-ce sublime ? Pareille question ne surgit qu'au milieu du XVIIIe siècle et avec Burke. Le sublime cesse alors d'être le simple superlatif du beau : il en diffère quant à ses effets, ses moyens et ses principes. D'un côté, un plaisir simple, gratuit et immérité ; de l'autre un plaisir négatif, toujours issu d'une épreuve. Là, des qualités qui suscitent immédiatement l'amour : le délicat, le lisse, le rond, le clair, le doux. Ici, au contraire, des véhicules, dont l'emploi reste contingent et engendre une privation : le grand, le rude, l'aigu, l'obscur, l'âpre. Sensible au beau, je me socialise ; vulnérable au sublime, je suis entamé à vif, prends conscience du terrible et appréhende de nouveaux enjeux. Alors que le beau semble subsister par lui-même, le sublime ne cesse de poser la question du destinataire, car sa vocation est de " nous enflammer d'un feu qui brûle déjà dans un autre " (Recherche, V, 7).



*Baldine SAINT-GIRONS, « Burke Edmund (1729-1797), Encyclopaedia Universalis [en ligne], consulté le 10 octobre 2019. URL : http://www.universalis.fr/encyclopédie/edmund-burke/
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