Jean-Thomas Lesueur : «Face au terrorisme islamiste, nous devons mener une politique intégrale»
Jean-Thomas LESUEUR. - Je crains qu’on ne se précipite, tête baissée, dans un nouveau catalogue de mesures à caractère policier et judiciaire sans traiter en profondeur le terreau social, culturel et anthropologique sur lequel prospère l’islamisme. Non pas qu’il n’y ait rien à faire en matière de police et de justice: la réponse sécuritaire doit s’adapter à la menace et aux mutations de l’hydre islamiste bien sûr.
Mais je fais remarquer que, depuis les années 1990, la France a adopté près de cinquante normes (lois, décrets, ordonnances) à vocation sécuritaire et je ne sache pas qu’au-delà de la seule problématique du terrorisme, la sécurité des Français soit mieux assurée qu’il y a trente ans. À quoi il convient d’ajouter que tout cet arsenal n’est pas sans effet sur nos libertés. Je rappelle aussi que pendant les deux années que nous avons passées sous le régime de l’état d’urgence (du 14 novembre 2015 au 1er novembre 2017), on recense douze attentats, attaques ou tentatives d’attentats. Bref, j’ai peur qu’on fétichise un peu trop une approche sécuritaire nécessaire mais pas suffisante.