François Guizot, comptes et mécomptes du libéralisme en France - Par Laurent Theis
Il fut durant près de quatorze ans ministre de la monarchie de Juillet, au point de l'incarner tout autant que Louis-Philippe. Ministre de l'Intérieur, de l'Instruction publique, des Affaires étrangères et président du Conseil, François Guizot (1787-1874) s'attacha à promouvoir le libéralisme à l'intérieur, la paix à l'extérieur, et défendit les principes de la monarchie parlementaire contre les extrêmes en s'appuyant sur les classes moyennes. Ce bourgeois protestant attaché aux acquis de la Révolution était un homme de son temps, mais s'y cantonna jusqu'à l'immobilisme. Historien de formation, esprit brillant goûtant peu les coups d'éclat, il tenta de mettre en pratique ses convictions nées d'une étude attentive des systèmes démocratiques, anglais en particulier: faire régner la justice et le droit, et les défendre, non par la force, mais "par les moyens tranquilles et réguliers de gouvernement". Cela ne suffit pas: il fut renversé avec le roi en février 1848. Libéral se revendiquant conservateur, il représente la première expérience durable de gouvernement de drooite modérée depuis la Révolution.
EXTRAIT
"Je suis de ceux que l'élan de 1789 a élevés et qui ne consentiront point à descendre [...]. Né bourgeois et protestant, je suis profondément dévoué à la liberté de conscience, à l'égalité devant la loi, à toute les grandes conquêtes de notre ordre social [...]. J'entends cet ordre vrai et durable dont, pour durer elle-même et prospérer, toute grande société a besoin."
Publié en 1858, en tête du deuxième chapitre de ses Mémoires pour servir à l'histoire de mon temps, cette déclaration de François Guizot, qu'il rapporte à son entrée en politique sous la Restauration, fournit le trousseau élementaire des clés propres à entrer dans ses convictions et à suivre sa longue trajectoire. Il y deumera fermement attaché, pouvant écrire octogénaire:
"Chez moi rien ne passe, sauf les années."
Des années qui l'ont conduit de la fin de l'Ancien Régime, dans lequel il est né en 1787, jusqu'à l'orée de la IIIe République, dont il a compris avant sa mort en 1874 qu'elle étai irréversible.
Les Grandes figures de la Droite - Ouvrage collectif sous la direction de Jean-Christophe Buisson et Guillaume Tabard (mechantreac.blogspot.com)
Retrouvez la suite de ces portraits à compter du 1er août 2023