27 septembre 52 av. J.-C. : Alésia


Ce fut une formidable bataille et une terrible défaite. Après de longues semaines de siège et de famine, Alésia finit par tomber : les armées gauloises cèdent aux légions romaines et leur chef, Vercingétorix, se livre à César. C'est là, sur le mont Auxois, que s'achève l'indépendance gauloise. Et pourtant, l'événement n'aura cessé de résonner dans notre mémoire ; pendant des siècles on le célébrait comme l'origine d'une civilisation gallo-romaine enfin pacifiée. La déroute des Gaulois n'avait rien de prévisible ; Vercingétorix disposait de redoutables moyens militaires ; il commandait des forces considérables venues de toutes les contrées de la Gaule : sa stratégie ingénieuse aurait pu permettre d'emporter la victoire. Seulement, ses pouvoirs politiques étaient limités et ses troupes trop désorganisées, et mal entraînées, pour mettre en œuvre son plan : surtout, l'immense « armée de secours » qu'il avait réunie à Alésia disparut corps et biens à l'heure décisive de la bataille : le génie diplomatique de Jules César y était pour beaucoup. Si ce moment demeure une journée qui aura fait la France, écrit Jean-Louis Brunaux, c'est moins à Alésia même qu'il faut en chercher la raison que, bien en amont, dans l'histoire longue de la Gaule, de sa civilisation, de ses institutions, de ses mœurs politiques : elles seules peuvent faire comprendre comment tout un élan «national» a pu assembler la plupart des peuples de l'ancienne Gaule pour affronter les Romains. Alésia est ce miroir qui laisse entrevoir l'unité longtemps méconnue des nations gauloises. 


Le site de la bataille d'Alésia n'est pas en Bourgogne, mais dans le Jura, plaide Franck Ferrand.

Journaliste, écrivain et conférencier, Franck Ferrand consacre sa vie à l'Histoire. Il est l'auteur de nombreux ouvrages.

L'ouvrage collectif que je viens de préfacer, aux éditions Pygmalion, sous la direction de Danielle Porte, est de ceux qu'on a longtemps attendus, et qu'on déguste ligne à ligne, empli de gratitude envers les auteurs. Enfin, voici répertoriés tous les travers, tous les défauts, toutes les tares de l'Alésia officielle, sise en Bourgogne, en Côte-d'Or, sur la commune d'Alise-Sainte-Reine.
Depuis un siècle et demi - depuis que Napoléon III, par la grâce d'un décret impérial, a décidé que l'on situerait la victoire de Rome sur les Gaules en Bourgogne, dans le pays des anciens Eduens - de nombreux savants, dont certains de grand poids, se sont manifestés pour dénoncer au mieux une erreur, au pire une supercherie.
Leurs arguments sont de trois ordres :
- d'abord, ils font remarquer que le site bourguignon du Mont Auxois ne correspond en rien - en rien! - à la description détaillée qu'en donna Jules César, au Livre VII de sa Guerre des Gaules ;
- ensuite, ils soulignent les incohérences et les invraisemblances de ce site, trop petit, trop bas, trop ouvert, trop mal doté en eaux vives notamment ;
- enfin, ils rappellent que la conformation des lieux ne permet ni de situer, ni de comprendre les différentes étapes de l'affrontement censé s'y être livré, en 52 avant JC.
Qu'importe aux pontes de l'archéologie nationale ; il y a longtemps qu'ils ont fait fi de toutes ces critiques.
Depuis cinquante ans - depuis qu'un certain André Berthier a découvert, en plein Jura, dans le pays des anciens Séquanes, un site qui, lui, correspond en détail, trait pour trait, à la description fournie par César - les critiques à l'encontre du site bourguignon se sont faites plus pressantes.
Qu'à cela ne tienne: le mépris et la morgue des prétendus détenteurs du savoir n'ont fait que croître en proportion.
De sorte qu'à force de négliger les textes et de les modifier, de distordre les réalités du terrain et d'interpréter abusivement les résultats de fouilles orientées, on en est venu à présenter comme une vérité établie ce qui, pour un esprit exigeant, apparaît comme impossible: la mythique Alésia se situerait en Bourgogne. Et que cesse la polémique !
Seulement voilà: hélas pour les ennemis de la logique, certains chercheurs sont têtus. C'est le cas de la petite équipe de militaires, d'ingénieurs, d'hydrauliciens, de numismates réunis par Danielle Porte, l'une des meilleures latinistes de la Sorbonne. Avec ordre et méthode, minutieusement - mais non sans humour - ces amoureux des faits posent aujourd'hui plusieurs dizaines de questions dérangeantes aux partisans du «grand site national» d'Alise-Sainte-Reine ; ils prouvent au passage qu'il convient désormais d'aller chercher ailleurs les vestiges du siège et les traces de la bataille.
Tant pis pour le complexe touristique du MuséParc Alésia, bâti depuis quelques années au mauvais endroit, à grand renfort de fonds publics! Tant pis pour les innombrables ouvrages écrits sur de fausses bases, et pour les datations hasardeuses que cette errance aura suscitées !
L'essentiel, me semble-t-il, est que la vérité historique puisse enfin se faire jour.

Alésia, la supercherie dévoilée

de Collectif (Auteur), Danielle Porte (Sous la direction de)

Éditeur ‏ : ‎ PYGMALION (15 mai 2014)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 432 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2756414506
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2756414508
Poids de l'article ‏ : ‎ 440 g
Dimensions ‏ : ‎ 15.3 x 2.8 x 24 cm


Trois chercheurs répondent à notre chroniqueur Franck Ferrand qui affirment que le site d'Alésia n'est pas en Bourgogne, mais dans le Jura. Querelle d'historiens sur une bataille historique !

Jean-Louis Brunaux est directeur de recherche au CNRS, auteur de 27 septembre 52 av. J.-C. Alésia, Gallimard, 2012. Yann Le Bohec est professeur émérite à l'université Paris IV-Sorbonne, auteur de Alésia, 52 avant.J.-C. , Tallandier, 2012. Jean-Louis Voisin est maître de conférences honoraire de Paris XII, auteur de Alésia, un village, une bataille, un site, Editions de Bourgogne, 2012.

Télévision, chronique, radio, préface, Franck Ferrand est partout pour « dévoiler une supercherie »: Alésia se situerait non pas en Bourgogne, au Mont Auxois, sur la commune d'Alise-Sainte-reine, mais dans le Jura à Syam et à Chaux-des-Crotenay. Une telle énergie mériterait un meilleur usage. Car il se trompe. Totalement. Avec obstination.
Une simple querelle d'érudits? Non pas. Selon lui «il s'agit de la plus grande controverse historico-archéologique de ce début de siècle». Soit. Remarquons déjà qu'en dehors de quelques personnes groupées autour de Franck Ferrand et de Danielle Porte, cette querelle n'émeut aucun historien de l'Antiquité en France et hors de France: le Barrington Atlas du monde grec et romain édité par l'université de Princeton qui fait autorité en la matière situe Alésia là où elle doit être, au Mont Auxois. Et personne parmi les archéologues et les spécialistes de l'Antiquité n'a pensé à rectifier cette localisation. Des «mandarins», rétorqueront Franck Ferrand et consort. Une histoire «officielle», un «complot» pour étouffer une voix discordante…
Nous n'avons jamais eu cette prétention. Si nous cosignons cette chronique, ce n'est pas à la suite du «comportement grégaire» que Franck Ferrand décèle parmi les universitaires, mais plus simplement parce que nous sommes animés par la recherche de la vérité historique et par la prise en compte de réalités archéologiques que les détracteurs du Mont Auxois se refusent d'accepter. Nos démarches ont été différentes et nous n'avons pas travaillé de concert. Mais nos conclusions sont identiques: Alésia est au Mont Auxois, et nulle part ailleurs. Pourquoi ?
Il y a certes le texte de César. À propos du passage concernant le site de la bataille d'Alésia, l'un de ses commentateurs les plus critiques, Michel Rambaud, relève: «Le récit césarien ne fournit que les données militaires de la manœuvre, et en termes généraux. (…) De là des querelles où seule l'archéologie peut entraîner la décision». Dont acte.
Contrairement à ce qu'affirme Franck Ferrand, Napoléon III n'a pas décidé «par la grâce d'un décret impérial» qu'Alésia se situerait en Bourgogne. Il y avait une querelle entre deux sites, Alaise et Alise. Et ce n'est qu'après un examen attentif de chacun d'eux que les fouilles commencèrent et se firent avec les techniques de l'époque. Pourquoi, vouloir à tout prix parler de manipulation, d'incompétence, de falsification plutôt que d'examiner, ce qu'ils ne font jamais, les résultats des fouilles? Une obsession chez les partisans de Syam: les mêmes reproches sont formulés à l'égard de l'équipe franco-allemande qui a approfondi et précisé nos connaissances lors des fouilles de 1991 à 1997 !
Pourtant l'ensemble des découvertes est impressionnant: un murus gallicus ; des camps et lignes de fortifications romains ; un important stock d'armes (aucun site antique n'en a livré autant), varié et homogène dans sa datation (le milieu du Ier siècle av. J.-C.) avec des balles de frondes où se lit le nom de Labienus, le lieutenant de César ; des ossements de chevaux gaulois, romains et germains, l'image même des différentes cavaleries engagées ; 731 monnaies gauloises représentant les différents peuples qui composent l'armée de secours avec deux monnaies qui portent le nom de Vercingétorix et qui sont les seules trouvées hors du territoire arverne, 144 monnaies romaines antérieures à 53. S'ajoutent à cela une tradition littéraire unanime du IXe siècle jusqu'en 1855, des inscriptions avec les noms d'Alisiia, d'Alisienses qui correspondent au nom latin d'Alesia donné par Pline l'Ancien, puis par l'évêque d'Auxerre Germain.
Rien d'équivalent sur le site de Chaux-des-Crotenay déterminé par André Berthier grâce à la méthode dite du portrait-robot. Difficile d'imaginer dans ce site étroit une rencontre militaire d'au moins trois cent mille hommes, difficile encore de penser que Vercingétorix qui attend une armée de secours venant de l'ouest ait laissé à César le loisir de couper ses voies de communication. Quant aux fouilles sur place (cinq campagnes, neufs sondages plus cinq campagnes de sauvetage), elles ont rassemblé un matériel qui n'est pas négligeable: plus de 3 000 objets métalliques, plus de 5 000 tessons de céramique. À la demande et sous le contrôle de l'Association «ArchéoJuraSites», dépositaire du fonds Berthier, ce matériel a été analysé en 2011. Résultats? Le métal n'est pas antérieur au IIe siècle de notre ère et ne comporte aucun mobilier militaire d'époque gauloise ou romaine, la terre cuite protohistorique (l'époque du siège) ne représente que 2,6% du total. En un mot, aucune bataille mettant aux prises Gaulois et Romains ne s'est déroulée dans cette région à la fin de l'été 52 av. J.-C. Mais tout cela n'intéresse guère Franck Ferrand.

Alésia: 52 avant J.-C.

de Yann Le Bohec (Auteur)

ASIN ‏ : ‎ B07RX2GTQ3
Éditeur ‏ : ‎ Editions Tallandier (7 avril 2019)
Langue ‏ : ‎ Français
Poche ‏ : ‎ 224 pages
ISBN-13 ‏ : ‎ 979-1021039773
Poids de l'article ‏ : ‎ 140 g
Dimensions ‏ : ‎ 11.8 x 1.4 x 18 cm

Alésia: 27 septembre 52 av. J.-C.

de Jean-Louis Brunaux (Auteur)

Éditeur ‏ : ‎ Gallimard (11 octobre 2012)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 384 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 207012357X
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2070123575
Poids de l'article ‏ : ‎ 500 g
Dimensions ‏ : ‎ 15.2 x 2.6 x 22 cm

En 58 av. J.-C., le sénat romain charge Jules César de conquérir tous les territoires gaulois insoumis. En 53 av. J.-C., Vercingétorix, chef de la peuplade des Arvernes, devient le commandant de la coalition des peuples gaulois qui refusent la domination romaine. Les deux stratèges militaires se livrent une lutte qui restera dans l'histoire.
Au cours de la campagne militaire qu'il mène contre les tribus gauloises, César se trouve loin de ses appuis logistiques. En face, Vercingétorix applique la tactique de la terre brûlée, cette stratégie a pour but de priver ses ennemis de tout ravitaillement.
Cependant, le stratège gaulois commet une première erreur en épargnant les ressources de la cité d'Avarium. César s'empare de la localité et reconstitue ses forces. Les guerriers gaulois veulent reconquérir les terres gauloises détenues par les Romains près de la Méditerranée, mais les cavaliers gaulois sont repoussés par des mercenaires germains, alliés de Rome.
À cela vient s'ajouter le manque de coordination des forces de Vercingétorix. César en profite et les troupes gauloises doivent se réfugier dans un oppidum : la bataille d'Alésia commence.
Lors de la bataille d'Alésia, en 52 av. J.-C., Jules César et son état-major mettent en place une stratégie d'encerclement de la cité. Les Romains empêchent les Gaulois de recevoir des renforts. Les transalpins construisent un double dispositif de fortifications visant à rendre impossible toute sortie des assiégés et à repousser les opérations de secours menées par des renforts gaulois. Après plusieurs mois de siège, Vercingétorix est contraint de déposer les armes aux pieds de Jules César.

À savoir : bien que le rapport de force soit largement en défaveur des Romains, ces derniers ont obtenu la victoire finale à la bataille d'Alésia grâce à leur maîtrise de l'art de la guerre. En effet, 82.000 Romains ont vaincu 328.000 Gaulois.

CÉSAR, La guerre des Gaules, VII, 68-69 et 71

Vercingétorix s’enferme dans Alésia


[7,68] LXVIII. Voyant toute sa cavalerie en fuite, Vercingétorix fit rentrer les troupes qu'il avait rangées en avant du camp, et prit aussitôt le chemin d'Alésia, qui est une ville des Mandubes, après avoir fait, en toute hâte, sortir du camp les bagages, qui le suivirent. César laissa ses équipages sur un coteau voisin, les commit à la garde de deux légions, poursuivit l'ennemi tant que le jour dura, lui tua environ trois mille hommes de l'arrière-garde, et campa le lendemain devant Alésia. Ayant reconnu la situation de la ville, et voyant les ennemis consternés de la défaite de leur cavalerie, qu'ils regardaient comme la principale force de leur armée, il exhorta les siens au travail et fit commencer les lignes de circonvallation.

[7,69] LXIX. Cette place était située au sommet d'une montagne, dans une position si élevée qu'elle semblait ne pouvoir être prise que par un siège en règle. Au pied de cette montagne coulaient deux rivières de deux côtés différents. Devant la ville s'étendait une plaine d'environ trois mille pas de longueur; sur tous les autres points, des collines l'entouraient, peu distantes entre elles et d'une égale hauteur. Sous les murailles, le côté qui regardait le soleil levant était garni, dans toute son étendue, de troupes gauloises ayant devant elles un fossé et une muraille sèche de six pieds de haut. La ligne de circonvallation formée par les Romains occupait un circuit de onze mille pas. Notre camp était assis dans une position avantageuse, et l'on y éleva vingt-trois forts, dans lesquels des postes étaient placés pendant le jour pour prévenir toute attaque subite; on y tenait aussi toute la nuit des sentinelles et de fortes garnisons.

(…)

LXXI. Vercingétorix, avant que les Romains eussent achevé leur circonvallation, prit la résolution de renvoyer de nuit toute sa cavalerie. Avant le départ de ces cavaliers, il leur recommande "d'aller chacun dans leur pays, et d'enrôler tous ceux qui sont en âge de porter les armes; il leur rappelle ce qu'il a fait pour eux, les conjure de veiller à sa sûreté et de ne pas l'abandonner, lui qui a bien mérité de la liberté commune, à la merci d'ennemis cruels; leur négligence entraînerait, avec sa perte, celle de quatre-vingt mille hommes d'élite; il n'a de compte fait, de vivres que pour trente jours au plus; mais il pourra, en les ménageant, tenir un peu plus longtemps." Après ces recommandations, il fait partir en silence sa cavalerie; à la seconde veille, par l'intervalle que nos lignes laissaient encore. II se fait apporter tout le blé de la ville, et établit la peine de mort contre ceux qui n'obéiront pas : quant au bétail dont les Mandubes avaient rassemblé une grande provision, il le distribue par tête; le grain est mesuré avec épargne et donné en petite quantité; il fait rentrer dans la ville toutes les troupes qui campaient sous ses murs. C'est par ces moyens qu'il se prépare à attendre les secours de la Gaule et à soutenir la guerre.

Traduction Nisard, 1865

La Guerre des Gaules

de Jules César (Auteur)

Éditeur ‏ : ‎ FLAMMARION (7 janvier 1993)
Langue ‏ : ‎ Français
Poche ‏ : ‎ 252 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 208070012X
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2080700124
Poids de l'article ‏ : ‎ 200 g
Dimensions ‏ : ‎ 10.7 x 1.3 x 17.8 cm

PLUTARQUE, Vie de César, XXVII (30)

Vercingétorix à Alésia


XXX. Le plus grand nombre de ceux qui s'étaient sauvés par la fuite se renfermèrent avec leur roi dans la ville d'Alésia. César alla sur-le-champ l'assiéger, quoique la hauteur de ses murailles et la multitude des troupes qui la défendaient la fissent regarder comme imprenable. Pendant ce siège, il se vit dans un danger dont on ne saurait donner une juste idée. Ce qu'il y avait de plus brave parmi toutes les nations de la Gaule , s'étant rassemblé au nombre de trois cent mille hommes, vint en armes au secours de la ville; ceux qui étaient renfermés dans Alésia ne montaient pas à moins de soixante-dix mille. César, ainsi enfermé et assiégé entre deux armées si puissantes, fut obligé de se remparer de deux murailles , l'une contre ceux de la place, l'autre contre les troupes qui étaient venues au secours des assiégés : si ces deux armées avaient réuni leurs forces, c'en était fait de César. Aussi le péril extrême auquel il fut exposé devant Alésia lui acquit, à plus d'un titre, la gloire la mieux méritée; c'est de tous ses exploits celui où il montra le plus d'audace et le plus d'habileté. Mais ce qui doit singulièrement surprendre, c'est que les assiégés n'aient été instruits du combat qu'il livra à tant de milliers d'hommes qu'après qu'il les eut défaits; et ce qui est plus étonnant encore, les Romains qui gardaient la muraille que César avait tirée contre la ville n'apprirent sa victoire que par les cris des habitants d'Alésia et par les lamentations de leurs femmes, qui virent, des différents quartiers de la ville, les soldats romains emporter dans leur camp une immense quantité de boucliers garnis d'or et d'argent, des cuirasses souillées de sang, de la vaisselle et des pavillons gaulois. Toute cette puissance formidable se dissipa et s'évanouit avec la rapidité d'un fantôme ou d'un songe, car ils périrent presque tous dans le combat. Les assiégés, après avoir donné bien du mal à César et en avoir beaucoup souffert eux-mêmes, finirent par se rendre.

Traduction Furne – Encyclopédie de l’Agora

Vie de César

de Plutarque (Auteur)

Éditeur ‏ : ‎ CreateSpace Independent Publishing Platform; Large Print édition (14 juin 2016)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 138 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 153469367X
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-1534693678
Poids de l'article ‏ : ‎ 145 g
Dimensions ‏ : ‎ 12.7 x 0.81 x 20.32 cm

DION CASSIUS, Histoire de Rome, XL, 41

La reddition de Vercingétorix


41. Après cette défaite, Vercingétorix, qui n'avait été ni pris ni blessé, pouvait fuir ; mais, espérant que l'amitié qui l'avait uni autrefois à César lui ferait obtenir grâce, il se rendit auprès de lui, sans avoir fait demander la paix par un héraut, et parut soudainement en sa présence, au moment où il siégeait dans son tribunal. Son apparition inspira quelque effroi ; car il était d'une haute stature, et il avait un aspect fort imposant sous les armes. Il se fit un profond silence : le chef gaulois tomba aux genoux de César, et le supplia en lui pressant les mains, sans proférer une parole. Cette scène excita la pitié des assistants, par le souvenir de l'ancienne fortune de Vercingétorix, comparée à son malheur présent. César, au contraire, lui fit un crime des souvenirs sur lesquels il avait compté pour son salut. Il mit sa lutte récente en opposition avec l'amitié qu'il rappelait, et par là fit ressortir plus vivement l'odieux de sa conduite. Ainsi, loin d'être touché de son infortune en ce moment, il le jeta sur-le-champ dans les fers et le fit mettre plus tard à mort, après en avoir orné son triomphe.

Traduction par E. Gros, 1845 (Ph. Remacle)

FLORUS, Epitomé, I, 45

La fin de la guerre des Gaules


Mais la plus grande et en même temps la dernière de toutes les ligues gauloises fut celle où les Arvernes, les Bituriges, les Carnutes et les Séquanes se coalisèrent sous la direction d'un chef que sa taille, ses armes et son courage rendaient terrible et dont le nom même semblait fait pour engendrer l'épouvante, Vercingétorix. Aux jours de fêtes et dans les assemblées, quand il les voyait réunis en très grand nombre dans les bois, il les excitait par des paroles véhémentes à recouvrer leur ancienne liberté.

César n'était pas là ; il levait alors des troupes à Ravenne. L'hiver avait accru la hauteur des Alpes, et les Gaulois pensaient que le passage était fermé. Mais immédiatement, à la première nouvelle du soulèvement, César, avec une heureuse témérité, franchit des montagnes jusqu'alors jugées inaccessibles, et par des routes et des neiges que nul homme n'avait foulées, il pénétra en Gaule avec quelques troupes légères. Il rassembla ses légions dispersées dans des quartiers d'hiver éloignés, et il se trouva au milieu de la Gaule avant qu'on ne craignît son retour à la frontière.

Il attaque alors les principaux centres de la guerre ; il détruit Avaricum, défendue par quarante mille hommes, et malgré les efforts de deux cent cinquante mille Gaulois il incendie et anéantit Alésia. C'est autour de Gergovie, en Auvergne, que porta tout le poids de la guerre. Quatre-vingt mille hommes protégés par des murs, une citadelle et des rochers escarpés, défendaient cette très grande ville. Mais César l'entoura d'un retranchement garni de pieux et d'un fossé dans lequel il détourna le fleuve qui l'arrose ; il construisit en outre un immense parapet de dix-huit tours, et il commença par affamer la ville. Quand les assiégés osèrent tenter des sorties, ils succombèrent sur le retranchement sous les épées et les pieux de nos soldats ; enfin, ils durent se rendre.

Leur roi lui-même, le plus bel ornement de la victoire, vint en suppliant au camp romain, sur son cheval dont il jeta les ornements, en même temps que ses propres armes, aux pieds de César. "Ils sont à toi, dit-il, je suis brave, mais tu es plus brave, et tu m'as vaincu."

Traduction J. Perrot, collection Panckoucke (1926)

OROSE, Contre les Païens, VI, 11

Vercingétorix


C’est pourquoi, une fois que César fut revenu en Italie, la Gaule s’unit à nouveau pour prendre les armes et de nombreux peuples, en même temps, se rassemblent. Leur chef fut Vercingétorix et sur son ordre, immédiatement, de nombreux peuples mirent le feu à leurs propres cités : la première qui fut brûlée par ses habitants fut Bourges. Puis ils lancent un assaut contre César qui, à marches forcées était revenu en cachette vers son armée en traversant la Narbonnaise. Alors César avait bloqué par un siège une place forte nommée Caenapum ; le siège de cette place fut long ; enfin, après de nombreux massacres de Romains, un jour de pluie, comme les courroies et les cordes des machines des ennemis étaient détendues, des tours ayant été dressées contre les murailles, la ville fut prise et détruite. On rapporte qu’il y avait là quarante mille hommes : parmi eux à peine quatre-vingts, s’étant faufilés pour fuir, parvinrent au camp tout proche des Gaulois. Après cela les Arvernes et tous les peuples proches, ayant même fait venir à eux les Éduens, firent la guerre à César en de nombreux combats. Et comme fatigués par les combats, ils s’étaient réfugiés dans quelque place forte, les soldats, aspirant au butin, voulurent prendre d’assaut cette place forte, alors que César objectait vainement que le lieu n’était pas favorable. C’est pourquoi là César, pressé par les ennemis qui se précipitaient depuis une position supérieure, ayant perdu une grande partie de son armée, s’enfuit, vaincu. Tandis que cela se passe près d’Alesia, Vercingétorix, que tous, par un accord unanime, avaient choisi comme roi, persuade que de toute la Gaule, tous ceux qui peuvent porter des armes, viennent participer à cette guerre. C’était la seule guerre, par laquelle on obtiendrait ou bien une perpétuelle liberté ou bien une éternelle servitude ou la mort de tous. C’est pourquoi, depuis un nombre immense qu’il avait fait venir auparavant, environ huit mille cavaliers et deux-cent cinquante mille fantassins furent rassemblés. De là les Romains et les Gaulois prirent deux collines qui se faisaient face. Depuis des positions, en combattant par de multiples sorties qui avaient des résultats variés, enfin les Romains vainquirent grâce au courage extraordinaire des cavaliers Germains qu’ils avaient fait venir à leur aide comme des amis.

Vercingétorix, après avoir réuni le lendemain tous les combattants qui avaient réussi à s’échapper par la fuite, déclara qu’il était le responsable de la rupture de la trêve : il avait voulu de bonne foi défendre la liberté ; désormais, soit que tous offrent leur mort aux Romains soit qu’il se rende seul à la place de tous, il y serait prêt dans son esprit. C’est pourquoi les Gaulois, comme s’ils adoptaient sur le conseil du roi un dessein qu’ils avaient quelque temps recouvert par la honte, immédiatement, en demandant pour eux-mêmes le pardon, le livrèrent comme seul auteur d’un grand forfait.

CÉSAR, La Guerre des Gaules, VII, 88

La victoire de César


LXXXVIII. César hâte sa marche pour assister à l'action. A son arrivée, on le reconnaît à la couleur du vêtement qu'il avait coutume de porter dans les batailles; les ennemis, qui de la hauteur le voient sur la pente avec les escadrons et les cohortes dont il s'était fait suivre, engagent le combat. Un cri s'élève de part et d'autre, et est répété sur le rempart et dans tous les retranchements. Nos soldats, laissant de côté le javelot, tirent le glaive. Tout à coup, sur les derrières de l'ennemi, parait notre cavalerie; d'autres cohortes approchent; les Gaulois prennent la fuite; notre cavalerie barre le passage aux fuyards, et en fait un grand carnage. Sédule, chef et prince des Lémovikes, est tué, et l'Arverne Vergasillaunn pris vivant dans la déroute. Soixante-quatorze enseignes militaires sont rapportées à César; d'un si grand nombre d'hommes, bien peu rentrent au camp sans blessure. Les assiégés, apercevant du haut de leurs murs la fuite des leurs et le carnage qu'on en fait, désespèrent de leur salut, et retirent leurs troupes de l'attaque de nos retranchements. La nouvelle en arrive au camp des Gaulois, qui l'évacuent à l'instant. Si les soldats n'eussent été harassés par d'aussi nombreux engagements et par les travaux de tout le jour, l'armée ennemie eût pu être détruite tout entière. Au milieu de la nuit, la cavalerie, envoyée à la poursuite, atteint l'arrière-garde; une grande partie est prise ou tuée; le reste, échappé par la fuite, se réfugia dans les cités.

Traduction Nisard (1865)
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