Frappes sur l’Iran : cette réplique de Téhéran qui se joue ICI et maintenant - Par Emmanuel Razavi
Téhéran dispose d’un gigantesque réseau d’agents d’influence qui relaient ses éléments de langage aux États-Unis et en Europe, pour faire « pression » sur les gouvernements et obtenir d’eux qu’ils « retiennent » Israël. Le grand reporter franco-iranien spécialiste du Moyen-Orient, Emmanuel Razavi, qui collabore avec les rédactions de Paris Match, Atlantico et Franc-Tireur, auteur de « La face cachée des mollahs » (Cerf), a longuement enquêté sur ces réseaux d’influence. Entretien exclusif Atlantico
Atlantico : Vous qui avez beaucoup travaillé sur les méthodes de la république islamique d’Iran, et tout particulièrement sur ses stratégies d’entrisme et d’influence dans les pays occidentaux, dites que Téhéran est d’ores et déjà en train de répliquer aux frappes israéliennes en activant ses réseaux aux États-Unis ou en Europe. Pourquoi ?
Emmanuel Razavi : Il y a deux raisons à mon propos. La première, c’est le terrorisme. La Force al Qods, unité en charge des opérations du Corps des des Gardiens de la Révolution dispose de relais capables d’organiser des attentats terroristes notamment contre des intérêts israéliens ou des organisations juives, dans différents pays, et notamment en Europe. Cette unité d’élite a plusieurs facettes. Elle est, entre autres, spécialisée dans la guerre asymétrique et le terrorisme, la cyber-guerre, et l’influence. En ce qui concerne sa stratégie d’influence, elle a recruté, via son ministère des Affaires Étrangères, son réseau d’ambassades, et avec l’appui de ses services secrets, des relais qui peuvent être des chercheurs universitaires, des journalistes, des conseillers politiques ou diplomatiques. Ceux-là ont pour but de faire passer des éléments de langage précis aux gouvernements européens, notamment pour qu’ils fassent pression sur Israël et l’obligent à retenir ses coups.
Quels cas concrets, quels types de propos, peuvent-ils être identifiés comme ceux d’influenceurs directement payés par le régime iranien ou a minima manipulés par eux ?
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