Frédéric Encel : « Donald Trump n’a pas d’approche diplomatique des relations internationales »

ENTRETIEN AVEC FREDERIC ENCEL – la tournée du président américain dans les pétromonarchies du Golfe qui a eu lieu du 13 au 16 mai a été marquée par la signature de divers contrats. Donald Trump avait notamment annoncé le 13 mai la signature d’un partenariat stratégique avec Riyad de 600 milliards de dollars. Des contrats d’une valeur de 1200 milliards de dollars ont également été signés avec Doha.


Frédéric Encel est docteur HDR en géopolitique spécialiste du Moyen-Orient, enseignant à Sciences Po et auteur de nombreux ouvrages, en dernier lieu La guerre mondiale n’aura pas lieu (Odile Jacob, 2025). Il estime que le mercantilisme absolu est la seule boussole géopolitique du président américain.

Epoch Times : Donald Trump est-il en train de redéfinir la politique américaine au Moyen-Orient ?

Frédéric Encel : Absolument pas. Il ne fait qu’accroître ce qui a toujours existé et prévalu entre les États-nations qui, comme le disait Hegel, n’ont que des intérêts, c’est-à-dire le commerce. Donald Trump accélère ce phénomène de manière spectaculaire parce que le mercantilisme absolu est sa seule boussole.

Les États-Unis ont toujours entretenu des liens commerciaux forts avec les pays du Moyen-Orient, et notamment l’Arabie Saoudite et ce, depuis les années 1930.

L’Arabie Saoudite a toujours été le prisme moyen-oriental principal de Donald Trump, bien loin devant Israël.

Il faut se souvenir que son premier voyage officiel lors de son précédent mandat eut lieu à Riyad. Le président américain sait que l’Arabie Saoudite est un pays solvable. Par conséquent, il revient cultiver cette relation commerciale durable.

Au fond, Donald Trump souhaite que les États continuent d’investir en Amérique et achètent beaucoup de services et de matériels américains. C’est notamment le cas des pétromonarchies du Golfe, mais aussi du Japon, de la Corée du Sud, Singapour et de l’Australie qu’il voit comme dépendants des États-Unis pour leur sécurité et donc comme de bons clients.

Cependant, précisons une chose. Quand certains parlent de tournée de Donald Trump au Moyen-Orient, ce n’est pas tout à fait exact. Il ne s’intéresse qu’à certains États de la région, notamment les plus riches. Il n’accorde pas réellement d’importance à la Jordanie et au Sultanat d’Oman, par exemple.

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