«Il est temps de rompre avec l’angélisme de la justice des mineurs et de repenser le métier d’éducateur» Par Maurice Berger et Régis Lemierre
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Face aux violences urbaines croissantes, Maurice Berger et Régis Lemierre, dans une tribune pour Le Figaro, appellent à une refonte radicale de la justice des mineurs. Selon eux, le système actuel, trop empreint d’idéologie anti-sanction, ne répond plus aux défis posés par une jeunesse parfois violente et insensible aux approches éducatives classiques.
Maurice Berger, pédopyschiatre, a récemment publié Mineurs violents, État inconsistant. Pour une révolution pénale (L’Artilleur, 2025).
Régis Lemierre a été éducateur de la PJJ (protection judiciaire de la jeunesse).
Ils plaident pour l’instauration de peines plus certaines, rapides et proportionnées à la gravité des actes, sans être exclusivement liées à l’âge. Les structures existantes comme les établissements pénitentiaires pour mineurs (EPM) ou les centres éducatifs fermés (CEF) sont jugées inefficaces : le personnel y est épuisé, les fugues fréquentes, et la violence souvent incontrôlée.
Les auteurs dénoncent l’absentéisme et le manque de qualification chez les éducateurs, ainsi que l’absence de sanctions adaptées en cas d’agression. Ils soulignent l’urgence de reconstruire un cadre éducatif structurant, fondé sur le concept de « contenance » : une forme de fermeté bienveillante permettant d’absorber la violence du jeune sans violence en retour. Un environnement stable et contraignant est nécessaire pour que l’éducation prenne véritablement sens.
Ils proposent une redéfinition du rôle des éducateurs, une formation plus exigeante axée sur la solidité psychique et une direction unique pénitentiaire pour les EPM, afin d’éviter les ambiguïtés institutionnelles. Enfin, ils appellent à codifier des réponses judiciaires claires et anticipées face aux actes de violence, pour éviter la maltraitance institutionnelle et restaurer l’autorité éducative.
Laurent Sailly
Maurice Berger et Régis Lemierre
«Il est temps de rompre avec l’angélisme de la justice des mineurs et de repenser le métier d’éducateur»
Nous sommes à un tournant, on se rend maintenant compte de l’impérieuse nécessité de modifier la justice des mineurs en introduisant des peines certaines, rapides, moins liées à l’âge et proportionnées à la gravité des délits. Mais voit-on que l’effet positif de cette réforme sera amoindri par le fait que l’action éducative ne sera pas prête à prendre le relais et nécessite un changement de paradigme ?
Les signes d’alerte sont présents. À l’établissement pénitentiaire pour mineurs (EPM) de Marseille, le personnel est épuisé, soulignant la difficulté de sa tâche face à des mineurs violents prêts à tout et pas concernés par le projet éducatif et scolaire de l’établissement. On retrouve ces problèmes dans d’autres EPM. Plusieurs rapports se montrent très dubitatifs sur l’efficacité des centres éducatifs fermés (CEF), destinés à éviter l’incarcération, et sur la nécessité de poursuivre leur construction, évoquant le risque de « dépense à perte ». Des éducateurs de foyers débordés par la violence en sont réduits à s’enfermer dans un bureau pour se protéger. Et on constate que la justice ne prononce que rarement une peine d’incarcération contre les agresseurs ; ainsi un éducateur de foyer blessé porte plainte, mais un éducateur de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) plaide pour la clémence et il n’y aura pas de sanction.