10 novembre 1799 (19 brumaire an VIII) : « Foutez-moi tout ce monde dehors ! » (2ème jour du Coup d'état)
10 novembre 1799 : le coup d'état débuté hier à Paris se poursuit à Saint-Cloud.
Ensuite, la journée difficile : celle du lendemain, nonidi 19 brumaire. Difficile, et dangereuse ; car, dans l'hypothèse où les choses tourneraient mal, ce qui attend les conjurés n'est autre que le peloton d'exécution !Nuit du 18 au 19 brumaire : le conciliabule bonapartiste se réunit à Paris. Se retrouvent à l'hôtel de Breteuil : l'ancien ministre des Affaires étrangères Talleyrand, le ministre de la Police générale Joseph Fouché, les députés Lucien Bonaparte, Bérenger, Cabanis, Daunou, le directeur Sieyès, le commissaire général de l'Administration des Postes (et responsable du cabinet noir) Gaudin ; une fraction du parti de Madame de Staël s'est également ralliée à Bonaparte. Tout doit être prêt pour le lendemain ; la nuit entière est consacrée à la rédaction de toutes les pièces qui doivent servir à assurer le succès de leur entreprise.
12h30 : Lucien Bonaparte, président du Conseil des Cinq-Cents, ouvre la séance. Des Jacobins prennent d'abord la parole. On crie : « Point de dictature ! À bas les dictateurs ! Vive la Constitution ! » L'un d'eux fait décider que tous les députés devront prêter serment de fidélité « à la Constitution de l'an III », que le coup d'État doit abolir.
Un des principaux adhérents de Bonaparte propose aux Cinq-Cents de nommer une commission pour aviser aux dangers de la République. L’assemblée presque en masse répondit par le cri de « Vive la Constitution ! à bas la dictature ! »
Elle décide de faire renouveler le serment de fidélité à la Constitution de l’an III à tous les députés. Le président, Lucien Bonaparte, est obligé de jurer comme les autres.
15h30 : Au Conseil des Anciens, les opposants, cette fois, sont présents et réclament des explications. On lit aux Anciens une lettre du secrétaire général du Directoire annonçant que quatre des directeurs ont donné leur démission.
Bonaparte, averti des hésitations des Anciens, se présente tout à coup devant eux. Troublé de cette résistance imprévue, intimidé et irrité de l’être, il proteste contre l’accusation de vouloir être un César ou un Cromwell, tout en affirmant que le vœu de ses camarades et celui de la nation l’appellent depuis longtemps à l’autorité suprême. « Sauvons la liberté et l’égalité ! » dit-il
Étienne-Géry Lenglet lui crie : - « Et la Constitution ? »
« La Constitution ! répondit-il avec emportement, vous l’avez violée au 18 fructidor ; vous l’avez violée au 22 floréal ; vous l’avez violée au 30 prairial ! La Constitution ! elle ne peut plus être pour nous un moyen de salut, parce qu’elle n’obtient plus le respect de personne ! » Et il conclut en demandant une concentration de pouvoirs, qu’il abdiquerait dès que les dangers seraient passés.
Son discours est maladroit et très mal perçu par les députés. Bourrienne met fin à la discussion en incitant son ami à quitter la pièce : "Sortons, général, vous ne savez plus ce que vous dites".
Face à la résistance des Anciens, Bonaparte et ses partisans sont inquiets. Le général sent qu’il n’y a plus un moment à perdre et va des Anciens aux Cinq-Cents.
Les Cinq-Cents viennent de décider l’envoi d’un message aux Anciens, pour leur demander les motifs de la translation des deux conseils. Ils discutaient de la nomination d’un autre directeur pour remplacer Barras quand Bonaparte paraît. Il est escorté de quelques généraux et de grenadiers de la garde du Corps législatif.
« Qu’est-ce que cela ? Des sabres ici ! des baïonnettes ! » s’insurgent des représentants. « Vous violez le sanctuaire des lois ! » crie le député Bigonnet. « Est-ce donc pour cela que tu as vaincu ? » dit le député Destremx. De toutes parts éclatent les cris : « A bas le tyran ! hors la loi le dictateur ! » Plusieurs saisissent Bonaparte au collet en criant : « Hors d’ici ! ».
Le général Lefèvre et les grenadiers restés près de la porte accourent et l’entraînent hors de la salle.
Les clameurs continuent ; les propositions s’entrecroisent.
« II faut avant tout, s’écrie un représentant, déclarer que la garde du Corps législatif n’est pas sous le commandement de Bonaparte. »
« Il faut déclarer, dit un autre, que toutes les troupes qui sont ici font partie de notre garde. »
16h35 : Le président Lucien cherche alors à défendre son frère. Les cris : « Hors la loi le dictateur ! » retentissent de nouveau. « Vous voulez que je mette hors la loi mon propre frère ! » répond Lucien.
On se rappelle alors le 9 thermidor. Sieyès dit à Bonaparte : « Ils vous mettent hors la loi, ce sont eux qui y sont ! »
Bonaparte envoie dix grenadiers chercher son frère. C’est un coup de maître : l’assemblée est intimidée.
Les conspirateurs ont maintenant avec eux le président même de l’Assemblée. Lucien monte à cheval à côté de son frère et harangue les soldats : « Le président des Cinq-Cents, dit-il, vous déclare que ce Conseil est opprimé par des représentants qui menacent leurs collègues et lèvent sur eux le poignard ! Ce sont des brigands soldés par l’Angleterre ! Ils sont en rébellion contre le Conseil des Anciens. Au nom du peuple, soldats, délivrez la majorité de vos représentants. Les vrais législateurs vont se rendre auprès de moi ; ceux qui resteront dans l’Orangerie ne sont plus les représentants du peuple ! Vive la République ! »
Les soldats crient : « Vive Bonaparte ! ». Lucien saisit une épée, la tourne vers son frère et déclare : « Je jure de percer le sein de mon propre frère si jamais il attente à la liberté des Français ! »
17h30 : Sur le seuil de l’Assemblée, accompagné de ses soldats, le général Victor-Emmanuel Leclerc crie. « Citoyens représentants, cria leur colonel, je vous invite à vous retirer, sur l’ordre du général ! On ne répond plus de la sûreté du Conseil ». Les représentants répondent : « Vive la République ! Vive la Constitution de l’an III ! » et restent à leurs places. « Grenadiers, en avant ! », crie le commandant. Le bruit du tambour étouffe les dernières protestations de l’Assemblée. « Foutez-moi tout ce monde dehors ! » s’écrie Joachim Murat. Les soldats avancent, poussant devant eux les représentants du peuple. La salle est évacuée.
18h45 : Apprenant ce qui vient de se passer à l'Orangerie, le président des Anciens Cornudet fait voter le décret suivant :
21h : Lucien Bonaparte rassemble une trentaine de membres des Cinq-Cents, qui déclarent être la majorité du Conseil et décrètent que Bonaparte, les généraux, les grenadiers, ont bien mérité de la patrie. Boulay de la Meurthe, l’apologiste des coups d’État, le rapporteur des décrets du 18 fructidor, propose et fait voter les mesures convenues entre les conjurés : la nomination de trois Consuls, l’ajournement à trois mois du Corps législatif, la formation de deux commissions des Conseils chargées d’aider les Consuls dans « les changements à apporter à la Constitution », enfin, l’exclusion de cinquante-sept représentants du peuple, parmi lesquels le général Jourdan.
Le décret est porté, à une heure du matin, aux Anciens, qui le ratifient.
Sieyès propose de faire arrêter quarante des principaux opposants des deux Conseils. Bonaparte qui refuse. Il pense que le succès est assuré et juge la violence inutile.
Quelques-uns des représentants s’inquiètent de leur ouvrage et contestent la nécessité d’une dictature. Ils souhaitent maintenant que Bonaparte se contente de prendre place dans un nouveau Directoire. Bonaparte leur rappelle qu’il s’agit de changer la Constitution et qu’une dictature momentanée est nécessaire par le fait, sinon par le titres.
On convient d’établir trois Consuls provisoires et d’ajourner les deux Conseils à trois mois. « Vous avez un maître ! » dit Sieyès.
Durant la nuit, une douzaine de représentants du peuple s’est concertée pour organiser la résistance. Ils décident de rassembler les collègues dont ils sont sûrs, avant l’heure fixée pour la séance de Saint-Cloud. Ils donneront à Bernadotte le commandement de la garde des Cinq-Cents. Salicetti, un député corse qu’ils croyaient ennemi de Bonaparte, les dénonce à la police de Fouché qui les empêche de se réunir à Saint-Cloud.
8h du matin : Les députés, souvent accompagnés de leur famille, gagnent Saint-Cloud où l'animation est grande. Dans le parc, bivouaquent la garde des Conseils et une dizaine de compagnies de la 79e demi-brigade. Le général Sérurier est chargé de la « protection » des Conseils. Dans le château, les ouvriers se dépêchent de disposer les bancs, les tribunes, les tentures. Au premier étage de l'aile droite du château, la galerie d'Apollon sert de salle de délibérations au Conseil des Anciens. Faute d'autres grandes salles, le Conseil des Cinq-Cents siège dans l'Orangerie, au rez-de-chaussée, bâtiment perpendiculaire au corps du château.
9h30 du matin : Rue Chantereine, Napoléon Bonaparte discute avec les officiers et les civils importants chargés de l'opération. Le succès n'apparaît pas certain.
11h du matin : Escorté par un détachement de cavalerie, botté, petit chapeau, petit uniforme sur un cheval gris fer à tête blanche, le général Bonaparte part pour Saint-Cloud. Il arrive à destination vers 12h30 où l’escorte est accueillie par des cris variés : « Vive Bonaparte » pour les partisans du coup d'État, ou « Vive la Constitution ! » par les opposants. Mauvaise surprise : les salles de séance - Grand Salon pour les Anciens, orangerie pour les Cinq-Cents - ne sont pas prêtes.
Quelques-uns des représentants s’inquiètent de leur ouvrage et contestent la nécessité d’une dictature. Ils souhaitent maintenant que Bonaparte se contente de prendre place dans un nouveau Directoire. Bonaparte leur rappelle qu’il s’agit de changer la Constitution et qu’une dictature momentanée est nécessaire par le fait, sinon par le titres.
On convient d’établir trois Consuls provisoires et d’ajourner les deux Conseils à trois mois. « Vous avez un maître ! » dit Sieyès.
Durant la nuit, une douzaine de représentants du peuple s’est concertée pour organiser la résistance. Ils décident de rassembler les collègues dont ils sont sûrs, avant l’heure fixée pour la séance de Saint-Cloud. Ils donneront à Bernadotte le commandement de la garde des Cinq-Cents. Salicetti, un député corse qu’ils croyaient ennemi de Bonaparte, les dénonce à la police de Fouché qui les empêche de se réunir à Saint-Cloud.
8h du matin : Les députés, souvent accompagnés de leur famille, gagnent Saint-Cloud où l'animation est grande. Dans le parc, bivouaquent la garde des Conseils et une dizaine de compagnies de la 79e demi-brigade. Le général Sérurier est chargé de la « protection » des Conseils. Dans le château, les ouvriers se dépêchent de disposer les bancs, les tribunes, les tentures. Au premier étage de l'aile droite du château, la galerie d'Apollon sert de salle de délibérations au Conseil des Anciens. Faute d'autres grandes salles, le Conseil des Cinq-Cents siège dans l'Orangerie, au rez-de-chaussée, bâtiment perpendiculaire au corps du château.
9h30 du matin : Rue Chantereine, Napoléon Bonaparte discute avec les officiers et les civils importants chargés de l'opération. Le succès n'apparaît pas certain.
11h du matin : Escorté par un détachement de cavalerie, botté, petit chapeau, petit uniforme sur un cheval gris fer à tête blanche, le général Bonaparte part pour Saint-Cloud. Il arrive à destination vers 12h30 où l’escorte est accueillie par des cris variés : « Vive Bonaparte » pour les partisans du coup d'État, ou « Vive la Constitution ! » par les opposants. Mauvaise surprise : les salles de séance - Grand Salon pour les Anciens, orangerie pour les Cinq-Cents - ne sont pas prêtes.
12h30 : Lucien Bonaparte, président du Conseil des Cinq-Cents, ouvre la séance. Des Jacobins prennent d'abord la parole. On crie : « Point de dictature ! À bas les dictateurs ! Vive la Constitution ! » L'un d'eux fait décider que tous les députés devront prêter serment de fidélité « à la Constitution de l'an III », que le coup d'État doit abolir.
Un des principaux adhérents de Bonaparte propose aux Cinq-Cents de nommer une commission pour aviser aux dangers de la République. L’assemblée presque en masse répondit par le cri de « Vive la Constitution ! à bas la dictature ! »
Elle décide de faire renouveler le serment de fidélité à la Constitution de l’an III à tous les députés. Le président, Lucien Bonaparte, est obligé de jurer comme les autres.
15h30 : Au Conseil des Anciens, les opposants, cette fois, sont présents et réclament des explications. On lit aux Anciens une lettre du secrétaire général du Directoire annonçant que quatre des directeurs ont donné leur démission.
Bonaparte, averti des hésitations des Anciens, se présente tout à coup devant eux. Troublé de cette résistance imprévue, intimidé et irrité de l’être, il proteste contre l’accusation de vouloir être un César ou un Cromwell, tout en affirmant que le vœu de ses camarades et celui de la nation l’appellent depuis longtemps à l’autorité suprême. « Sauvons la liberté et l’égalité ! » dit-il
Étienne-Géry Lenglet lui crie : - « Et la Constitution ? »
« La Constitution ! répondit-il avec emportement, vous l’avez violée au 18 fructidor ; vous l’avez violée au 22 floréal ; vous l’avez violée au 30 prairial ! La Constitution ! elle ne peut plus être pour nous un moyen de salut, parce qu’elle n’obtient plus le respect de personne ! » Et il conclut en demandant une concentration de pouvoirs, qu’il abdiquerait dès que les dangers seraient passés.
Son discours est maladroit et très mal perçu par les députés. Bourrienne met fin à la discussion en incitant son ami à quitter la pièce : "Sortons, général, vous ne savez plus ce que vous dites".
Face à la résistance des Anciens, Bonaparte et ses partisans sont inquiets. Le général sent qu’il n’y a plus un moment à perdre et va des Anciens aux Cinq-Cents.
Les Cinq-Cents viennent de décider l’envoi d’un message aux Anciens, pour leur demander les motifs de la translation des deux conseils. Ils discutaient de la nomination d’un autre directeur pour remplacer Barras quand Bonaparte paraît. Il est escorté de quelques généraux et de grenadiers de la garde du Corps législatif.
« Qu’est-ce que cela ? Des sabres ici ! des baïonnettes ! » s’insurgent des représentants. « Vous violez le sanctuaire des lois ! » crie le député Bigonnet. « Est-ce donc pour cela que tu as vaincu ? » dit le député Destremx. De toutes parts éclatent les cris : « A bas le tyran ! hors la loi le dictateur ! » Plusieurs saisissent Bonaparte au collet en criant : « Hors d’ici ! ».
Le général Lefèvre et les grenadiers restés près de la porte accourent et l’entraînent hors de la salle.
Les clameurs continuent ; les propositions s’entrecroisent.
« II faut avant tout, s’écrie un représentant, déclarer que la garde du Corps législatif n’est pas sous le commandement de Bonaparte. »
« Il faut déclarer, dit un autre, que toutes les troupes qui sont ici font partie de notre garde. »
16h35 : Le président Lucien cherche alors à défendre son frère. Les cris : « Hors la loi le dictateur ! » retentissent de nouveau. « Vous voulez que je mette hors la loi mon propre frère ! » répond Lucien.
On se rappelle alors le 9 thermidor. Sieyès dit à Bonaparte : « Ils vous mettent hors la loi, ce sont eux qui y sont ! »
Bonaparte envoie dix grenadiers chercher son frère. C’est un coup de maître : l’assemblée est intimidée.
Les conspirateurs ont maintenant avec eux le président même de l’Assemblée. Lucien monte à cheval à côté de son frère et harangue les soldats : « Le président des Cinq-Cents, dit-il, vous déclare que ce Conseil est opprimé par des représentants qui menacent leurs collègues et lèvent sur eux le poignard ! Ce sont des brigands soldés par l’Angleterre ! Ils sont en rébellion contre le Conseil des Anciens. Au nom du peuple, soldats, délivrez la majorité de vos représentants. Les vrais législateurs vont se rendre auprès de moi ; ceux qui resteront dans l’Orangerie ne sont plus les représentants du peuple ! Vive la République ! »
Les soldats crient : « Vive Bonaparte ! ». Lucien saisit une épée, la tourne vers son frère et déclare : « Je jure de percer le sein de mon propre frère si jamais il attente à la liberté des Français ! »
17h30 : Sur le seuil de l’Assemblée, accompagné de ses soldats, le général Victor-Emmanuel Leclerc crie. « Citoyens représentants, cria leur colonel, je vous invite à vous retirer, sur l’ordre du général ! On ne répond plus de la sûreté du Conseil ». Les représentants répondent : « Vive la République ! Vive la Constitution de l’an III ! » et restent à leurs places. « Grenadiers, en avant ! », crie le commandant. Le bruit du tambour étouffe les dernières protestations de l’Assemblée. « Foutez-moi tout ce monde dehors ! » s’écrie Joachim Murat. Les soldats avancent, poussant devant eux les représentants du peuple. La salle est évacuée.
18h45 : Apprenant ce qui vient de se passer à l'Orangerie, le président des Anciens Cornudet fait voter le décret suivant :
« Le Conseil des Anciens, attendu la retraite du Conseil des Cinq-Cents, décrète ce qui suit : quatre des membres du Directoire exécutif ayant donné leur démission et le cinquième étant mis en surveillance, il sera nommé une commission exécutive provisoire, composée de trois membres. »
21h : Lucien Bonaparte rassemble une trentaine de membres des Cinq-Cents, qui déclarent être la majorité du Conseil et décrètent que Bonaparte, les généraux, les grenadiers, ont bien mérité de la patrie. Boulay de la Meurthe, l’apologiste des coups d’État, le rapporteur des décrets du 18 fructidor, propose et fait voter les mesures convenues entre les conjurés : la nomination de trois Consuls, l’ajournement à trois mois du Corps législatif, la formation de deux commissions des Conseils chargées d’aider les Consuls dans « les changements à apporter à la Constitution », enfin, l’exclusion de cinquante-sept représentants du peuple, parmi lesquels le général Jourdan.
Le décret est porté, à une heure du matin, aux Anciens, qui le ratifient.
« Les changements à apporter à la Constitution, est-il dit dans le décret, ne peuvent avoir pour but que de garantir la souveraineté du peuple français, la République une et indivisible, le système représentatif, la division des pouvoirs, la liberté, l’égalité, la sûreté et la propriété. »
Le régime change mais, nominalement, la République est sauvée. Certains veulent la croire renforcée par le 18-Brumaire... Dans les faits, c'est surtout la Révolution qui s'achève, et le pouvoir sans partage de Napoléon Bonaparte qui vient d'être admis. Quoique d'extrême justesse.
De retour au Luxembourg, Sieyès, connu pour ses mots historiques, aura celui-ci : « Messieurs, nous avons un maître. » Pourtant, le « maître » en question n'a guère brillé - et en a conscience ; dans sa voiture, revenant de Saint-Cloud à la rue des Victoires, il ne desserre pas les dents. Puis, après avoir embrassé Joséphine, il tend son paletot à Bourrienne et lui demande sèchement : « J'ai fait des bêtises ? - Pas mal, général... » Grommellement de Bonaparte : « Ces bougres-là m'ont intimidé. Je n'ai pas l'expérience des assemblées. » Puis, après un silence : « Cela viendra. »
Le 18 brumaire: Les coups d'état de Napoléon Bonaparte
de Thierry Lentz (Auteur)
Les 18 et 19 brumaire an VIII (9 et 10 novembre 1799), Bonaparte et Sieyès prennent ensemble le pouvoir, après un coup d'Etat que Tocqueville considérait " comme un des plus mal conçus qu'on puisse imaginer ". Six semaines plus tard Bonaparte est seul maître de l'exécutif d'un nouveau régime et affirme avoir fini la Révolution. Entre son retour de la campagne d'Egypte (16 octobre) et son accession à la plus haute fonction, il ne lui a pas fallu plus de trois mois. Comment et pourquoi pareille opération put-elle réussir ? Les échecs du Directoire l'avaient-elle rendue inévitable et à ce point nécessaire ? Quels furent les rôles respectifs de Sieyès et de Bonaparte et de quelles complicités - y compris financières - purent-ils bénéficier ? Comment Bonaparte parvint-il à éliminer Sieyès qui avait tout préparé et pensait se voir enfin propulsé à la tête de la République ? Loin d'être une opération presque manquée, le coup d'Etat ne fut-il pas, au contraire, et comme l'a écrit Malaparte, " le premier coup d' Etat moderne " ? Telles sont les principales questions auxquelles Thierry Lentz répond dans cet ouvrage, préfacé par Jacques Jourquin.
Éditeur : PICOLLEC (17 mars 1997)
Langue : Français
Broché : 487 pages
ISBN-10 : 2864771632
ISBN-13 : 978-2864771630
Poids de l'article : 572 g
Dimensions : 13.6 x 3.2 x 21.2 cm
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