Le projet de loi "Immigration et Droit d'asile" ne va pas assez loin
Du lundi 16 avril au vendredi 20 avril, l'Assemblée examine le projet de loi pour
une immigration maîtrisée et un droit d'asile effectif.
Méchant Réac !® vous propose de revenir quotidiennement
sur l’examen de cette loi.
| A mon avis ! 
Le texte du projet de loi porte
  des ambitions bien modestes au regard de la crise migratoire inédite que
  traverse notre planète, notre continent et notre pays. Il ne répond en rien à
  la gravité de la crise que nous traversons, une crise migratoire fondée sur
  des questions géopolitiques et la multiplication des conflits démographiques.
  Le continent africain atteindra 2 milliards d’habitants en 2050 contre
  1,2 milliard aujourd’hui ; le Nigeria aura une population
  supérieure aux États-Unis et une crise migratoire risque d’être suscitée par
  les évolutions climatiques. Le pire est devant nous. Cette crise, nous la
  ressentons déjà et fortement depuis plusieurs années, avec plus d’acuité
  depuis quelques mois au travers des chiffres qui marquent la politique
  migratoire en France. Avec 262 000 titres de séjour délivrés en
  2017, nous avons atteint un record – certes, vous n’avez été au pouvoir que
  sur un peu plus de la moitié de l’année. Même si ce recensement est très
  aléatoire, on estime entre 300 000 et 400 000 le nombre de
  clandestins : 311 000 personnes sont inscrites à l’aide médicale de
  l’État (AME), ce qui est un indicateur objectif. 
Le nombre de demandeurs d’asile a, aussi,
  franchi un record : 121 000 demandes ont été déposées l’an
  dernier, dont 100 000 premières demandes. L’échec de l’intégration est
  majeur. Une étude de l’Organisation de coopération et de développement
  économiques (OCDE) sur les conditions de travail des étrangers et leur
  acquisition des savoirs à l’école, démontre cet échec flagrant qui nourrit le
  communautarisme qui se développe malheureusement avec beaucoup de force et
  qui est le terreau du terrorisme. Les coûts budgétaires de ces politiques
  sont de plus en plus élevés : 2 milliards d’euros pour l’asile
  selon la Cour des comptes ; plus d’un milliard pour l’AME. 
Il faut souligner également l’incapacité
  d’éloigner ceux qui n’ont aucun titre ni aucun droit pour demeurer sur le
  territoire national puisque, selon la Cour des comptes, 96 % des
  déboutés du droit d’asile se maintiennent dans notre pays, et que, sur
  92 000 obligations de quitter le territoire français prononcées, à peine
  17 000 sont menées à leur terme. 
Le respect du droit d’asile a
  toujours été, quels que soient les régimes, et bien avant la République, un
  principe fondamental et l’honneur de la France. Mais nous devons aussi réaffirmer que la France doit
  pouvoir choisir qui notre pays souhaite, peut et veut accueillir. 
Il
  est nécessaire de s’interroger :  
-       Sur le nombre
  d’étrangers en situation régulière dans notre pays (beaucoup trop élevé), instaurer
  des quotas d’accueil fixés chaque année par la Représentation nationale, limiter
  les modalités du regroupement familial, annuler la « circulaire
  Valls » et lutter de façon beaucoup plus déterminée contre l’immigration
  irrégulière, en refaisant de la rétention la procédure normale d’éloignement
  des étrangers en situation irrégulière. 
-       En matière
  d’éloignement de toutes les personnes de nationalité étrangère qui
  représentent une menace grave pour l’ordre public dans notre pays, nous devons
  faire en sorte que ceux dont nous connaissons la dangerosité soient éloignés
  du territoire national. 
* 
*     * 
● Du temps pour les forces de
  l'ordre  
Ces dernières disposaient jusque-là de
  16 heures pour vérifier l'identité des personnes dépourvues de papiers
  lors de leur interpellation. Ce délai sera porté à 24 heures afin
  d'éviter les libérations intempestives d'individus dangereux.  
● Accélérer les procédures d'asile (articles
  5, 6 et 8)  
C'est ce qui fait bondir les associations et les
  professionnels de l'asile. Tous les délais de procédure ont été diminués de
  manière drastique : les demandeurs d'asile n'auront plus que 90 jours au lieu
  de 120 pour déposer leur dossier à l'Office français de protection des
  réfugiés et apatrides (Ofpra). De même, ils n'auront que 15 jours pour faire
  appel devant la Cour nationale du droit d'asile. Un temps jugé trop court
  pour des personnes vulnérables souvent dépourvues de domicile fixe. Par
  ailleurs, pour décourager les demandeurs déboutés de faire appel, les
  décisions concernant les ressortissants des pays sûrs seront exécutoires sans
  attendre l'appel.  
● Augmenter le temps de
  rétention administrative (article 16)  
C'est l'un des principaux points de friction entre le gouvernement et sa majorité. Pour donner
  plus de chances aux expulsions d'être effectives, les délais de rétention
  sont rallongés. Ils passent de 45 à 90 jours. Le but est en effet de laisser
  le temps aux pays de retour de délivrer les laissez-passer consulaires
  nécessaires à l'expulsion des personnes sans risquer des libérations
  impromptues, faute de respect des délais.  
● Protéger les mineurs (article
  3)  
Les mineurs isolés qui obtiendront l'asile pourront
  demander la « réunification familiale ». Cette dernière ne concernera pas
  seulement les parents mais aussi les fratries. De même, les enfants - fille
  comme garçon - menacés de mutilations sexuelles bénéficieront de l'asile
  ainsi que leurs parents. De quoi faire craindre à la droite l'ouverture de
  nouvelles filières de passeurs. 
● Faciliter le séjour légal (articles 1 et 2)
   
Le titre de séjour qui sera accordé aux
  demandeurs d'asile sera valable 4 ans et non plus une seule petite année. De
  quoi éviter les tracasseries administratives. Les députés de la majorité
  souhaitent que les demandeurs d'asile puissent avoir l'autorisation de
  travailler au bout de 6 mois et non plus au bout de 9 comme actuellement. 
 | 
  
   
L’exposé des motifs (gouv.) 
La France, et plus généralement l’Europe, ont
  connu en 2015 une pression migratoire d’une ampleur inédite qui s’est
  traduite par une hausse importante de la demande d’asile dans tous les pays,
  non seulement en Allemagne mais également en Suède ou en Italie. 
En dépit de signes positifs (en 2016, l’agence européenne FRONTEX en
  charge de la surveillance des frontières extérieures de l’Union a dénombré
  trois fois moins d’entrées irrégulières sur le territoire européen
  - soit 511 371 - que l’année précédente), la situation reste
  tendue, et particulièrement en plusieurs points du territoire : 
– à Menton et dans les Alpes-Maritimes, confrontés à
  d’importants flux en provenance d’Italie ; 
– dans le Calaisis, vers lequel se dirige un flux, qui demeure
  soutenu, de migrants espérant pouvoir se rendre au Royaume-Uni ; 
– à Paris, où de nombreuses évacuations de campements ont dû être
  effectuées par les pouvoirs publics. 
Par ailleurs, en raison notamment des mouvements secondaires en
  provenance d’autres États membres de l’Union européenne de personnes qui
  souhaitent solliciter l’asile sur notre territoire après l’avoir déjà fait
  ailleurs, la demande d’asile demeure orientée à la hausse alors qu’elle tend
  à se stabiliser chez plusieurs de nos voisins. 
Les deux lois adoptées en 2015 et 2016 (la loi n° 2015-925
  du 29 juillet 2015 relative à la réforme du droit d’asile et
  la loi n° 2016-274 du 7 mars 2016 relative au droit des étrangers
  en France) ont apporté une première réponse aux défis posés à notre
  pays, tant pour assurer des conditions d’accueil dignes et favoriser
  l’intégration des réfugiés que pour lutter contre l’immigration irrégulière. 
Toutefois, malgré ces réformes : 
– nos délais d’examen des demandes d’asile demeurent trop longs
  (autour de onze mois en moyenne) ; 
– des campements illégaux se constituent dans les territoires et
  les agglomérations les plus exposés à la pression migratoire au
  détriment de tous : migrants, riverains et pouvoirs publics ; 
– la mise en œuvre des retours contraints des étrangers ne
  justifiant d’aucun droit au séjour en France demeure insuffisante. 
Par ailleurs, le traitement de la situation migratoire actuelle, qui est
  commune à l’ensemble des pays européens, ne peut se concevoir dans le seul
  cadre national. Les procédures européennes communes de gestion des flux
  migratoires et de demandeurs d’asile doivent être mieux appliquées. 
Il importe également que nos procédures nationales intègrent davantage
  les bonnes pratiques de nos voisins européens et notamment qu’elles
  convergent en plusieurs points vers celles en vigueur en Allemagne. Les
  différences observées entre la France et l’Allemagne, en matière de durée
  moyenne d’examen des demandes d’asile, d’accueil et d’orientation
  géographique des demandeurs d’asile ou de procédures de retour (s’agissant,
  par exemple, de la durée maximale de la rétention administrative),
  constituent autant de facteurs qui concourent à faire de notre pays la
  destination des mouvements secondaires à l’œuvre dans l’Union européenne. 
Dès lors, le présent projet de loi se donne pour objectifs
  prioritaires : 
– d’amplifier la réduction des délais des procédures d’asile en
  dotant les acteurs de l’asile de nouveaux outils qui permettront d’atteindre
  une durée moyenne de six mois d’instruction des dossiers, recours
  juridictionnel compris ; 
– de sécuriser le droit au séjour des étrangers auxquels une
  protection est reconnue et, pour les autres, de mieux articuler les
  procédures d’asile avec les procédures d’admission au séjour à un autre titre
  que l’asile et, le cas échéant, de retour ; 
– de renforcer l’effectivité et la crédibilité de la lutte contre
  l’immigration irrégulière, notamment en dotant les forces de l’ordre de
  nouvelles capacités d’investigation dans le cadre de la retenue pour
  vérification du droit au séjour et en faisant converger la durée maximale de
  la rétention administrative vers celles en vigueur chez nos voisins
  européens ; 
– d’améliorer les conditions d’accueil des talents étrangers
  (professionnels hautement qualifiés, étudiants internationaux, chercheurs) et
  de renforcer les capacités de notre pays à attirer ces profils qui
  participent tant de notre dynamisme économique que de notre rayonnement
  linguistique et culturel ; 
– de simplifier le droit au séjour des étrangers en situation
  régulière ; 
– et de sécuriser les conditions de délivrance des titres de
  séjours les plus sujets à la fraude. 
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Qu’est-ce que le règlement
« Dublin » ?
Le
règlement « Dublin » repose sur le principe qu’un seul État européen
est responsable de la demande d’asile d’une personne ressortissante d’un État
tiers. Il prévoit les modalités de détermination d’un État européen responsable
de la demande d’asile ainsi que, le cas échéant, les modalités du transfert du
demandeur vers cet État.
Il
s’agit d’éviter à la fois que le demandeur d’asile sollicite successivement
plusieurs pays européens mais aussi qu’il soit renvoyé d’un pays à l’autre sans
que sa demande ne soit jamais examinée, ce qui contreviendrait au principe de
non-refoulement de la convention de Genève.
L’État
responsable est celui qui a joué le rôle principal dans l’entrée ou le séjour
du demandeur sur le territoire européen, une série de critères, allant des
considérations familiales à la possession récente d’un visa, permettant de
déterminer cette responsabilité.
Alors qu’il s’établissait à 5 156 en
2014 et 12 094 en 2015, le nombre de demandeurs d’asile en France relevant
de la procédure « Dublin » s’est élevé à 25 963 en 2016. La
tendance s’accélère depuis le début de l’année 2017 puisque ce chiffre était de
21 404 pour le seul premier semestre, soit une augmentation de 176 %
par rapport au premier semestre 2016. 
Ce phénomène
concerne particulièrement la région Ile-de-France où le nombre de procédures
« Dublin » a été multiplié par trois en un an et représente désormais
près de 40 % des attestations de demandes d’asile délivrées.
Précédemment
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