La République Cyberpopulaire de Chine : « Et si on remplaçait la démocratie par la gouvernance de l’intelligence artificielle ? »
Depuis
quelques années, les démocraties traversent une crise sans précédent, au point
de se demander si la démocratie n’est pas arrivée au bout d’un cycle. L’élection
de Donald Trump aux Etats-Unis, le Brexit en Grande-Bretagne, la montée des
populismes en Hongrie ou en Italie, l’instabilité politique dans des démocratie
comme la France ou l’Allemagne, ont offert à l’élite politique chinoise tous
les justificatifs nécessaires pour faire taire les électeurs.
Plus que
jamais la Chine étouffe toute tentative de manifestations démocratiques. Les
décisions sont prises par un organe central, sur la base non pas de
revendications populaires ou de séances électorales, mais à partir données, à l’intelligence artificielle
et à la surveillance Web.
Un article publié
sur le site iatranshumanisme.com
(« Qui a besoin de la démocratie quand on a les données ?) nous apprend, en
effet, que la Chine construit un ordinateur semblable à « Multivac »,
un ordinateur imaginé par l’auteur de
science-fiction Isaac Asimov. Dans l’une de ses nouvelles, un seul citoyen
(pour la Chine, on imagine le président Xi Jinping) représente la population entière.
Un ordinateur, nommé Multivac, interroge cet unique représentant. Multivac recueille
les données et calculent les résultats d’une élection qui, conséquemment, n’a
plus besoin d’avoir lieu. Or,
Isaac Asimov s’était amusé, en1964, à imaginer le monde de 2014. Il faut avouer que, la justesse de son
pronostic est telle que cela en est presque effrayant.
Le
président chinois, pour comprendre et réagir aux aspirations de sa population
de 1,4 milliard d’âmes constitue une base de données gigantesque, le tout
combinant surveillance et intelligence artificielle. « Xi revendique une« cybersouveraineté » pour améliorer la censure et exercer un
contrôle total sur l’Internet dans les foyers. En mai, il a déclaré lors d’une
réunion de l’académie chinoise des sciences que la technologie était la clé
pour atteindre « l’objectif ultime d’édification d’une nation socialiste
et modernisée » (…) « L’idée d’utiliser la technologie en réseau en tant
qu’outil de gouvernance en Chine remonte au moins au milieu des années 80. (…)
Par la suite, les avancées technologiques dans le domaine de l’intelligence
artificielle et l’amélioration des processeurs ont rapproché cette vision de la
réalité. »
Nos démocraties ne sont pas à l’abri de cette mutation
politique. Aujourd’hui déjà, nos choix commerciaux sont décryptés par
anticipation. Les publicités qui apparaissent sur nos ordinateurs sont de plus
en plus ciblées. On peut programmer à l’avance le réapprovisionnement de tels
ou tels biens de consommation courante. On est aux portes de voir l’intelligence
artificielle anticiper nos besoins (et pire nos envies) avant de les avoir manifestés.
Demain, l’intelligence artificielle décidera de ce qui « fera
notre bonheur ». Elle prendra les décisions en fonction d’algorithmes,
piochés dans d’immenses bases de données, que nous aurons « librement »
alimenté pendant des années. Il convient d’être plus que jamais prudent sur
cette évolution sans en rejeter les progrès bénéfiques.