La disparition du Rassemblement National mettrait en danger la démocratie française
Un parti politique ne doit disparaître que par la volonté de la souveraineté nationale.
Le Rassemblement National
(ex-Front National) devait recevoir hier, comme d'autres partis politiques, une
avance de la moitié de l'aide publique de 4,5 millions d'euros à laquelle il a
droit, calculée selon ses résultats aux législatives de 2017 et dont le
versement a pris du retard. Mais la justice enquête sur un possible
"système" organisé par le parti et Marine Le Pen pour faire rémunérer
des permanents avec les fonds européens réservés à l'embauche d'assistants
parlementaires. Le préjudice est estimé par le Parlement européen est de 7
millions d'euros pour la période 2009 à 2017. C'est dans ce cadre qu'a été
décidé cette saisie. La décision de justice est légale et cette
disposition est prévue par l'article 706-141 du Code de procédure pénale. La
saisie pénale permet de garantir le paiement d'éventuelles amendes ou
l'indemnisation des parties civiles en cas de condamnation de la personne
physique ou morale mis en examen. Les juges ont invoqué l'endettement du
parti pour justifier cette saisie, craignant que la subvention ne serve qu'à
rembourser des emprunts et soit donc indisponible pour recouvrer d'éventuelles
pénalités.
Mais voilà, le R.N. n’est
pas une association loi 1901 comme les autres. Il s’agit d’un parti politique,
participant au jeu démocratique de la République française. La disparition du
parti de l’ultra-droite serait préoccupant pour le débat public.
Cette décision appelle
plusieurs remarques :
Si un délit a été commis,
alors il est normal que la condamnation prévoie le remboursement intégral des
sommes détournées. En l’espèce, il n’y a pas de condamnation définitive. En
phase d’instruction, les juges peuvent prendre des mesures conservatoires (tel l'article
706-141 du Code de procédure pénale cité plus haut). Mais dans ce cas, un pays
démocratique doit s’assurer que le séquestre ne menace pas l'existence même
d'un parti.
D’autres solutions existent :
la saisine d’une partie seulement de la subvention (laissant au R.N. la possibilité
d’assurer son fonctionnement) ou des suretés conservatoires sur des biens
propriétés du Rassemblement National. On notera également qu’une telle
mesure à l’égard d’un parti politique reste rare.
On s’étonne également de
la différence de traitement entre le parti de Marine Le Pen et le MoDem de
François Bayrou que l’on sait proche du pouvoir exécutif (en tout cas à la
minute où j’écris ces lignes). Le MoDem fait l’objet d’une procédure similaire.
Pourtant, aucune mesure conservatoire n’a été prise par la Justice alors que les
effectifs et le nombre d’élus du parti de François Bayrou sont bien inférieurs
(et donc les garanties de remboursement également) à ceux de l’ancien parti
frontiste.
Ce n’est pas la première fois que la justice pose
question lorsqu’elle s’attaque à certains hommes politiques. Dans le cas qui
nous intéresse, la rapidité de la procédure à l’encontre du R.N. doit être comparée
avec la lenteur à l’égard du MoDem. Cette question en appelle une autre :
la syndicalisation des juges et notamment du rôle politique du Syndicat de la Magistrature, clairement marqué à gauche.
Cette affaire doit nous amener
également à nous interroger sur le financement des partis politiques français. Je
ne sais pas si le R.N. est coupable des faits reprochés. Mais, en l’état de l’enquête,
il ne semble qu’aucune suspicion d’enrichissement personnel ne soit reprochée à
l’un ou l’autre des cadres du parti. Cela n’exonère pas de la faute, mais
éclaire une situation particulière. Les partis français dispose-t-ils des
ressources financières pour vivre et exister ? Il n’est pas normal que
certains de nos concitoyens, quelque soit leur tendance politique, ne puisse se
présenter à un mandat électif pour des raisons financières. Nous sommes là dans
un véritable déni de justice. Marine Le Pen (pour qui je n’ai pas voté ni au premier
ni au second tour) a failli être absente de l’élection présidentielle faute de
fonds propres ou d’obtention d’un prêt par une banque !
Il est urgent pour notre
démocratie de revoir les méthodes de financement des partis politiques. A
défaut nous aurions une république censitaire.
Politiquement je suis un
sarkoziste convaincu. J’avais en son temps, naturellement, participé au « Sarkothon ».
En 2014 j’avais participé à la souscription lancée par le journal communiste « L’Humanité »
pour éviter sa disparition et donc la réduction du champ de la liberté d’expression.
Pareillement, je participerai, à la hauteur de mes moyens, à l’appel aux dons
lancé par Marine Le Pen sur le site alertedemocratie.fr, comme je participerai aux appels aux dons de LFI, du NPA, de DLF et de tout parti reconnu comme tel par notre Constitution.