Nicolas Baverez: «Un sommet pour des démocraties en crise»
Les démocraties ont besoin d’en finir avec la tentation populiste et de renouer avec les valeurs qui firent leur succès.
Comme il l’avait annoncé durant sa campagne, Joe Biden a organisé les 9 et 10 décembre un sommet des démocraties.L’agenda portait sur la défense contre l’autoritarisme, la lutte contre la corruption et le respect des droits de l’homme.
Dans l’esprit du président américain, ce sommet poursuit deux objectifs. Le premier, international, consiste à effectuer une démonstration d’unité et de force des nations libres contre les régimes autoritaires, au moment où les tensions montent autour de Taïwan, de l’Ukraine, de la Méditerranée et de l’accession prochaine de l’Iran à l’arme nucléaire. Le second, intérieur, entend apporter une réponse à la crise des démocraties en témoignant de leur capacité à se réformer.
Il ne fait pas de doute que les démocraties affrontent une heure de vérité. Un peu plus de trente ans après la chute du mur de Berlin qui a créé l’illusion de leur triomphe, elles se trouvent dans la situation la plus dégradée et la plus dangereuse depuis les années 1930. La démocratie recule partout dans le monde face aux régimes autoritaires, au retour en force des dictatures et des coups d’État. Elle se trouve sous le feu croisé des menaces émanant du totalitarisme chinois, des démocratures russe et turque, des djihadistes et de la théocratie iranienne. Elle est surtout minée par son délitement interne que l’épidémie de Covid a formidablement accéléré, qu’il s’agisse de la décomposition des classes moyennes, de la polarisation de la société, de la défiance envers les institutions représentatives et les dirigeants, de la radicalisation des opinions et de la montée de la violence.
