Luc de Barochez – Pourquoi la France doit se réarmer
Face aux nouvelles menaces stratégiques, l’armée est démunie. Seul le cadre européen lui offre la possibilité de se mettre à niveau.
Retrait du Mali, déploiement en Roumanie : le mouvement de bascule effectué cet été par l'armée française dévoile un bouleversement de ses priorités. D'un côté, elle replie la voilure dans la guerre qu'elle mène depuis près de dix ans contre les djihadistes au Sahel ; de l'autre, elle monte en puissance en Europe centrale et orientale, pour rassurer nos alliés qui craignent un conflit « de haute intensité » avec la Russie.
Pourtant, il est de notoriété publique que nos soldats sous-équipés ne pourraient guère tenir plus de quelques semaines si une confrontation de grande ampleur survenait sur le théâtre européen. Pauvreté des stocks de munitions, absence de pièces de rechange, lacunes en matériels, effectifs insuffisants… Les auditions des principaux chefs militaires, qui ont eu lieu au mois de juillet devant la commission de la Défense de l'Assemblée nationale, ont dessiné un tableau inquiétant.
Troisième guerre mondiale
L'amiral Pierre Vandier, chef d'état-major de la marine, a appelé les députés à regarder avec lucidité « la perspective d'une confrontation globale ». En clair : on ne peut plus exclure l'hypothèse d'une troisième guerre mondiale. Les Allemands ont décidé, à la lumière de l'invasion de l'Ukraine, de donner un coup de fouet de 100 milliards d'euros à leur défense. Côté français, rien de tel. Le délabrement de la Bundeswehr est, certes, alarmant, mais l'armée tricolore est à peine mieux lotie. Elle n'a plus que 195 avions de chasse (contre 750 dans les années 1980), 19 grands navires de surface (contre 37). Elle manque de missiles sol-air, de drones, d'artillerie de longue portée. Elle souffre de lacunes dans le renseignement, le génie, les systèmes d'information…
