« Laissez les journalistes faire leur travail, Monsieur le ministre ! »


FIGAROVOX/ENTRETIEN - Le secrétaire d’État au numérique, Cédric O, a déclaré qu’il souhaitait la création d’un «Conseil de l’ordre des journalistes». Il a depuis regretté des «paroles un peu malheureuses», mais estime que «le sujet mérite d’être traité». Le spécialiste des médias François-Bernard Huyghe s’inquiète d’une volonté répétée de museler la parole médiatique.

FIGAROVOX.- Dans un entretien à l’agence de presse Reuters, le secrétaire d’État chargé du numérique a plaidé pour la création d’un dispositif au sein de la profession pour veiller à la déontologie. Il a depuis regretté des «paroles malheureuses» mais estime que»le sujet mérite d’être traité». Est-ce aux journalistes de lutter contre les fake news?

François-Bernard Huyghe.- Il me semble que les journalistes sont déjà censés dénoncer les «fake news», et ce pour plusieurs raisons. D’abord par éthique: c’est ce que l’on enseigne en cours de déontologie dans les écoles de journalisme. Ensuite par intérêt, car de nombreux journalistes veillent à bien marquer la différence entre les «vrais» médias, où les informations sont vérifiées à la source, et les réseaux sociaux où circulent toutes les rumeurs sans que celles-ci ne soient forcément vérifiées ni vraies. Enfin parce qu’il y a des lois qui imposent des règles, comme la loi de 1881 évidemment sur la liberté de la presse, ou la récente loi sur les fake news. Par ailleurs, la plupart des médias se sont dotés de vérificateurs ou de rubriques «fact checking» qui passent leur journée à signaler les erreurs factuelles commises par leurs confrères. Et j’ajouterai pour conclure qu’il est psychologiquement gratifiant de dénoncer une désinformation: pour l’anecdote, j’avais moi-même créé avec des amis un site de vérification en 2004 pendant la guerre d’Irak... et nous ne nous sommes pas ennuyés!


Ce conseil, s’il voyait le jour, se superposerait donc aux lois, à l’action de centaines d’ONG qui luttent contre la désinformation, au travail que fait l’Éducation Nationale, aux dénonciations par les journalistes eux-mêmes des interférences électorales... Outre la saturation, cela risque de produire un effet «boomerang» qui serait néfaste pour la profession. Une partie du public penserait: si l’on veut tant contrôler l’information, c’est que la vérité est ailleurs. Ces gens iront alors s’informer sur les réseaux sociaux où, comme je l’ai dit, l’information est souvent peu fiable. Laissons les journalistes faire leur travail!




Dans ses propos, Cédric O avait adopté un ton menaçant. Il s’en est excusé depuis. Mais craignez-vous que la lutte contre les fake news puisse devenir un instrument de contrainte de l’État sur la presse? 
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