Quatre idées pour réformer la France - Par Xavier Fontanet
Un changement significatif s’est opéré en France il y a 50 ans dans le domaine de la gestion publique . Nos hommes politiques ont abandonné les idées de Jacques Rueff recommandant que les dépenses publiques et sociales ne dépassent pas 30% du PIB, pour adopter celles de Keynes qui donnaient une justification théorique aux déficits publics. Depuis, la prospérité relative de notre pays n’a cessé de décroître.
Regardons les chiffres du PIB par tête de la Suisse et de la France : ils étaient à peu près les mêmes à la mort du président Pompidou. Aujourd’hui celui de la Suisse est deux fois et demi plus élevé. Autre indicateur significatif le Smic à Genève est à 5000 euros par mois.
Environ 50 ans après le changement de paradigme, la situation financière de la France est catastrophique. Si on ramène les recettes de la sphère publique et sociale à 100 , le déficit est à 12 et la dette à 250. Toute entreprise présentant ces caractéristiques mettrait la clé sous la porte.
Le déficit des systèmes sociaux est tel qu’il est impossible pour notre État surendetté de boucher les trous, ce qui d’ailleurs nous obligera peut-être à faire notre deuil de l’État providence, avec des conséquences capitales dans le domaine politique et social.
Du côté politique, notre Etat régalien a d’énormes défis nouveaux devant lui, en matière de défense nationale avec un environnement géopolitique qui se tend , en matière de sécurité intérieure et de contrôle de l’immigration . Pour terminer la liste et sans parler du domaine écologique où la France est bien placée grâce au programme nucléaire, on ne peut pas ne pas mentionner l’éducation. Là aussi nous chutons dans les classements mondiaux ce qui est insupportable à tous ceux qui veulent que nos enfants tirent leur épingle du jeu dans le monde qui vient face à de futurs concurrents mieux formés.
Pour repartir d’un bon pied après 50 ans de dérive, iI faut un partage des tâches. Sur le plan social : patronat et syndicats doivent trouver, ensemble, sans que l’Etat s’en mêle, le bon dosage pour équilibrer les caisses sans plomber la compétitivité de nos entreprises. Soulagé du social, l’Etat doit se concentrer désormais sur le régalien.
Quatre idées simples pour aider notre pays à faire ce virage qu’ont opéré nos voisins et lui permettre de bien vivre les 20 ans qui viennent en donnant à nos enfants les moyens de tenir leur rang.
La première idée dont il faut s’imprégner c’est que ce ne sont pas les Etats qui créent les emplois mais les entreprises. C’est évident ! Les plus grosses décident où elles veulent s’implanter en pratique dans des territoires attractifs et ceci devient de plus en plus vrai pour les PME et les ETI.
Dans un tel monde, un pays doit être attractif ce qui veut dire fournir aux entreprises un terreau fertile, des règles de fonctionnement simples et des impôts raisonnables . Un tel terreau rend naturellement les entreprises compétitives. Avoir des entreprises internationales et compétitives sur son sol assure des emplois solides et de forte valeur ajoutée.
Deuxième idée : compétitivité et attractivité. Ca concerne les Etats et les sphères sociales. Il s’agit pour elles d’adopter des régimes sportifs. On n’a jamais vu un jockey obèse gagner le prix de l’Arc de Triomphe Tout ça demande évidemment des efforts intenses qui ne peuvent s’effectuer que si une perspective est tracée et que sont bien définies les valeurs pour lesquelles on se bat.
Troisième idée : ces valeurs, nous les avons ce sont nos valeurs européennes. L’Europe est une construction de 2500 ans dont nous pouvons être fiers. Elle a commencé avec les Grecs puis les Romains, le Moyen Âge, les monastères, la révolution des lumières et l’avènement de la laïcité. Celle ci ne s’oppose pas à la religion, bien au contraire, mais elle rappelle que celle-ci relève de l’ordre privé. L’Europe c’est la liberté, la foi dans le génie de chaque être humain, le respect de l’autre, l’entraide, la protection de l’environnement et l’amour des enfants qui doivent pouvoir épanouir leur talents propres.
Le sommet de l’influence de l’Europe, ce fut probablement le début du 20ème siècle avec la découverte de la relativité, démonstration fulgurante de ce que peuvent produire les talents des différents peuples européens quand on les fait travailler ensemble sur un grand projet.
Qu’aurait été le monde si l’Europe ne s’était pas déchirée en 14/18 et en 39/45 ? Les belligérants se sont fort heureusement réconciliés, leurs talents sont toujours là, même si du retard a été pris dans des domaines clés. Il n’en reste pas moins que les valeurs européennes peuvent tout à fait permettre de se frayer un chemin et avoir sa place dans monde face aux Indiens, aux Chinois, aux africains et aux Américains du nord et du sud.
Quatrième idée : de nouveaux dangers rôdent aujourd’hui, raison de plus d’avoir des finances en ordre. Ce que devrait permettre la mise en chantier de vraies réformes structurelles.
Pas de raison de ne pas y arriver, mais encore faut-il que les raisons qui sous-tendent les politiques et qu’on vient de décrire brièvement soient bien comprises .et admises par tous et sans perdre de temps !