La philosophe, Julia de Funès, a publié en fin d'année dernière, un essai dans lequel elle s’attaque à la bien-pensance qui mine le monde de l’entreprise. Pleines de bonnes intentions, les nouvelles règles en vigueur dans le management peuvent engendrer un conformisme moral et intellectuel au sein des entreprises, affirme-t-elle et appelle à résister aux excès de cette «vertu dangereuse».
Le monde de l’entreprise s’humanise, s’adoucit, s’assouplit. Télétravail, semaine de quatre jours, management participatif... Les sociétés s’ouvrent à plus d’autonomie et de confiance. On ne peut que se réjouir de ces libertés nouvelles.
Mais gare à l’ « empire du bien » ! Lorsque la pensée positive infuse les esprits, que la bienveillance devient une injonction et le bien-être l’unique boussole, le risque est grand de sombrer dans une bien-pensance mortifère pour l’intelligence.
Julia de Funès ausculte sans complaisance les symptômes de ce mal qui gangrène désormais nos entreprises : coachs en développement personnel, fresques collaboratives en tous genres, chasse aux talents et aux soft skills, quête effrénée de diversité et d’inclusion…
Au fil d’une analyse implacable, elle démontre combien cette volonté du bien, aussi généreuse soit-elle, peut culminer en démagogie ou en imposture. Le mieux n’est-il pas souvent l’ennemi du bien ?
Salutaire pamphlet contre le politiquement correct et le prêt-à-penser, La vertu dangereuse est un appel à la résistance. Résistance au consensus mou, à la moraline simpliste, aux bons sentiments convenus.
L'Observatoire - Ouvrage
CHRONIQUES DE LIVRES par Matthieu Creson
Dans son dernier livre tout récemment paru (La Vertu dangereuse, Paris, Éditions de l’Observatoire), la philosophe Julia de Funès radiographie et discute les grandes tendances actuelles qui traversent de part en part le monde de l’entreprise : principe de précaution, lutte contre les discriminations, écriture inclusive, transition écologique, bien-être au travail, parité, parmi bien d’autres thèmes. La thèse centrale de l’essai est que – comme l’indique clairement le titre – derrière l’apparente ouverture croissante des organisations à la « bienveillance », à la « diversité » et à l’ « inclusion » se cache en réalité une injonction d’autant plus pernicieuse et tyrannique qu’elle se drape dans sa prétendue vertu. On songe ainsi à certains précédents, tel Philippe Muray, cet infatigable pourfendeur de l’ « Empire du Bien » et de la « bonté despotique », que Julia de Funès cite. On pense aussi au fameux aphorisme de Pascal, selon lequel « qui veut faire l’ange fait la bête ». Une vérité d’autant plus actuelle que les entreprises ont été de plus en plus largement gagnées au fil des années, dans leur communication, voire dans leur fonctionnement même, par le politiquement correct puis par le wokisme. Désormais pétris de bons sentiments, les services ressources humaines rivalisent d’imagination pour favoriser le « bien-être au travail », qui semble être devenu la nouvelle vertu cardinale des organisations.
Lire la suite en accès libre sur le site de l'IREF : La Vertu dangereuse
Depuis son best-seller La Comédie (in) humaine, écrit avec l’économiste Nicolas Bouzou, Julia de Funès s’est affirmée comme l’analyste de référence des dérives du management contemporain. Elle débusque comme personne les dangers des manifestes vertueux qui promettent le bien-être au travail grâce à l’inclusion, la diversité, l’intelligence collective et autres concepts généreux. Docteur en philosophie et diplômée d’un DESS en ressources humaines, Julia de Funès est moins une polémiste qu’une lanceuse d’alerte: son nouveau livre, La Vertu dangereuse, est un appel précis et argumenté à la résistance contre le prêt à penser. Et pas seulement au sein de l’univers professionnel, tant le politiquement correct imprègne la société dans son ensemble.
Les lecteurs de L’Express, qui font un triomphe à sa chronique, le savent bien : Julia de Funès est une des plus fines observatrices des travers de notre société, et plus particulièrement du monde de l’entreprise. Contrairement à nombre d’intellectuels français, cette ancienne "chasseuse de têtes" connaît bien l’univers des open spaces, et ne bondit pas quand elle entend le mot "capitalisme". Mais la philosophe aime traquer les absurdités du management, des process ou du coaching… Après ses best-sellers La Comédie (in)humaine (coécrit avec Nicolas Bouzou) et Développement (im)personnel, son nouvel essai, La Vertu dangereuse, toujours aux Editions de l’Observatoire, montre comment les entreprises sont tombées dans le "piège de la bien-pensance". Sous couvert de promotion des "soft skills", de l'"intelligence collective" et des "talents", les dirigeants et les responsables des ressources humaines font souvent plus de mal que de bien. En primeur pour L’Express, Julia de Funès défend une vision vraiment libérale et adulte du management, et explique pourquoi l’enfer professionnel est pavé de "bienveillantes" intentions.Julia de Funès : "En entreprise, osons dire stop aux pratiques absurdes" – L'Express
ENTRETIEN Par Kévin Badeau
Julia de Funès : « On en demande parfois beaucoup trop aux manageurs »
Après ses best-sellers La Comédie (in)humaine, avec l'économiste Nicolas Bouzou, et Développement (im)personnel, Julia de Funès revient en librairie. Cette philosophe, conférencière et ancienne chasseuse de têtes, qui a fait de la critique des travers du management une spécialité, publie La Vertu dangereuse aux éditions de l'Observatoire.
La thèse du livre : la bien-pensance étouffe les entreprises et la société dans son ensemble. L'autrice la défend en exposant les limites de ces concepts à la mode et parfois horripilants que sont la bienveillance, l'empathie ou encore la pensée positive… Dans cet entretien au Point, Julia de Funès enfonce le clou et adresse ses conseils pour une refonte de la posture du manageur.
Julia de Funès : « On en demande parfois beaucoup trop aux manageurs »
ENTRETIEN Par Isabelle Vogtensperger
Julia de Funès : "La reconnaissance suppose non pas la démagogie égalitariste, mais le courage de la distinction"
Dans « La vertu dangereuse » (L'Observatoire), la philosophe Julia de Funès ausculte les maux qui gangrènent notre société et en retrace la généalogie. Par une curieuse inversion des valeurs, la bien-pensance a selon elle justifié et accompagné la prolifération de « vices », d'autant plus mortifères qu'ils sont devenus incritiquables.
Quoi de moins inoffensant que les bons sentiments ? Et pourtant, les « vertus » sont parfois d’autant plus dangereuses qu’elles avancent comme des vices masqués, sous le voile de la bien-pensance, entend dénoncer Julia de Funès.