Confusion idéologique à tous les étages : Occident cherche âme perdue post fin de l’histoire - Par Edouard Husson et Bertrand Vergely

Du refus d’un néo-colonialisme à l’invocation de la mission humanitaire à visée universelle de l’Occident en passant par le constat que nous n’avons plus les moyens de protéger ou d’accueillir tous les civils qui le voudraient contre l’obscurantisme, la débâcle afghane produit un séisme idéologique qui bouleverse toutes les familles politiques.


Atlantico : La prise de Kaboul donne lieu à de nombreux commentaires. Beaucoup d’entre eux semblent témoigner d’une certaine confusion idéologique. Tout le monde est-il sous le choc ?

Edouard Husson :
Selon une célèbre formule, qui est un détournement de Bossuet: "Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes". A court terme, tout l'establishment occidental ou presque a souhaité avoir Joseph Biden à la Maison Blanche. La décision du retrait d'Afghanistan avait mûri d'Obama à Trump. Il restait à l'appliquer; mais les Etats-Unis ont installé à la Maison Blanche un individu dont les capacités cognitives sont profondément diminuées et qui ne gouverne pas. Or les institutions ne peuvent pas être tordues à volonté. On ne peut pas se substituer au commandant suprême depuis la vice-présidence ou la Chambre des Représentants. A long terme, l'échec des Américains en Afghanistan était prévisible dès le lancement de l'opération il y a vingt ans. Pourquoi les Américains auraient-ils réussi à conquérir l'Afghanistan là où tous leurs prédécesseurs ont échoué? Rappelons-nous que George W. Bush avait lancé cette guerre pour punir les Talibans d'avoir hébergé Oussama Ben Laden. Mais on ne gagne pas une guerre que l'on a engagée pour un mauvais motif. La guerre d'Afghanistan a toujours été profondément impopulaire aux USA. Et elle se finit par un désastre qui rappelle irrésistiblement l'abandon de la péninsule indochinoise dans la panique en 1975. Nos gouvernants, nos journalistes, nos intellectuels ont la mémoire courte. La Guerre de Vingt Ans a permis aux talibans de retrouver une légitimité, qu'ils avaient perdue en exerçant le pouvoir à la fin des années 1990. Et nous allons revoir les mêmes scènes qu'il y a vingt cinq ans: voilement total des femmes, application littérale de la loi islamique, iconoclasme fanatique. Le choc dont vous parlez est celui de décideurs et influenceurs occidentaux qui n'ont plus de mémoire historique et dont les capacités d'analyse sont paralysées par la crise terminale du mondialisme.

Bertrand Vergely : La prise de Kaboul par les talibans est un événement très grave. Il y a quatre raisons faisant qu’il est difficile de parler de cette catastrophe : l’échec qu’il signifie, la rupture qu’elle implique, la violence de ses auteurs et le message qui est lancé.

S’agissant de l’échec, l’Occident a été en guerre contre les talibans durant 20 ans. Le but de cette guerre était de faire échec aux talibans et à l’islamisme. Ce but n’a pas été atteint. Les talibans ont gagné. Sortant vainqueurs de cette guerre, tout ce qui a été fait et dépensé durant vingt ans n’a servi à rien. Dans cette défaite cinglante, l’effondrement moral de l’Occident est sans conteste ce qu’il y a de plus préoccupant. Les Américains expliquant il y a peu encore que jamais les talibans ne rentreront dans Kaboul, la fuite du président afghan à l’étranger, la déroute de l’armée afghane fuyant en Ouzbékistan au lieu de combattre, l’incapacité de Joe Biden d’avouer cet échec, sa façon de le noyer en disant que les objectifs américains ont été atteints : tout cela étant pathétique, pitoyable et honteux, il est normal que l’on ait du mal à parler. Que dire ?

S’agissant de la rupture, quand l’Amérique a perdu la guerre du Vietnam et que les communistes vietnamiens ont gagné, il y avait certes défaite de l’Amérique, mais malgré tout il y avait avec le communisme des liens possibles. Les communistes étaient pour une camaraderie universelle. La France et les États-Unis étaient pour une fraternité universelle. Entre frères et camarades on peut s’entendre. Avec les talibans, leur but étant l’islam et rien d’autre, il n’est pas question de camaraderie ni de fraternité. Aucune valeur commune n’existant, on ne voit pas comment il sera possible de s’entendre avec eux. Ne voyant aucune issue, l’angoisse face à l’avenir devient le seul horizon. D’où la difficulté de dire quelque chose d’intelligent. Quand on est angoissé, on a toujours du mal à parler.

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