Faut-il écouter la voix du peuple? - Par Olivier Galland

La question paraît provocante car la poser suppose qu’on puisse y répondre par la négative, ce qui constituerait un déni de la démocratie et pourrait apparaître comme une marque de mépris social. Pourtant il faut bien se confronter à cette question car elle traverse tous les débats sur le «populisme».


Mais tout d’abord quel est le constat ? Le constat est qu’un nombre important de Français – et plus souvent des Français d’origine populaire - adhère à des idées ou professe des convictions que dément la froide analyse rationnelle. Elle les dément soit parfois sur les faits eux-mêmes (la croyance dans la vertu thérapeutique de l’hydroxychloroquine par exemple), sur le diagnostic de l’état du pays ou sur des propositions de réformes portées par certains partis politiques ou certains groupes de pression qui prétendent parler au nom du peuple. Par exemple, avant l’élection présidentielle, l’économiste Philippe Aghion écrivait une petite chronique dans le journal les Echos intitulée « Choisir Marine Le Pen serait irrationnel ». Et il concluait par cette phrase « les électeurs français retrouveront-ils la raison d’ici au 24 avril ? ». Ils ne l’ont pas entièrement retrouvé puisqu’ils ont porté Marine Le Pen au second tour. Un débat du même ordre s’est instauré avec le programme de Jean-Luc Mélenchon et de la NUPES à l’aube des élections législatives. Plusieurs analystes ont fait apparaître les conséquences économiques catastrophiques qu’aurait l’application de ce programme. Une note de Terra Nova, un think thank progressiste, parle de Jean-Luc Mélenchon comme d’un Human Bomb, avec sa volonté affichée de créer une sorte de chantage au chaos en Europe pour la forcer à passer sous ses fourches caudines. Mais cela n’empêche pas apparemment près de 27 à 28% des électeurs de s’apprêter à voter pour ce programme.

La crise sanitaire du Coronavirus a été une sorte de laboratoire expérimental mettant en lumière l’éloignement d’une assez grande partie des Français à l’égard de la science et des interprétations rationnelles du monde. Lorsqu’on parle ici de « rationalité » on entend une rationalité de type instrumental, et non une rationalité en valeurs. Suivant Raymond Boudon, on admet parfaitement que tout comportement social doit s’interpréter, si ce n’est par une rationalité instrumentale, au moins par une rationalité en valeurs. Mais c’est justement la question : que recouvre-t-elle aujourd’hui parmi ceux des Français qui récusent les interprétations que leur proposent les experts ou les scientifiques ? Rappelons-le cette défiance à l’égard de la science est forte et socialement clivée. Une note du CEVIPOF[1] le montrait bien : en 2020, à l’occasion de la crise du Coronavirus, le soutien à la science ne s’est pas renforcé, au contraire. Et il est d’autant plus faible que le niveau d’étude est bas : seuls 30% des Français de niveau CAP soutiennent fortement la science, 45% au niveau Bac, 58% au niveau master et 64% au niveau du doctorat ou des grandes écoles.

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