Gabriel Matzneff : liberté, complaisance et défaillances

Le seul bénéfice, parfois, de certaines polémiques est d’obliger à réfléchir sur des problématiques essentielles pour la démocratie. En l’occurrence celle de la liberté d’expression qui, avec l’affaire de Gabriel Matzneff et de ses journaux intimes, revient au premier plan.


Tout épris que je sois de la liberté d’expression et notamment de la défense de celle des autres, parce qu’elle m’est toujours apparue comme l’un des liens forts d’une société par ailleurs éclatée, je n’ai jamais considéré qu’elle devait être sans limites. Mais la réflexion sur celles-ci est beaucoup moins évidente que les censeurs compulsifs peuvent le penser.


Si on laissait faire ces derniers, ce principe démocratique, à force de se voir arracher une protection particulière pour chaque corporation, deviendrait exsangue et, de fait, interdirait toute pensée authentique qui porte atteinte nécessairement à autrui et risque de créer des plaignants et des victimes. Si la liberté est mise à la disposition des uns et des autres, elle risque de se résumer à des paroles et à des écrits tièdes et aseptisés.


La dérive sans doute fondamentale de cet étrange climat contemporain qui mélange audace médiatique vulgaire et pudeur ridicule au sujet du moindre propos qui sortirait du suave mou et immédiatement qualifié de clash, tient à la perversion de ne plus s’interroger sur l’exigence de vérité mais sur l’obligation de décence. Aujourd’hui ce n’est plus le droit à l’expression libre qui domine mais la retenue qui est imposée par un certain nombre de «maîtres» et de gardiens de la morale - la leur en tout cas - obsédés par la judiciarisation de la pensée plus que par le débat démocratique et contradictoire.


Cette conviction m’a habité dès que j’ai été amené, à partir de mes propres appétences, à me pencher, judiciairement et civiquement, sur la liberté d’expression. Sans doute ai-je parfois abusé de cette passion en comprenant trop bien telle ou telle outrance, telle globalisation dangereuse, ici un paradoxe sulfureux, là une incongruité choquante mais en général j’ai cherché à me tenir sur une crête évitant l’enfer du nauséabond et sauvegardant le bienfait de la critique et de l’admissible.

Mais plus enfle la controverse sur les journaux intimes de Matzneff, plus je me confronte à des interrogations qui ne sont pas simples à élucider.


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