Macron et ses soutiens : « les réseaux sociaux, voilà l’ennemi ! »
Au dictionnaire des idées reçues de l’époque, surtout ne pas
oublier de liquider l’espace de débat public des réseaux sociaux dans un
tourbillon de lieux communs aussi banals que manipulateurs et liberticides.
Emmanuel Macron, dans ses vœux à la presse du lundi 15
janvier, s’est ainsi livré à un curieux exercice, quelque part entre l’esquive,
le lancer de couteaux raté et la danse du ventre.
Le Président dont on connaît les relations difficiles avec la
presse, -laquelle a pourtant largement contribué à sa prise de pouvoir, qui le lui a bien mal rendu par la suite-, a été pris
à parti en préambule de cette rencontre, poliment mais fermement, par Olivier
Bost, journaliste à RTL et président de la presse présidentielle, qui a énuméré
quelques exemples des menaces dont la liberté de la presse fait l’objet de la
part du pouvoir : convocations de
journalistes par la DGSI qui travaillaient notamment sur l’utilisation d’armes
françaises au Yemen, loi sur le secret des affaires qui fait peser un risque
juridique majeur sur la profession au regard notamment de la protection du
secret des sources, difficultés rencontrées par la presse pour faire correctement
son travail lors des nombreuses manifestations qui émaillent ce quinquennat en
raison des réactions parfois violentes et répressives des forces de l’ordre
–journalistes professionnels titulaires de leur carte de presse embarqués au
commissariat, privés de leurs protections, privés de leur matériel de travail
dans le suivi des manifestations, etc. Cette liste n’est pas exhaustive, loin
s’en faut, et il conviendrait notamment d’y ajouter la mise en place d’un « Conseil
de déontologie journalistique et de médiation » (CDJM) en décembre 2019,
sous l’impulsion directe et selon les souhaits du gouvernement, ce qui laisse
aisément augurer de son réel niveau d’indépendance et qui le fait davantage
ressembler, pour l’heure, à une sorte de Conseil de l’Ordre des
journalistes : du contrôle des « bonnes pratiques » à celui de
la « bonne pensée » courtisane, il n’y a guère qu’un tout petit pas
et la France n’est pas le pays du Watergate.
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