Israël ouvre magistralement une nouvelle ère de l’histoire du Moyen-Orient : jusqu’où ira l’effet domino ? - Par Emmanuel Razavi
Le Hezbollah a officiellement annoncé, samedi 28 septembre, la mort de son chef Hassan Nasrallah, tué dans un raid israélien sur la banlieue sud de Beyrouth le 27 septembre : l'Etat Hébreu ouvre magistralement une nouvelle ère de l’histoire du Moyen-Orient analyse Emmanuel Razavi.
Atlantico : L'armée israélienne a affirmé ce samedi que « la plupart » des hauts dirigeants du Hezbollah libanais avaient été « éliminés », après l'annonce de la mort de son chef Hassan Nasrallah, dans une frappe vendredi à Beyrouth. Quel va être l’impact de la mort de Hassan Nasrallah pour le Liban ? Les forces démocratiques libanaises vont-elles pouvoir repousser l’influence iranienne et rétablir une souveraineté politique non assujettie à une organisation terroriste ?
Emmanuel Razavi : La mort de Nasrallah, comme tout ce qui se passe au Liban actuellement, constitue un séisme. Pour le Hezbollah, mais aussi pour la République islamique d'Iran. Cela rebat les cartes, et surtout, montre qu’Israël a toutes les données en main. Car l’état-major du Hezbollah est décapité, ce qui affaiblit Téhéran. Il faut comprendre que le Hezbollah est bien plus qu’un simple proxy pour la République islamique d’Iran. C’est en fait la réplique du Corps des Gardiens de la révolution islamique au Liban. C’est Ali Akbar Mohtashamipur, un religieux iranien très proche de l’Ayatollah Khomeini qui était en exil avec lui en France fin 1978, qui contribua véritablement à sa création en 1982, alors qu’il était ambassadeur de la République islamique d’Iran en Syrie. C’est depuis son bureau à Damas, qu’il coordonnait les premières actions du Hezbollah.
Ensuite, parce que le guide suprême Ali Khamenei, successeur de Khomeini, entretenait une relation suivie avec Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, qui lui remettait des rapports et des renseignements. Maintenant, concernant le Liban, je ne vais pas jouer les devins, d’autant que le pays du cèdre est fragilisé par la corruption et une instabilité chronique. La situation est extrêmement fragile, et les mollahs, comme le Hezbollah, ont deux options : ou ils admettent leur défaite et reculent ou ils se lancent dans une déstabilisation du Liban pour faire pression sur la communauté internationale. Une donnée nous échappe : Israël et la République islamique d’Iran vont-ils s’affronter ? Personne n’a la réponse au moment où je réponds à vos questions. Samedi après-midi, une source iranienne proche du régime m'indiquait que « si la tendance actuelle se poursuit, Israël fera certainement quelque chose à l'intérieur de l'Iran. On peut s’attendre à toute sorte d’opérations, de la cyberattaque au sabotage, en passant par de possibles actions au sol. »
Enfin, l’entourage de Khamenei est divisé sur la stratégie à suivre. Il y a ceux qui pensent que le moment de l’affrontement avec Israël et ses alliés est venu, et ceux, pragmatiques, qui pensent qu’en cas de guerre avec l’État hébreux, ce sera la fin de la République islamique. Pezechkian est plutôt favorable à une riposte par des moyens indirects. En clair, cela veut dire par le biais des proxys et des groupes terroristes.