La croissance selon Philippe Aghion, le Prix Nobel d’économie qui préfère la croissance à l’impôt - Par Anne de Guigné
Le mot de Méchant Réac® - Par Laurent SAILLY
Philippe Aghion, professeur au Collège de France, à l’Insead et à la LSE, a reçu le Prix Nobel d’économie pour ses travaux sur la croissance fondée sur l’innovation. Proche d’Emmanuel Macron, il fut son conseiller économique en 2017 et reste une figure influente du débat public.
Défenseur d’une social-démocratie productive, il s’oppose à la taxe Zucman sur le patrimoine, qu’il juge pénalisante pour les start-ups et l’investissement. Aghion milite pour une Europe plus compétitive, soutenant les recommandations du rapport Draghi, et rejette les propositions visant à freiner l’intelligence artificielle ou taxer les robots. Héritier d’un milieu intellectuel et artistique, fils de Gaby Aghion (fondatrice de Chloé), il conjugue rigueur académique et engagement politique. Sa théorie schumpétérienne de la « destruction créatrice » a renouvelé la pensée économique, en intégrant les incitations à innover. Il incarne une vision optimiste : une société à la fois innovante, inclusive et protectrice.
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Récompensé cette année, avec Peter Howitt et Joel Mokyr, par le prix de la Banque de Suède en mémoire d’Alfred Nobel, Philippe Aghion a consacré son œuvre à comprendre la dynamique de la croissance, en mettant en avant le rôle central de l’innovation. Sans esquiver des questions épineuses : quel rôle pour l’État et la politique industrielle, quand l’enjeu est de se maintenir à la frontière technologique ? Quelle place faire à la concurrence ? Comment maîtriser les inégalités dans un contexte de croissance par l’innovation où l’apport en capital est de plus en plus déterminant ? Ses six articles publiés sur Telos depuis 2015, certains avec ses amis et coauteurs Gilbert Cette et Élie Cohen, éclairent ces questions.
La stigmatisation d’Emmanuel Macron en Président des riches illustre la difficulté à accepter les politiques de l’offre. Si l’on veut écarter les fausses évidences sur le rétablissement des marges ou sur la hausse des dividendes, il faut accepter un long détour statistique, définir les concepts utilisés, expliquer les résultats partiellement contradictoires livrés par les indicateurs et malgré tout produire du sens.
Le ralentissement de la croissance de la productivité totale des facteurs a amené certains économistes à penser que le monde est à court d'idées pour l'innovation. Mais avant d’en venir à cette conclusion il faut réviser la façon dont on mesure la production. Or la méthode d’imputation utilisée aujourd’hui introduit un biais de la mesure de la production. En faisant la distinction entre les produits véritablement nouveaux et les produits existants, on peut repérer et quantifier une « croissance manquante », qui n’est pas mesurée aujourd’hui.
Il ne faut pas se voiler la face : l’innovation est l’un des facteurs de la croissance des inégalités. Elle n’en a pas moins des vertus en termes de croissance, bien sûr, mais aussi de mobilité sociale. Une fiscalité redistributive bien conçue saura distinguer entre l’innovation et d’autres sources d’inégalités en haut de l’échelle des revenus.
Défenseur d’une social-démocratie productive, il s’oppose à la taxe Zucman sur le patrimoine, qu’il juge pénalisante pour les start-ups et l’investissement. Aghion milite pour une Europe plus compétitive, soutenant les recommandations du rapport Draghi, et rejette les propositions visant à freiner l’intelligence artificielle ou taxer les robots. Héritier d’un milieu intellectuel et artistique, fils de Gaby Aghion (fondatrice de Chloé), il conjugue rigueur académique et engagement politique. Sa théorie schumpétérienne de la « destruction créatrice » a renouvelé la pensée économique, en intégrant les incitations à innover. Il incarne une vision optimiste : une société à la fois innovante, inclusive et protectrice.
Anne de Guigné
« Il faut produire pour pouvoir redistribuer » : Philippe Aghion, le Prix Nobel d’économie qui préfère la croissance à l’impôt
«L’ouverture est un moteur de croissance, tout ce qui entrave l’ouverture est un obstacle à la croissance», a insisté Philippe Aghion à l’annonce du prix, au moment où les États-Unis ont entrepris de relever leurs droits de douane. Il a mis en garde l’Europe, estimant que le continent européen ne devait pas laisser les États-Unis et la Chine «devenir les leaders technologiques et perdre face à eux».
Philippe Aghion est également revenu sur l’écart de richesse qui s’est creusé entre États-Unis et zone euro depuis les années 1980. «Après une période de rattrapage de l’Europe par rapport aux États-Unis en termes de PIB par habitant entre la Seconde Guerre mondiale et le milieu des années 80», l’écart s’est à nouveau creusé, a expliqué l’économiste français.
«La raison principale est que nous n’avons pas réussi à mettre en œuvre des innovations technologiques majeures. Nous sommes restés cantonnés à des avancées technologiques moyennes, ce qui correspond tout à fait (à ce qu’explique) le rapport Draghi, car nous ne disposons pas des politiques et des institutions adéquates pour innover dans le domaine des hautes technologies», a dit Philippe Aghion. «Nous ne disposons pas d’un écosystème financier propice à l’innovation», a-t-il déploré.
Source: Le Prix Nobel d’économie 2025 décerné au Français Philippe Aghion, à l’Israélo-américain Joel Mokyr et au Canadien Peter Howitt
Prix Nobel d’économie 2025 :
la croissance durable portée par l’innovation
Philippe Aghion, Élie Cohen, Benjamin David et Timothée Gigout, le 4 juin 2021
L’évidement du cœur manufacturier français se lit dans les chiffres de la production industrielle, le commerce extérieur, ou les investissements des entreprises françaises… à l’étranger. La crise du Covid-19 a provoqué une prise de conscience. Mais comment faire ? Relocaliser n’a de sens que sur quelques produits critiques. La grande question, pour réindustrialiser, est de reconstituer notre potentiel d’innovation.
Qui devient inventeur ? Les individus les plus doués, ou ceux qui sont issus d’un milieu socio-économique privilégié ? En travaillant sur des séries statistiques américaines et finlandaises, nous faisons apparaître des dynamiques sociales significatives. Cette analyse a des implications politiques.
Philippe Aghion, Ufuk Akcigit, Ari Hyytinen et Otto Toivanen, le 3 janvier 2018
Qui devient inventeur ? Les individus les plus doués, ou ceux qui sont issus d’un milieu socio-économique privilégié ? En travaillant sur des séries statistiques américaines et finlandaises, nous faisons apparaître des dynamiques sociales significatives. Cette analyse a des implications politiques.
Philippe Aghion, le 15 décembre 2017
L’effet conjugué du progrès des connaissances, de la croissance et de la mondialisation du commerce, ont permis à une large fraction de la population mondiale d’échapper à la pauvreté. Dans les pays qui en ont le plus largement profité, comme dans les pays avancés, on assiste cependant à la montée des inégalités. Faut-il s’inquiéter de cette montée des inégalités à l’intérieur de nos pays et peut-on la maîtriser ?
Philippe Aghion, Gilbert Cette et Élie Cohen, le 20 octobre 2017
Philippe Aghion, Antonin Bergeaud, Timo Boppart, Peter Klenow et Huiyu Li, le 17 octobre 2017
Le ralentissement de la croissance de la productivité totale des facteurs a amené certains économistes à penser que le monde est à court d'idées pour l'innovation. Mais avant d’en venir à cette conclusion il faut réviser la façon dont on mesure la production. Or la méthode d’imputation utilisée aujourd’hui introduit un biais de la mesure de la production. En faisant la distinction entre les produits véritablement nouveaux et les produits existants, on peut repérer et quantifier une « croissance manquante », qui n’est pas mesurée aujourd’hui.
Philippe Aghion, Ufuk Akcigit, Antonin Bergeaud, Richard Blundell et David Hemous, le 2 septembre 2015