Les exigences d’une dissuasion globale
Le terme dissuasion est souvent associé à
celui de nucléaire et celui-ci présente un caractère de grande actualité en
cette année du 30e anniversaire de la fin de la Guerre froide (1).
En effet les tensions, suscitées ou
entretenues par les États-Unis avec la Corée du Nord et l’Iran, la rupture de
l’accord sur les armes nucléaires à portée intermédiaire (INF) (2), sans parler des
nouvelles menaces - cyber et spatiales - qui sont susceptibles de peser sur nos
intérêts vitaux, replacent la notion de dissuasion sur le devant de la
politique internationale.
La dissuasion ne peut être que globale sauf à être contournée
Les menaces auxquelles notre pays doit se préparer à faire face exigent de disposer de capacités dissuasives à vaste spectre. En effet, l’arme nucléaire, qui peut dissuader une puissance nucléaire ou conventionnelle disposant d’une armée puissante, ne dissuadera pas des groupes terroristes, des milices ou un pays ayant des ambitions territoriales limitées loin d’Europe.
La dissuasion ne doit donc pas être seulement nucléaire mais aussi classique.
La France dispose aujourd’hui de capacités nucléaires
crédibles : deux composantes – sous-marine et aéroportée – dont la fiabilité
est régulièrement testée ; les armes le sont grâce à la simulation que permet
le laser mégajoules, les vecteurs portant les charges et les leurres sont
renouvelés à un rythme tel qu’il garantit les capacités de pénétration à
travers les défenses adverses ; enfin les équipages sont entraînés et évalués
lors d’exercices réguliers dont nombre d’aspects demeurent confidentiels. Le
raid d’une durée de 11h30 effectué cette année par l’armée de l’Air de l’île de
la Réunion jusqu’en Métropole à l’issue duquel un missile de croisière fut tiré
avec succès dans le sud-ouest de la France conforte la crédibilité de cette
composante au même titre que les patrouilles de SNLE effectuées sans discontinuité depuis le
21 mars 1972, date de la 1ère patrouille du Redoutable.
Mais la palette dissuasive doit être
complétée par des capacités
de frappe conventionnelle puissante et à longue distance.
La France dispose du Rafale équipé de missiles de croisière air-sol à charge conventionnelle et, depuis peu, de frégates multimissions (FREMM) et bientôt de sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) équipés de missiles de croisière navals (MdCN) d’une portée de plus de 1 000 km avec une précision métrique.
Enfin une dissuasion classique complète exige de pouvoir projeter rapidement une force interarmées puissante sur une zone éloignée soit pour renforcer des forces prépositionnées, soit pour mener une opération de rétorsion visant à restaurer une situation et la dissuasion en montrant sa force et sa détermination à agir par les armes, le cas échéant dans la durée.
Outre le nombre des personnels et le volume des matériels ainsi que leurs caractéristiques, ce sont la qualité des hommes et des femmes des Armées, leur niveau d’entraînement individuel et collectif, leur moral, leur sens du devoir, leur esprit de sacrifice qui concourent directement à la crédibilité de cette dissuasion globale.
La France dispose du Rafale équipé de missiles de croisière air-sol à charge conventionnelle et, depuis peu, de frégates multimissions (FREMM) et bientôt de sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) équipés de missiles de croisière navals (MdCN) d’une portée de plus de 1 000 km avec une précision métrique.
Enfin une dissuasion classique complète exige de pouvoir projeter rapidement une force interarmées puissante sur une zone éloignée soit pour renforcer des forces prépositionnées, soit pour mener une opération de rétorsion visant à restaurer une situation et la dissuasion en montrant sa force et sa détermination à agir par les armes, le cas échéant dans la durée.
Outre le nombre des personnels et le volume des matériels ainsi que leurs caractéristiques, ce sont la qualité des hommes et des femmes des Armées, leur niveau d’entraînement individuel et collectif, leur moral, leur sens du devoir, leur esprit de sacrifice qui concourent directement à la crédibilité de cette dissuasion globale.
La crédibilité de la dissuasion repose autant sur les capacités opérationnelles que sur la détermination des décideurs politiques et la cohésion de la Nation
Tout système de forces n’a de valeur que s’il est animé par la volonté politique et soutenu par la Nation. La crédibilité de la dissuasion repose sur ces deux autres piliers.
En France, le président de la République est le chef
des Armées. C’est à lui que revient la décision d’emploi de l’arme nucléaire
s’il estime que les intérêts vitaux sont menacés. Cette notion d’intérêts
vitaux, jamais définie, pourrait inclure non seulement l’intégrité du
territoire mais aussi celle de ses dispositifs spatial et informatique qui
fondent aujourd’hui et plus encore demain l’indépendance de la Nation et la vie
de la population (eau, énergie, …).
Cette crédibilité politique doit être validée au quotidien par la détermination dont doit faire preuve le chef de l’État pour tout ce qui a trait aux fonctions régaliennes.
Quelle crédibilité peut avoir un chef d’État s’il accepte l’existence de zones de non droit ? Que l’intégrité territoriale soit, de fait, remise en question dès le temps de paix par des citoyens ?
Qu’une minorité activiste puisse vivre hors la loi et dans une quasi impunité ?
Cette crédibilité politique doit être validée au quotidien par la détermination dont doit faire preuve le chef de l’État pour tout ce qui a trait aux fonctions régaliennes.
Quelle crédibilité peut avoir un chef d’État s’il accepte l’existence de zones de non droit ? Que l’intégrité territoriale soit, de fait, remise en question dès le temps de paix par des citoyens ?
Qu’une minorité activiste puisse vivre hors la loi et dans une quasi impunité ?
Mais
la
population
a également toute sa place dans la valeur de la dissuasion d’autant
qu’il n’y a pas d’armée forte et de Défense crédible sans une nation unie,
soudée et déterminée à rester indépendante. Elle doit le montrer à chaque
occasion. À cet égard, les attentats ne doivent pas seulement susciter des
vagues d’émotion mais inciter à mettre en œuvre des mesures à la hauteur du
défi. La Nation doit accepter ces contraintes comme elle accepte les efforts
financiers qu’elle fait pour disposer de forces armées bien équipées et
toujours disponibles.
La France a une ambition à vocation
mondiale et des responsabilités particulières. Elle doit en priorité remettre à
niveau ses capacités militaires de dissuasion et d’action. Le président de la
République a rappelé que les engagements budgétaires retenus dans la LPM seront
rigoureusement respectés.
Mais il faut aussi qu’il s’engage sur la disparition des zones de non droit et la restauration de la cohésion nationale faute de quoi sa crédibilité et celle de la dissuasion seront considérablement amoindries.
Mais il faut aussi qu’il s’engage sur la disparition des zones de non droit et la restauration de la cohésion nationale faute de quoi sa crédibilité et celle de la dissuasion seront considérablement amoindries.
(1) Le hors-série 2019 de l’ASAF, qui paraîtra en novembre, sera consacré à La France dans la Guerre froide.
(2) INF : Intermediate-Range Nuclear Forces.