13 décembre 1940 : Laval, « l’éclipse de la France » *
*selon la formule de l'historien britannique Geoffrey Warner
Le mot de Laurent Sailly
Le 13 décembre 1940 marque un tournant majeur dans l’histoire du régime de Vichy. Pierre Laval, vice-président du Conseil et dauphin désigné de Philippe Pétain, est brusquement écarté du pouvoir. Jugé trop favorable à la collaboration avec l’Allemagne, il perd la confiance de l’entourage du maréchal. Ce jour-là, alors qu’il organise un voyage officiel pour Pétain, les conjurés convainquent ce dernier de le renvoyer. Arrivé à Vichy à midi, Laval est démis de ses fonctions dans la soirée, puis arrêté et placé en résidence surveillée. Ses proches collaborateurs, dont Brinon et Déat, subissent le même sort.
Cette éviction provoque la colère de Berlin. Hitler considère l’affaire comme un affront personnel et son représentant, Otto Abetz, exige le retour de Laval au gouvernement. Pétain refuse, affirmant que sa dignité serait compromise. Après plusieurs jours de discussions, les Allemands doivent reconnaître que le prestige du maréchal est indispensable pour maintenir l’autorité du régime, plus encore que l’habileté politique de Laval.
L’épisode révèle les tensions internes de Vichy et la dépendance vis-à-vis de l’Allemagne. Laval, persuadé qu’une paix de compromis contre le bolchevisme était possible, se trompa lourdement. Son anticommunisme et sa confiance excessive en ses talents de négociateur l’amenèrent à des erreurs fatales.





