J’ai lu et aimé : « Pour le succès des armes de la France » du général Pierre de Villiers – Par Laurent Sailly
Il appelle à un « réarmement des forces morales » du pays, estimant que la France doit impérativement refonder en profondeur son modèle d’armée pour faire face aux menaces extérieures et intérieures. Selon lui, la fragilité du modèle militaire français résulte d’une dépendance excessive à l’OTAN et à la dissuasion nucléaire, couplée à une baisse du budget de défense. Il critique la « myopie coupable » des responsables politiques, trop focalisés sur l’actualité immédiate et les « dividendes de la paix » depuis la chute du mur de Berlin, qui ont négligé le retour des menaces malgré ses alertes répétées depuis 2015.
Face aux tensions mondiales, au désengagement américain de l’OTAN, aux ambitions russes et chinoises, et à l’instabilité du Moyen-Orient, Pierre de Villiers souligne la nécessité de renforcer les effectifs, la formation et la logistique militaire. Il critique le modèle actuel d’« armée échantillonnaire », adaptée aux opérations extérieures mais inapte à une guerre conventionnelle de haute intensité. Il n’exclut pas une implication accrue des armées sur le territoire national face à des menaces hybrides : guerre informationnelle, cyberattaques, manipulations, actions hostiles d’États-puissances. Dans certains cas extrêmes, le maintien de l’ordre pourrait basculer vers une logique militaire.
Sur le plan institutionnel, il propose un service militaire obligatoire de dix mois pour les étudiants de certaines grandes écoles, afin de former des cadres dotés d’une véritable culture de défense. Il appelle à renforcer les réserves et à développer un partenariat entre Armées et Éducation nationale. Il rejette l’idée d’une armée européenne fusionnée, estimant qu’elle serait incompatible avec la cohésion et l’homogénéité nécessaires des troupes. Pour lui, l’Europe doit coopérer sans se fondre. Le réarmement français repose sur un triptyque : forces armées, forces régaliennes, forces morales, et sur un autre : peur, courage, sursaut. Il estime qu’un conflit est désormais possible, y compris sur le sol français, et rappelle le principe Si vis pacem, para bellum : la paix exige l’effort de guerre, qui nécessite au moins dix ans de préparation.
Il considère que la dissuasion nucléaire, bien qu’essentielle, ne suffit plus : son financement a affaibli les forces conventionnelles, incapables de soutenir une guerre de haute intensité faute de volume, de stocks, de logistique et de formation. Il insiste sur la nécessité de retrouver une cohésion nationale, fragilisée par des fractures sociales, géographiques et générationnelles. Pour y parvenir, il propose de renforcer l’éducation, la famille et la jeunesse, et défend l’idée d’un service militaire obligatoire pour les étudiants des grandes écoles, afin de recréer un sentiment d’unité et d’autorité. Il estime qu’un effort budgétaire supplémentaire de cinq milliards d’euros par an jusqu’en 2035 est indispensable, en complément des hausses déjà annoncées. Il critique le Service national universel, jugé inefficace, mais salue la création d’un service national volontaire, tout en soulignant les défis financiers, logistiques et d’encadrement que ce projet devra surmonter.
Enfin, le général de Villiers met en garde contre les fractures internes françaises, jugeant la cohésion nationale insuffisante et estimant que l’on n’apprend plus assez aux jeunes à aimer la France. Il rappelle que l’opération Sentinelle visait à restaurer la confiance après 2015. Aujourd’hui, il perçoit une attente de patriotisme, notamment chez les jeunes. Il insiste sur la nécessité d’agir rapidement et massivement pour restaurer la cohésion nationale et la puissance militaire, en se préparant sérieusement aux menaces révélées notamment par la guerre en Ukraine. Il souligne que l’immigration mal intégrée a accentué les fractures sociales et affaibli le patriotisme, désormais perçu comme ringard ou extrémiste. Sa conclusion est sans appel : pour éviter la guerre, il faut réarmer massivement et restaurer l’esprit de défense. Il met aussi en garde contre le terrorisme islamiste, qui profite d’une Europe sans frontières, et insiste sur la nécessité d’un sursaut collectif fondé sur la force, seule capable de faire reculer la violence.

