Rémi Brague : «La loi de 1905 a été possible car la République et les catholiques avaient en commun l’amour de leur pays»
Rémi Brague insiste sur la singularité de la laïcité française, née d’un conflit avec le catholicisme mais rendue possible par un patriotisme partagé. Il doute qu’un modèle similaire puisse être appliqué à l’islam, en raison de son histoire différente et de son absence d’autorité centralisée.
La loi de 1905, qui institue la séparation des Églises et de l’État, n’est pas un aboutissement définitif mais le résultat d’un long processus historique. Elle marque un tournant majeur dans l’histoire de la laïcité française, dont l’interprétation a varié au fil du temps. Rémi Brague insiste sur la singularité de cette laïcité, difficilement traduisible et propre à la France, contrairement à d’autres pays européens où la liberté religieuse est garantie par des moyens juridiques différents et souvent moins conflictuels.
Le rapport entre République et catholicisme fut central : les catholiques, déjà partie intégrante de la nation, ont fini par accepter le régime républicain après l’appel du pape Léon XIII. La loi fut une victoire relative : elle libéra l’Église du contrôle direct de l’État, mais obligea ce dernier à entretenir les lieux de culte.
La comparaison avec l’islam révèle des différences profondes. Contrairement au catholicisme, l’islam conserve une tradition d’unité entre pouvoir religieux et politique, et ne dispose pas d’autorité centralisée, rendant difficile un « scénario 1905 ». Enfin, Brague souligne que la loi fut possible grâce à un patriotisme partagé entre République et catholiques, condition essentielle dont il interroge aujourd’hui la présence chez les musulmans de France.
Rémi Brague
«La loi de 1905 a été possible car la République et les catholiques avaient en commun l’amour de leur pays»
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