Barbara Lefebvre : «Les amphithéâtres se transforment en tribunes de l’ignorance, du négationnisme et du complotisme»

Après les polémiques autour des conférences de La France insoumise à l’université, Barbara Lefebvre s’interroge sur la façon dont l’antisémitisme et l’inculture historique ont pénétré les amphithéâtres, laissant une jeunesse ignorante tomber dans un militantisme aveugle.


Enseignante dans un collège de banlieue dans les années 2000, Barbara Lefebvretémoigne en 2002 dans l’ouvrage collectif Les Territoires perdus de la République. Elle est également l’auteur de plusieurs essais, dont Génération j’ai le droit (Éd. Albin Michel, 2018).

Dès le lendemain des massacres du 7 octobre un antisémitisme virulent s’est diffusé via les réseaux sociaux avec leur habituelle fulgurance haineuse. Ceux qui ont vécu et témoigné de la vague antijuive des années 2000 savent que si le support d’expression est nouveau, le phénomène est identique dans son intensité. La France de l’époque n’était simplement pas en mesure de le voir, de le dire, de l’assumer. Que retenir de ces vingt ans d’aveuglement ? Qu’il fallut passer par des séries d’attentats, des enfants assassinés parce que juifs, deux femmes massacrées (puis défenestrée pour Sarah Halimi, brûlée pour Mireille Knoll), l’assassinat barbare de deux enseignants. Notre société est-elle si profondément amorphe voire malade pour avoir « besoin » de tant de sang versé pour réagir ?

Depuis plusieurs années, on observe la translation de l’antisémitisme crasseux et complotiste de l’extrême droite vers l’extrême gauche, comme en témoigne la défense de Jean-Luc Mélenchon par le journal Rivarol fin octobre 2023. Dans la France de 2024, le RN défend les Juifs et entend lutter contre l’antisémitisme et l’antisionisme, quand LFI s’enfonce chaque jour davantage dans la boue des « points de détail » à la sauce gauchiste, comparant par exemple un président d’université à Adolf Eichmann.

Cette réalité est résumée par une salle d’université remplie de jeunes petits-bourgeois métropolitains que des conférenciers viennent chauffer contre l’État « colonial-apartheid-génocidaire et raciste » d’Israël, le tout emballé dans la novlangue intersectionnelle, code commun de reconnaissance idéologique. Un quiz historique et géographique aurait rapidement raison des certitudes de ce public, voire des conférenciers, mais ces défenseurs des opprimés se soumettent difficilement à l’évaluation des connaissances ou à l’épreuve du débat contradictoire. Ces jeunes étudiants ont obtenu leur baccalauréat dans la décennie écoulée, ils ont réalisé le parcours sans embûche à travers le collège unique puis le lycée. Ils y ont reçu un enseignement historique et littéraire qui devait, selon les dires de l’institution scolaire, forger une génération de citoyens éclairés, capables de penser par eux-mêmes en soumettant l’information à la raison critique, avec la mise en regard honnête des différentes versions. Le discours institutionnel imaginait que ces étudiants ne sombreraient pas dans l’idéologie à visée totalitaire qui modifie le régime de vérité en inversant des valeurs démocratiques universelles pour les retourner contre elles-mêmes. Des amphithéâtres se transforment pourtant en tribunes de l’ignorance historique, du négationnisme, du complotisme. Soirée chic des César, amphi Gaza de Sciences Po, même combat !
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#JeSoutiensNosForcesDeLOrdre par le Collectif Les Citoyens Avec La Police