Syrie : il est minuit moins une avant l’extinction du berceau du christianisme - Par Aurélie Pirillo
À la veille des célébrations de Noël et après le changement de régime en Syrie, la conseillère LR de Paris Aurélie Pirillo* alerte sur le sort des derniers chrétiens de la région, dont le nombre n’a cessé de diminuer ces dernières années. Elle appelle l’Europe à sortir de sa «lâche indifférence».
*Élue du 16e arrondissement, Aurélie Pirillo est conseillère (Engagés pour changer Paris) de Paris et spécialiste du Moyen-Orient.
La fin d’une dictature parmi les plus sanguinaires de notre temps, aussi répréhensible soit-elle, ne semble hélas pas préfigurer un avenir de paix et de sécurité, en particulier pour les minorités. En Syrie, l’éviction du régime alaouite risque de préparer le terrain à un chaos comparable à celui de l’Irak post-Saddam Hussein. Les forces islamistes qui ont pris le pouvoir, sont loin de garantir la paix et la sécurité des minorités, en particulier des chrétiens d’Orient.
L’histoire bégaye, avec en toile de fond la tragédie récurrente des chrétiens d’Orient. La Syrie est depuis deux millénaires un berceau chrétien. Les églises incendiées, les persécutions et l’exode massif ont détruit cette communauté millénaire. En 2001, plus de 1 million de chrétiens vivaient en Syrie. Ils ne seraient aujourd’hui plus que 200.000.
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L’évêque de Homs a dit : « Tous ceux qui partent aujourd’hui ne reviendront plus. Les islamistes vont imposer leur loi, quoi qu’ils disent aujourd’hui, ils s’en prendront tôt ou tard aux chrétiens et à leurs libertés. »
Errements stratégiques
L’arrivée des anciens combattants de Daech et d’al-Qaida fait craindre le pire aux chrétiens d’Orient, aux Kurdes et à toutes les minorités. Bien que ce groupe islamique tente de rassurer, la mémoire des promesses trahies par Daech à Mossoul en 2014 plane.
L’histoire récente du Moyen-Orient est jalonnée d’errements stratégiques funestes. En Afghanistan, les Soviétiques furent chassés pour laisser place aux talibans puis la fragile république afghane laissée aux mains des mêmes talibans. En Irak, la chute de Saddam Hussein ouvrit la voie à un califat moyenâgeux. En Syrie, l’absence de stratégie cohérente a laissé le champ libre à la Russie, à l’Iran, et maintenant aux islamistes.
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Les années Hollande et Obama ont sans doute été les plus néfastes avec leur stratégie moralisatrice en Syrie malgré le danger gigantesque de l’État islamique. Faibles face à l’Iran nucléaire, faibles face aux factions djihadistes, qu’ils ont préféré armer contre le régime baasiste.
Nos propres erreurs ont pavé la victoire de l’islamisme et mis définitivement fin à l’influence française malgré 2 000 ans de racines chrétiennes en partage, malgré le serment de Saint Louis.
Syrie : il est minuit moins une avant l’extinction du berceau du christianisme