Dissolution de l'Assemblée nationale : un jeu de poker menteur - Par Benjamin Morel et Maxime Tandonnet


Emmanuel Macron a prévenu qu'en cas d'adoption d'une motion de censure pour la réforme des retraites, il envisagerait de dissoudre l'Assemblée.

Le grand bluff d'Emmanuel Macron

Par Benjamin Morel

L'universitaire Benjamin Morel explique pourquoi cette option est, selon lui, peu probable et peu avantageuse pour Ensemble!

FIGAROVOX. -Le ministre du Travail, Olivier Dussopt a affirmé que si les députés votaient une motion de censure contre le gouvernement dans le cadre de la réforme des retraites, Emmanuel Macron n'exclurait pas une dissolution de l'Assemblée nationale. Est-ce réellement envisageable ?

Benjamin MOREL. -
C'est assez peu probable et Emmanuel Macron le sait. D'ailleurs, son objectif est sans doute plus médiatique que purement parlementaire. La seule motion de censure qui a été adoptée sous la Ve République, et qui a conduit à la chute du Gouvernement Pompidou, a mené à une dissolution. Par ailleurs, il est évident que si cela devait se produire, la configuration parlementaire amènerait Emmanuel Macron à dissoudre. En bref, Emmanuel Macron a enfoncé une porte ouverte dans laquelle se sont engouffrés tous les journalistes et qui lui a permis de vendre de récit d'un président courageux, allant au bout des réformes contre monts et marées.

C'est toutefois un matamore devant un taureau en carton. En effet, les règles de la motion de censure rendent l'aboutissement de celle-ci peu probable. Il faudrait que 289 députés votent pour la motion. En effet, la Constitution prévoit que le texte doit passer à la majorité absolue des membres de l'Assemblée nationale. En d'autres termes, les abstentions jouent pour le gouvernement. Or cela impliquerait que la Nupes, le RN et LR, a minima, se retrouvent sur un même texte. C'est assez peu probable. Ne serait-ce que parce que LR n'est pas opposé au fond de la réforme et ne souhaite pas voir advenir une dissolution, elle s'abstiendra. Donc le gouvernement a très peu de chance de tomber. Cela, Emmanuel Macron le sait ; les parlementaires aussi le savent. Une fois la bravade présidentielle lancée, ces derniers y ont répondu de manière tout aussi bravache… devant des journalistes persuadés de commenter le match du siècle.

Dissolution de l'Assemblée nationale: le grand bluff d'Emmanuel Macron (lefigaro.fr)

La crédibilisation et la normalisation parlementaire du RN laissent à penser que le front républicain a définitivement vécu.

La dissolution n’aura (sans doute) pas lieu

Par Maxime Tandonnet

Il est fortement question d’une dissolution prochaine de l’Assemblée nationale. Le président macron a même annoncé qu’il « dissoudrait dans la minute » en cas de vote d’une motion de censure par une Assemblée où son parti et ses alliés sont privés de majorité absolue. La dissolution est un peu comme l’arme nucléaire: elle est brandie comme une menace mais elle a peu de chance de servir. Pour plusieurs raisons, la dissolution est improbable:
  • Les dissolutions en cours de mandat présidentiel tournent souvent mal pour l’exécutif. La célèbre du 16 mai 1877 par Mac mahon qui se traduisit par le triomphe de son opposant Léon Gambetta: Nous partons 363, nous reviendrons 400!, celle de décembre 1955 par Edgar Faure qui entraîne une décomposition aggravée de l’Assemblée nationale ou encore celle de Jacques Chirac en février 1997 qui aboutit contre toute attente à une majorité plurielle socialiste, communiste et verte. Une exception: la dissolution réussie de 1962 mais le général de Gaulle était extrêmement populaire à l’époque.
  • Le chef de l’Etat et son gouvernement ne bénéficient pas aujourd’hui d’une popularité laissant présager une nette victoire lors de futures législatives. L’élan de la présidentielle leur a permis de conserver une majorité relative en mai 2022. De nouvelles élections auraient de fortes chances de tourner à la débâcle.
  • L’inconvénient de la majorité relative pour l’exécutif est qu’elle complique l’adoption d’éventuelles réformes difficiles comme celle de la retraite. Mais, il faut voir comment fonctionne la politique moderne. Cette perspective (des 65 ans) est brandie comme un chiffon rouge pour exciter les esprits, animer la scène publique, donner l’illusion du volontarisme et du respect des engagements de campagne, détourner les regards d’autre chose. Qu’elle se traduise ou non dans la réalité n’a strictement aucune importance à leurs yeux tant qu’ils peuvent continuer à pavoiser: pas plus lors du second quinquennat que lors du premier. D‘ailleurs, le discours sur la nécessité des 65 ans est exactement à l’inverse de celui qui prévalait avant 2022.
  • La dissolution ne semble pas être dans le caractère de l’actuel chef de l’Etat. Ce dernier parle énormément, se manifeste quotidiennement, bouge en permanence. Pour autant, il n’est pas homme à prendre une telle décision, un risque aussi énorme qui pourrait se traduire par un formidable désaveu aux législatives suivantes… Voire compromettre la suite de son mandat.
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