Petite Philosophie de la Nation - De Didier Lemaire

Après sa Lettre d’un hussard de la République, l’ancien professeur de Trappes, Didier Lemaire, qui avait lancé l’alerte sur la radicalisation de la ville, précise sa pensée et remet, si l’on peut dire, l’église au centre du village, en publiant une Petite Philosophie de la Nation visant à nous rappeler ce qui est censé tous nous unir et ce qui menace le socle même de notre union. 


Certains ne lui accordent qu'une place secondaire ou voudraient même l'effacer. D'autres prétendent en faire un absolu. Mais de quoi parle-t-on quand on dit " nation ", et que recouvre ce mot ? De la culture d'un peuple ? De sa volonté de vivre ensemble, de partager un destin et un idéal communs, et de faire valoir un héritage ? Ou bien de tout autre chose : de l'institution de services publics découlant de la reconnaissance du principe de dignité humaine ?
Peut-on concevoir un individu sans nation, et, réciproquement, une nation sans individus ? Quelle relation la nation et l'État doivent-ils entretenir ? Sans une réelle souveraineté de la nation, l'État ne risquet- il pas de devenir un organe technocratique se détournant de l'intérêt général et de la justice sociale ?
Cet essai propose de lever les confusions les plus répandues, à droite comme à gauche. En remettant la nation à sa juste place, notre démocratie ne pourrait-elle pas surmonter les divisions qui la minent, qui sapent la société et qui l'exposent à la tentation totalitaire ?


Qu’est-ce qu’une Nation ? - Entretien avec Didier Lemaire

Par Clément de Dadelsen
CAUSEUR. Didier Lemaire, notre époque sait-elle encore ce qu’est une nation, ce qui la constitue et pourquoi il faut la défendre ?

DIDIER LEMAIRE. Quand j’ai commencé à réfléchir à cette notion, je me suis rendu compte que celle-ci n’allait pas de soi. C’était une notion pour moi assez vague, évoquant à la fois des périodes historiques marquées par la violence et l’union des citoyens au-delà de leurs inclinations politiques. Notre époque semble l’assimiler à la population d’un « territoire », comme si elle n’était en rien essentielle à la démocratie et à la République. En creusant la question, je suis allé de découverte en découverte. En tout cas, aujourd’hui, nous ne semblons pas seulement avoir oublié le sens de la nation : nous l’avons abandonnée à différentes forces qui sont en train de la détruire. Si j’ai essayé, dans mon livre, d’en construire un concept philosophique rigoureux, c’est qu’il m’a paru que cette démarche était un préalable indispensable si nous voulons réparer la nation.

Vous rappelez aussi que la Nation fut historiquement une invention de gauche, durant la Révolution française. Et vous accusez cette même gauche d’avoir finalement abandonné la question de la nation aux nationalistes.

Oui, c’est la gauche qui a inventé la nation : c’est la partie gauche de l’Assemblée nationale qui a décidé en effet que cette assemblée, qui réunissait pour la première fois l’aristocratie, le clergé et le tiers état, deviendrait désormais souveraine et que ni le roi ni la religion ne lui dicterait plus ses lois. Peut-être serait-il plus juste de dire que c’est la nation qui a inventé la gauche. La gauche n’existait pas avant ce vote. Or, pour que le vieil ordre politique craquât et qu’une telle fusion entre ces trois groupes sociaux hétéronomes se produisÎt, il fallut que la société fut déjà profondément transformée. La nation fut une invention, née de l’humanisme, qui considéra les hommes, pour la première fois dans l’histoire, comme des individus. C’est sur la base de la singularité de chaque être humain qu’elle réunit les hommes, et non plus sur celle d’une identité sociale préétablie. Étrangement, c’est ce que la gauche a oublié aujourd’hui, en revenant aux vieilles lunes marxistes. Celles d’une société réduite aux rapports de domination, non plus de classes, mais de races, de religions, de genres et de je ne sais encore quelles « identités ». Pour elle, la nation serait ce que les nationalistes en disent. C’est non seulement faux, comme je le démontre dans mon livre, mais c’est aussi une façon de remettre en cause sa légitimité.

https://pourunenouvellerepubliquefrancaise.blogspot.com/https://grandeschroniquesdefrance.blogspot.com/https://parolesdevangiles.blogspot.com/https://raymondaronaujourdhui.blogspot.com/

#JeSoutiensNosForcesDeLOrdre par le Collectif Les Citoyens Avec La Police