« La dette publique française devient hors de contrôle » - Par François Ecalle

Etant donné le nouveau contexte géopolitique, Emmanuel Macron estime nécessaire de passer de 2 % à 3↓% ou 3,5 % du PIB consacré aux dépenses militaires. Au bas mot, il faut donc trouver un point de PIB, soit 30 milliards d’euros supplémentaires. François Ecalle, référence sur les finances publiques sous Nicolas Sarkozy et François Hollande, chiffre à 180 milliards d’euros l’effort rien que pour stabiliser la dette à l’horizon 2030, en tenant compte de la hausse des besoins en matière de défense. Dans une note parue sur son site de référence dédié aux finances publiques, Fipeco, le magistrat honoraire de la Cour des comptes livre un tableau volontiers « alarmiste ».


Cette note fait le point sur les risques d’un endettement public de la France devenant hors de contrôle.
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Il est impossible de déterminer un seuil d’endettement au-delà duquel se déclencherait une crise des finances publiques imposant des mesures drastiques de redressement car son éventuelle survenue dépend de nombreux paramètres souvent non quantifiables et spécifiques à chaque pays et chaque période. Pour éviter une telle crise, il faut que la dette soit sous contrôle, ce qui signifie en pratique pouvoir la stabiliser en pourcentage du PIB hors périodes de récession ou de très faible croissance économique. En outre, plus le niveau où elle est stabilisée est élevé, plus le risque de crise est important.

Pour stabiliser la dette, il faut que le solde primaire (c’est-à-dire hors intérêts) soit supérieur à un montant minimal qui dépend de l’écart entre le taux d’intérêt de la dette et le taux de croissance du PIB. Si cet écart est positif ou nul et si le solde primaire n’atteint pas ce montant minimal, la dette devient hors de contrôle et augmente indéfiniment.

Avec Olivier Blanchard, nous avons supposé un écart nul dans les prochaines années, ce qui impose de ramener le solde primaire à zéro pour stabiliser la dette. Compte-tenu des dépenses nouvelles requises pour lutter contre le changement climatique et accroître nos moyens militaires estimées forfaitairement à 60 Md€, l’effort nécessaire est de l’ordre de 6,0 points de PIB, soit 180 Md€, à réaliser par une baisse des autres dépenses ou une hausse des prélèvements obligatoires.

Or le déficit primaire français est sur une tendance croissante depuis 60 ans et l’effort inscrit, avec difficultés, pour le réduire dans les lois financières pour 2025 est très insuffisant. Si, compte-tenu des dépenses militaires supplémentaires nécessaires, le déficit primaire reste à son niveau de 2024 (environ 4,0 % du PIB), la dette publique pourrait approcher 135 % du PIB en 2030.

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