J'ai lu et aimé : "Journal de guerre: C'est l'Occident qu'on assassine" - De Gilles-William Goldnadel
Dans un essai décapant, intitulé "Journal de guerre: C'est l'Occident qu'on assassine", Maitre Gilles-William Goldnadel, avocat, décrit la façon dont il a vécu l'attaque du Hamas en Israël du 7 octobre 2023. Il s’inquiète de la détestation de l’Occident partout à travers le monde et de la montée de l’antisémitisme. Il dénonce également l’aveuglement d’une partie de la société française face au discours « islamo-gauchiste ». Le tout avec cette pointe d'humour et d'ironie qui lui est propre.
Paru en janvier 2024 aux éditions Fayard, il est déjà numéro 1 des ventes en librairie. Et ce n'est pas un hasard !
"Samedi 7 octobre 2023, 6 h 30
Sa silhouette est désormais reconnaissable au premier coup d’œil. Que ce soit sur les plateaux télé ou dans les prétoires, sa chevelure en bataille et son air tourmenté racontent les combats que Gilles-William Goldnadel mène pour la justice, mais surtout contre l’injustice. « Lorsque j’ai commencé ce journal de guerre, le 10 octobre, j’ai écrit qu’il ne se passerait pas trois jours avant qu’Israël ne soit nazifié et que les Palestiniens ne soient considérés comme des martyrs. Je ne me suis, hélas, pas trompé. »Il ne s’agit ni d’un journal intime ni d’un journal officiel. Mais d’un journal de guerre.
Guerre contre le désarroi personnel né un 7 octobre au réveil.
Guerre contre la détestation des Juifs et de leur État.
Guerre au jour le jour contre la nuit qui vient.
Guerre contre la désinformation médiatique pour causes idéologiques, à commencer par celle de l’audiovisuel public. Cette idéologie anti-occidentale du double standard, cette préférence pour l’Autre, qui traite différemment l’immigré et le Français, le Palestinien et l’Israélien.
Guerre contre une extrême gauche ayant sombré dans l’antisémitisme après son alliance avec l’islamisme.
Guerre contre la folie qui s’est emparée de l’Occident en perdition à cause de la disgrâce d’un wokisme détestant les Français, en tant que Blancs.
Une guerre totale. Argumentée, documentée, avec les armes de l’ironie mortelle et de l’humour létal.
Une guerre sans concessions menée par un avocat qui, parce qu’il aime tant la vie, a condamné cette haine qui nous menace à la peine de mort."
Guerre contre le désarroi personnel né un 7 octobre au réveil.
Guerre contre la détestation des Juifs et de leur État.
Guerre au jour le jour contre la nuit qui vient.
Guerre contre la désinformation médiatique pour causes idéologiques, à commencer par celle de l’audiovisuel public. Cette idéologie anti-occidentale du double standard, cette préférence pour l’Autre, qui traite différemment l’immigré et le Français, le Palestinien et l’Israélien.
Guerre contre une extrême gauche ayant sombré dans l’antisémitisme après son alliance avec l’islamisme.
Guerre contre la folie qui s’est emparée de l’Occident en perdition à cause de la disgrâce d’un wokisme détestant les Français, en tant que Blancs.
Une guerre totale. Argumentée, documentée, avec les armes de l’ironie mortelle et de l’humour létal.
Une guerre sans concessions menée par un avocat qui, parce qu’il aime tant la vie, a condamné cette haine qui nous menace à la peine de mort."
Gilles-William Goldnadel : « Ce que je veux, c’est du pluralisme »
L’humour noir est l’une de ses marques de fabrique
Tous les soirs, il couche sur le papier ses indignations et ses moments de profond désespoir, assumant de dire que le monde préfère les Juifs en pyjama rayé, plutôt qu’en uniforme kaki. « J’ai toujours été un sioniste assumé, mais je n’ai jamais aimé la “shoatisation” de tout et n’importe quoi, assure-t-il. Aujourd’hui, j’ai ressorti mon pyjama rayé car lors du grand pogrom du 7 octobre, le Hamas ne voulait pas tuer des Israéliens mais des “yaouds”, c’est-à-dire des Juifs. Je dois reconnaître que par rapport à la Shoah, c’est vraiment bien imité. »
L’humour noir est l’une de ses marques de fabrique. « Edwy Plenel, poursuit-il, adore le Juif mort en pyjama rayé, christique, qui ne sourit jamais et ne se défend pas. C’est le Juif idéal pour lui. Le diable islamo-nazi existe, je l’ai rencontré. »
Gilles-William Goldnadel : « Ce que je veux, c’est du pluralisme » (parismatch.com)
Gilles-William Goldnadel : «Les Israéliens et les Français sont dans le même bateau»
LE FIGARO. - Vous commencez votre Journal de guerre le 7 octobre . En quoi cette date est-elle un tournant pour vous ?GILLES-WILLIAM GOLDNADEL. - C’est un jour que je n’aurais jamais voulu connaître. Celui que je devais sans doute craindre en secret. Le retour de l’humiliation ancestrale de ne pouvoir empêcher son enfant d’être assassiné de sang-froid. La mémoire jaillissante des pogroms et de la Shoah. Moi qui étais sans doute l’un des Juifs les moins « shoatiques », détestant l’exhibition de la souffrance et le pathos, prônant le deuil pudique et surtout abhorrant la nazification de tous les événements dramatiques, cette Shoah s’imposait à moi, qui ne pouvais qu’employer le terme d'« islamo-nazi ». Ma vie s’est bâtie sur le bonheur conscient et assumé de disposer d’un fier refuge pour les miens. J’étais encore très heureux le 6 octobre au soir.
Votre livre a pour sous-titre C’est l’Occident qu’on assassine. En quoi l’Occident peut-il être concerné par une guerre qui se déroule au Proche-Orient ?
J’aurai passé une bonne partie de ma vie intellectuelle à décrire la détestation pathologique de l’Occident, y compris par une partie des Occidentaux eux-mêmes, issus de l’extrême gauche islamo-gauchiste et dans son dernier état woke. Mes Réflexions sur la question blanche, publiées il y a treize ans, se proposaient de montrer la réalité du racisme antiblanc. Il est encore aujourd’hui un peu inélégant de l’évoquer ; à l’époque, c’était suicidaire. Les prétendus antiracistes y voyant une invention fantasmatique de l’extrême droite. J’expliquais dans cet ouvrage que c’était cette détestation de l’Occidental qui lui interdisait moralement de pouvoir défendre ses racines culturelles et ses frontières nationales, sous peine d’être traité de colonialiste et de nazi. De même, je soutiens depuis mon Nouveau Bréviaire de la haine que l’Israélien est tout autant détesté comme un Occidental blanc qui défend bec et ongles son État-nation insolent de modernité que comme un Juif intemporel. Je concluais parallèlement que le petit Blanc des banlieues était à présent traité comme un Juif étranger dans son pays.
Gilles-William Goldnadel : « L’ennemi du Juif a changé de trottoir »
Le JDD. Pourquoi avoir tenu un Journal de guerre depuis le 7 octobre ?Gilles-William Goldnadel. Je venais de rendre à Fayard un livre sur le wokisme. Dévastée tout autant que moi, Isabelle Saporta me propose de remettre la publication à plus tard et d’entreprendre ce journal. Je n’hésite pas un quart de seconde. C’est ce livre, outre mes émissions quotidiennes sur CNews avec Pascal Praud, qui m’a permis de tenir alors que mes enfants étaient de l’autre côté de la Méditerranée. J’y ai posé chaque soir et au gré des événements guerriers quotidiens, ma sidération, mon désespoir, mon chagrin, mes craintes et réflexions quant aux sorts d’Israël et de la France, mes doutes, mes certitudes, mes colères sur l’injustice médiatique, la lâcheté politique, les sottises artistiques. Mes obsessions assumées contre l’extrême gauche et sa mainmise sur l’audiovisuel public garanti sans pluralisme. Plus un soupçon d’humour caustique…
Le Journal de guerre de Gilles-William Goldnadel : numéro 1 des ventes en France
Depuis le 7 octobre dernier, et l’attaque barbare du Hamas contre Israël (1 200 personnes assassinées et 240 enlevées, dont des bébés, des enfants, des femmes et des personnes âgées), sa sidération c’est la nôtre, notre sidération c’est la sienne, et si son journal de guerre se vend aussi bien, ce n’est pas juste parce qu’il est important, mais plutôt parce qu’il est essentiel. Essentiel, car ces massacres sont intolérables, injustifiables. Ils ne peuvent souffrir aucune explication. Essentiel, aussi, parce que ces massacres, ce retour des pogroms en Europe depuis 1945, n’est pas seulement l’expression de l’assassinat d’Israël (que certains rêvent de rayer de la carte du monde) mais aussi, l’annonce funeste de l’assassinat à venir de l’Occident dans son intégralité.
Réveil brutal
Le texte a certainement plusieurs urgences pour origine : outre qu’il soit un remède antidouleur, il est d’abord l’objet d’un réveil, celui du Juif « redevenu déporté » alors qu’il avait remisé son pyjama rayé au placard, sorti, comme Finkielkraut, de la martyrologie de l’antisémitisme. Il est aussi celui d’un constat douloureux : « l’antisémitisme racisé de 2023 [..] autrement plus protégé » que celui émanant des Blancs d’extrême droite en 1923. C’est également l’’expression d’un diagnostic amer, celui qu’il aura fallu que cette haine moderne « massacre beaucoup de Juifs français pour que son antisémitisme soit à contrecœur estampillé par l’idéologie médiatique et politique d’extrême gauche, qui était encore il y a quelque temps à la mode du temps. » D’une observation enfin irréprochable : que « l’immigration invasive et les lois implacables de l’arithmétique » font que l’antisémitisme d’importation marginalise les Juifs de France et met en défaut l’État français. Et ce n’est pas faute d’avoir sonné le tocsin durant 20 ans.
L’avocat plaide d’ailleurs sa cause ainsi : « Depuis des lustres, j’ai tenté de prévenir les Français, y compris au sein de ma communauté juive organisée, des dangers de l’immigration massive et islamique. Il ne fallait être très grand clerc démographe ou islamologue pour imaginer que, parmi des centaines de milliers de musulmans, dont de nombreux aimables – et que j’aime –, on trouverait des dizaines de milliers d’islamistes dangereux, détestant les Occidentaux juifs et chrétiens. Je n’ai guère été entendu. »
L’antisémitisme est-il passé à gauche ?
L’auteur nous prévient encore, que l’ennemi ne vient pas seulement d’ailleurs, il est aussi intime ; l’ennemi, a fortiori, est de l’intérieur : si l’antisémite engagé et Blanc d’extrême droite et qui « fait l’objet d’une détestation unanime par l’idéologie du temps présent » laisse place aujourd’hui à l’antisémite racisé, on ne doit pas oublier aussi que l’on trouve « le philosémite déçu ». Or, parmi celui-là, se niche « le prototype le plus parfait et dangereux du philosémite d’extrême gauche déçu », nous prévient Goldnadel, et que l’on trouve en la personne d’Edwy Plenel. Celui qui « a joui publiquement dans la revue Rouge du massacre des athlètes israéliens à Munich en 1972. » Si, donc, l’antisémitisme a changé de camp, passant du brun au rouge, c’est précisément parce que « toute une génération de journalistes militants », plus conformistes que critiques, a été manipulée par ce que l’auteur appelle la « plénélisation des esprits », qui « a fait son œuvre mortifère et créé des réflexes pavloviens au sein de la majorité du monde journalistique ».
L’antisémitisme : une poudrière en France ?
Ce Journal de guerre est aussi un journal de résistance. Si l’auteur et avocat sait qu’il est en guerre, le sms envoyé par son fils resté en Israël pour se battre l’invite à reconsidérer sa position en France. Son sort est scellé, il se fera résistant : son combat, intellectuel et offensif, doit être sans relâche, et ce livre est l’une des armes de la résistance. Inutile donc de rajouter que ce journal est un journal de combat, et un journal engagé. Engagé aussi, parce que Gilles-William Goldnadel écrit contre deux fléaux modernes et bien français : un nouvel antisémitisme qui fait des ravages (1000% d’augmentation des actes antisémites en 2024) mais aussi un grand déni français : « une impossibilité de détester le violeur et assassin qui n’est pas détestable, n’étant ni mâle ni blanc. » L’hémiplégie islamogauchiste étant probablement l’hydre moderne le plus détestable. L’hémiplégie étatique, avec le refus de Macron de défiler auprès des Juifs qui manifestèrent contre l’antisémitisme, fut un autre coup de poignard. La salade politicienne de la France Insoumise profitant de la présence du Rassemblement National pour se dédier. La colère gronde, guide la plume de ce « Juif du réel ». Fatigué de toute cette hypocrisie politique : on préfère faire porter le chapeau au RN, on exhume le fantôme de Jean-Marie Le Pen, comme si l’ancien président du Front National avait quelque chose à voir avec l’augmentation exponentielle des actes antisémites. Si l’auteur est fatigué, il ne pourra jamais retrouver cette joie de vivre qui précéda le 7 octobre (« Je ne serai jamais plus heureux comme avant le 7 », écrit-il dans son « Avertissement ») ; il est fatigué des dénis, ou des manipulations par le langage, on dit par exemple à propos de Valeurs Actuelles « l’hebdo très droitier », mais on ne dit pas à propos de Street Press « le très gaucher », etc. Tout est biaisé par l’idéologie dominante : « Comme la fachosphère, alors qu’il n’existe pas dans le même champ lexical gauchisant ni bolchosphère ni islamophère. » Tout cela peut paraître très secondaire, un banal attribut du parisianisme médiatique, cela cause néanmoins des actes de violences et des blessés chez les Juifs de France. Et, en soi, cela n’est pas à négliger !
La nouvelle gauche : l’antisémitisme chevillé au corps
Alors, bien sûr, l’auteur n’est pas un poussin de trois semaines. Il s’était déjà alarmé des dérives de l’extrême gauche, et, de ce qu’il appelle ironiquement le « sévice public », entendez les médias du service public, ainsi que le journal Le Monde et Libération. Dans son Nouveau bréviaire de la haine (Ramsay, 2001), il avait montré comment l’antisémitisme s’était développé sur le nouveau désordre mondial suite aux attentats du 11 septembre 2001. Dans son Manuel de résistance au fascisme d’extrême gauche (Les Nouvelles éditions de Passy, 2021), il revenait sur une grande question de notre temps : les antifascistes ont-ils changé de camp ? Sont-ils toujours les garants de la paix et de la concorde et peuvent-ils toujours prétendre incarner le barrage entre la haine de l’autre et le vivre-ensemble ? Certains journalistes de gauche saluent les actes barbares du 7 octobre, d’autres défendent sournoisement le Hamas. « L’extrême gauche de 2023, constate l’avocat et essayiste avec amertume, est exactement la même lèpre que l’extrême droite de 1923. » Triste encore de voir Macron se prosterner devant « la rue arabe » : « Macron est parti la calmer en Orient, tant il la craint chez lui », consigne-t-il dans une note encore plus amère. Mais l’idée est dans l’air, et elle est partagée par un grand nombre d’intellectuels et de politiques. D’aucuns diront qu’elle est d’extrême droite. Le mot à la mode, le mot commode pour discréditer le réel, le démonologiser. Et, pourtant, la seule question que l’on doit encore se poser, et que je poserai à l’auteur si je le rencontre, c’est qui est encore antisémite aujourd’hui ? Je crains d’en connaître déjà la réponse. Elle se trouve dans les dernières lignes de la note du 25 octobre : « Qui aura l’intelligence et le courage politique de dire à la rue arabe de 2023 qu’elle ressemble aux foules hitlériennes de 1923 ? » Mais le biais idéologique, qui aveugle la presse française depuis 50 ans et le militantisme plénélien, a diffusé par capillarité « le cadre du conformisme gauchisant anti-occidental en majesté médiatique », et cela a particulièrement biaisé notre regard.
Succès de ce livre
Ce livre est ainsi un succès de librairie. Pourquoi ? Certainement, parce que le voile est enfin levé. Les massacres insoutenables du 7 octobre, le discours hémiplégique des médias de gauche, le déni honteux des Insoumis qui refusent de qualifier les barbares du Hamas de terroristes, face à toute cette chienlit, les Français prouvent qu’ils ne sont plus dupes. Lorsque je suis parti me procurer en urgence ce journal de guerre, je ne pouvais attendre la réception d’un service de presse, j’étais à la caisse d’une librairie, dans le VIe arrondissement, lorsque j’entendis un client demander à propos de cet ouvrage que je tenais fermement entre mes mains. Un livre comme celui-ci ne jouit pas d’un succès sans raison. Son succès n’est pas seulement celui d’un intérêt vigoureux et bien compréhensif pour la cause des Juifs, meurtris dans leur chair, c’est aussi le désaveu même de l’élite parisienne, enfin une certaine élite, particulièrement de gauche, ainsi qu’un désaveu des choix du président qui n’a pas encore rendu hommage aux otages toujours détenus par le Hamas. Ce succès est aussi une prise de conscience, le désir de lire la plume affûtée d’une intelligence qui surplombe celle des médias, particulièrement celui du service public, du Monde et de Libé, qui n’ont pas ni cœur ni le courage de reconnaître leurs torts partagés depuis 50 ans.
Le sort du 7 octobre 2023 sera bientôt le nôtre
Ce Journal de guerre n’est pas donc pas seulement celui d’un « avocat, juif, français, israélien, hétérosexuel et blanc », c’est d’abord celui de l’homme occidental, car l’on doit comprendre que le sort réservé le 7 octobre aux Juifs d’Israël sera aussi le nôtre, bientôt. On doit aussi comprendre que le 7 octobre n’est pas seulement une attaque monstrueuse contre Israël, et que celui qui minimise ce qui s’est passé, au nom de la défense des Palestiniens, qu’il injurie par la même, puisqu’en défendant les Palestiniens tout de go il défend aussi leurs bourreaux en la personne du Hamas, celui-là doit comprendre qu’il participe d’un « racisme anti-blanc » bon teint qui se diffuse dans les médias et à l’université, et dont il aura à vivre les désagréments le plus insurmontables, lorsqu’il se retournera contre lui. Voilà pourquoi ce Journal de guerre n’est pas seulement un journal de larmes et de colère, mais aussi un avertissement avant qu’il ne soit trop tard…
Marc Alpozzo - À propos - Marc Alpozzo (Ouvroir de réflexions potentielles) (blogspirit.com)
Philosophe et essayiste, auteur de Seuls. Éloge de la rencontre, Les Belles Lettres, 2014 et Galaxie Houellebecq et autres étoiles. Éloge de l’exercice littéraire, Éditions Ovadia (à paraître le 30 mars 2024).
Réveil brutal
Le texte a certainement plusieurs urgences pour origine : outre qu’il soit un remède antidouleur, il est d’abord l’objet d’un réveil, celui du Juif « redevenu déporté » alors qu’il avait remisé son pyjama rayé au placard, sorti, comme Finkielkraut, de la martyrologie de l’antisémitisme. Il est aussi celui d’un constat douloureux : « l’antisémitisme racisé de 2023 [..] autrement plus protégé » que celui émanant des Blancs d’extrême droite en 1923. C’est également l’’expression d’un diagnostic amer, celui qu’il aura fallu que cette haine moderne « massacre beaucoup de Juifs français pour que son antisémitisme soit à contrecœur estampillé par l’idéologie médiatique et politique d’extrême gauche, qui était encore il y a quelque temps à la mode du temps. » D’une observation enfin irréprochable : que « l’immigration invasive et les lois implacables de l’arithmétique » font que l’antisémitisme d’importation marginalise les Juifs de France et met en défaut l’État français. Et ce n’est pas faute d’avoir sonné le tocsin durant 20 ans.
L’avocat plaide d’ailleurs sa cause ainsi : « Depuis des lustres, j’ai tenté de prévenir les Français, y compris au sein de ma communauté juive organisée, des dangers de l’immigration massive et islamique. Il ne fallait être très grand clerc démographe ou islamologue pour imaginer que, parmi des centaines de milliers de musulmans, dont de nombreux aimables – et que j’aime –, on trouverait des dizaines de milliers d’islamistes dangereux, détestant les Occidentaux juifs et chrétiens. Je n’ai guère été entendu. »
L’antisémitisme est-il passé à gauche ?
L’auteur nous prévient encore, que l’ennemi ne vient pas seulement d’ailleurs, il est aussi intime ; l’ennemi, a fortiori, est de l’intérieur : si l’antisémite engagé et Blanc d’extrême droite et qui « fait l’objet d’une détestation unanime par l’idéologie du temps présent » laisse place aujourd’hui à l’antisémite racisé, on ne doit pas oublier aussi que l’on trouve « le philosémite déçu ». Or, parmi celui-là, se niche « le prototype le plus parfait et dangereux du philosémite d’extrême gauche déçu », nous prévient Goldnadel, et que l’on trouve en la personne d’Edwy Plenel. Celui qui « a joui publiquement dans la revue Rouge du massacre des athlètes israéliens à Munich en 1972. » Si, donc, l’antisémitisme a changé de camp, passant du brun au rouge, c’est précisément parce que « toute une génération de journalistes militants », plus conformistes que critiques, a été manipulée par ce que l’auteur appelle la « plénélisation des esprits », qui « a fait son œuvre mortifère et créé des réflexes pavloviens au sein de la majorité du monde journalistique ».
L’antisémitisme : une poudrière en France ?
Ce Journal de guerre est aussi un journal de résistance. Si l’auteur et avocat sait qu’il est en guerre, le sms envoyé par son fils resté en Israël pour se battre l’invite à reconsidérer sa position en France. Son sort est scellé, il se fera résistant : son combat, intellectuel et offensif, doit être sans relâche, et ce livre est l’une des armes de la résistance. Inutile donc de rajouter que ce journal est un journal de combat, et un journal engagé. Engagé aussi, parce que Gilles-William Goldnadel écrit contre deux fléaux modernes et bien français : un nouvel antisémitisme qui fait des ravages (1000% d’augmentation des actes antisémites en 2024) mais aussi un grand déni français : « une impossibilité de détester le violeur et assassin qui n’est pas détestable, n’étant ni mâle ni blanc. » L’hémiplégie islamogauchiste étant probablement l’hydre moderne le plus détestable. L’hémiplégie étatique, avec le refus de Macron de défiler auprès des Juifs qui manifestèrent contre l’antisémitisme, fut un autre coup de poignard. La salade politicienne de la France Insoumise profitant de la présence du Rassemblement National pour se dédier. La colère gronde, guide la plume de ce « Juif du réel ». Fatigué de toute cette hypocrisie politique : on préfère faire porter le chapeau au RN, on exhume le fantôme de Jean-Marie Le Pen, comme si l’ancien président du Front National avait quelque chose à voir avec l’augmentation exponentielle des actes antisémites. Si l’auteur est fatigué, il ne pourra jamais retrouver cette joie de vivre qui précéda le 7 octobre (« Je ne serai jamais plus heureux comme avant le 7 », écrit-il dans son « Avertissement ») ; il est fatigué des dénis, ou des manipulations par le langage, on dit par exemple à propos de Valeurs Actuelles « l’hebdo très droitier », mais on ne dit pas à propos de Street Press « le très gaucher », etc. Tout est biaisé par l’idéologie dominante : « Comme la fachosphère, alors qu’il n’existe pas dans le même champ lexical gauchisant ni bolchosphère ni islamophère. » Tout cela peut paraître très secondaire, un banal attribut du parisianisme médiatique, cela cause néanmoins des actes de violences et des blessés chez les Juifs de France. Et, en soi, cela n’est pas à négliger !
La nouvelle gauche : l’antisémitisme chevillé au corps
Alors, bien sûr, l’auteur n’est pas un poussin de trois semaines. Il s’était déjà alarmé des dérives de l’extrême gauche, et, de ce qu’il appelle ironiquement le « sévice public », entendez les médias du service public, ainsi que le journal Le Monde et Libération. Dans son Nouveau bréviaire de la haine (Ramsay, 2001), il avait montré comment l’antisémitisme s’était développé sur le nouveau désordre mondial suite aux attentats du 11 septembre 2001. Dans son Manuel de résistance au fascisme d’extrême gauche (Les Nouvelles éditions de Passy, 2021), il revenait sur une grande question de notre temps : les antifascistes ont-ils changé de camp ? Sont-ils toujours les garants de la paix et de la concorde et peuvent-ils toujours prétendre incarner le barrage entre la haine de l’autre et le vivre-ensemble ? Certains journalistes de gauche saluent les actes barbares du 7 octobre, d’autres défendent sournoisement le Hamas. « L’extrême gauche de 2023, constate l’avocat et essayiste avec amertume, est exactement la même lèpre que l’extrême droite de 1923. » Triste encore de voir Macron se prosterner devant « la rue arabe » : « Macron est parti la calmer en Orient, tant il la craint chez lui », consigne-t-il dans une note encore plus amère. Mais l’idée est dans l’air, et elle est partagée par un grand nombre d’intellectuels et de politiques. D’aucuns diront qu’elle est d’extrême droite. Le mot à la mode, le mot commode pour discréditer le réel, le démonologiser. Et, pourtant, la seule question que l’on doit encore se poser, et que je poserai à l’auteur si je le rencontre, c’est qui est encore antisémite aujourd’hui ? Je crains d’en connaître déjà la réponse. Elle se trouve dans les dernières lignes de la note du 25 octobre : « Qui aura l’intelligence et le courage politique de dire à la rue arabe de 2023 qu’elle ressemble aux foules hitlériennes de 1923 ? » Mais le biais idéologique, qui aveugle la presse française depuis 50 ans et le militantisme plénélien, a diffusé par capillarité « le cadre du conformisme gauchisant anti-occidental en majesté médiatique », et cela a particulièrement biaisé notre regard.
Succès de ce livre
Ce livre est ainsi un succès de librairie. Pourquoi ? Certainement, parce que le voile est enfin levé. Les massacres insoutenables du 7 octobre, le discours hémiplégique des médias de gauche, le déni honteux des Insoumis qui refusent de qualifier les barbares du Hamas de terroristes, face à toute cette chienlit, les Français prouvent qu’ils ne sont plus dupes. Lorsque je suis parti me procurer en urgence ce journal de guerre, je ne pouvais attendre la réception d’un service de presse, j’étais à la caisse d’une librairie, dans le VIe arrondissement, lorsque j’entendis un client demander à propos de cet ouvrage que je tenais fermement entre mes mains. Un livre comme celui-ci ne jouit pas d’un succès sans raison. Son succès n’est pas seulement celui d’un intérêt vigoureux et bien compréhensif pour la cause des Juifs, meurtris dans leur chair, c’est aussi le désaveu même de l’élite parisienne, enfin une certaine élite, particulièrement de gauche, ainsi qu’un désaveu des choix du président qui n’a pas encore rendu hommage aux otages toujours détenus par le Hamas. Ce succès est aussi une prise de conscience, le désir de lire la plume affûtée d’une intelligence qui surplombe celle des médias, particulièrement celui du service public, du Monde et de Libé, qui n’ont pas ni cœur ni le courage de reconnaître leurs torts partagés depuis 50 ans.
Le sort du 7 octobre 2023 sera bientôt le nôtre
Ce Journal de guerre n’est pas donc pas seulement celui d’un « avocat, juif, français, israélien, hétérosexuel et blanc », c’est d’abord celui de l’homme occidental, car l’on doit comprendre que le sort réservé le 7 octobre aux Juifs d’Israël sera aussi le nôtre, bientôt. On doit aussi comprendre que le 7 octobre n’est pas seulement une attaque monstrueuse contre Israël, et que celui qui minimise ce qui s’est passé, au nom de la défense des Palestiniens, qu’il injurie par la même, puisqu’en défendant les Palestiniens tout de go il défend aussi leurs bourreaux en la personne du Hamas, celui-là doit comprendre qu’il participe d’un « racisme anti-blanc » bon teint qui se diffuse dans les médias et à l’université, et dont il aura à vivre les désagréments le plus insurmontables, lorsqu’il se retournera contre lui. Voilà pourquoi ce Journal de guerre n’est pas seulement un journal de larmes et de colère, mais aussi un avertissement avant qu’il ne soit trop tard…
Marc Alpozzo - À propos - Marc Alpozzo (Ouvroir de réflexions potentielles) (blogspirit.com)
Philosophe et essayiste, auteur de Seuls. Éloge de la rencontre, Les Belles Lettres, 2014 et Galaxie Houellebecq et autres étoiles. Éloge de l’exercice littéraire, Éditions Ovadia (à paraître le 30 mars 2024).
Le Journal de guerre de Gilles-William Goldnadel : numéro 1 des ventes en France (entreprendre.fr)
Gilles-William Goldnadel : Ce livre a été une véritable cure. Et même si je ne suis pas encore guéri, cet ouvrage a eu une vertu anesthésiante après le sentiment d’humiliation qu’ont provoqué en moi les massacres du 7 octobre.
Vous me demandez ce qui m’a étonné avec ce livre, et bien je crois que je me suis aperçu moi-même que j’avais bâti ma vision d'Israël sur la fierté retrouvée. Je suis un Juif d'avant la Guerre des Six Jours et je peux vous dire que mes grands-parents ne chantaient pas par-dessus les toits qu'ils étaient juifs. Ma grand-mère maternelle disait de son nom qu'il était alsacien. Il n'y avait pas une grande fierté d'être juif au sortir de la deuxième guerre mondiale.
Ce qui a redonné de la fierté aux Juifs, c'est la Guerre des Six Jours. Les Juifs du monde entier s'enorgueillissaient à peu de frais. Les Juifs avaient perdu leur voussure métaphysique. Le sionisme n'est pas un philosémitisme qui se contenterait de protéger les Juifs des persécutions, il entend véritablement transformer le juif diasporique. Le 7 octobre, pendant des heures interminables, je me suis retrouvé plongé dans ces moments où les Israéliens, visés en tant que juif par le Hamas, se sont à nouveau trouvés contraints de se comporter comme des Juifs ne pouvant pas se défendre. Je l'ai réellement très mal vécu, en dehors même d'un sentiment, que je n'avais pas perdu, de la fragilité d'Israël.
Dans mon livre cela dit, je confie que je n’avais pas attendu le 7 octobre pour ne pas être extrêmement heureux. La vision de ces manifestations dans la Tel-Aviv gay friendly et dans la Jérusalem austère, s'affrontant l'une l'autre, se détestant et n'ayant aucune préoccupation pour leurs ennemis, m'avait profondément déprimé déjà.
Je mentirais bien entendu en vous disant que j'avais prévu le 7 octobre. Dans mes pires cauchemars, je ne l'avais pas prévu.
Vous parlez au juif le moins shoahtique du monde. Je n'aimais pas beaucoup quand ma pauvre mère me parlait avec un certain pathos de nos parents déportés. J'étais plutôt fervent d'un deuil austère. Je n'aimais pas les fictions autour de la Shoah même si j'ai constaté à quel point -pensez au film de Spielberg par exemple-elles ont été éloquentes pour expliquer au monde ce qu'était la Shoah.
Le 8 octobre au matin, je n’ai pas pu m'empêcher, cela s'imposait à moi, de parler d'islamo-nazis, de parler de pogrom, de reproduire un vocabulaire ayant trait à la Shoah, ce qui montre le désarroi profond qui était le mien. Ensuite, la riposte israélienne a montré que l'Israélien savait se défendre.
Gilles-William Goldnadel : « Après le jeune mâle blanc qu’incarne Israël aux yeux de ses ennemis, c’est au vieux mâle avachi européen que les mêmes s’en prendront »
Atlantico : Dans votre livre Journal de guerre : C'est l'Occident qu'on assassine (publié chez Fayard) vous exprimez toute la gamme des émotions qui vous ont traversé depuis le 7 octobre. C’est un très succès de librairie. Vous attendiez-vous à une telle réception ?Gilles-William Goldnadel : Ce livre a été une véritable cure. Et même si je ne suis pas encore guéri, cet ouvrage a eu une vertu anesthésiante après le sentiment d’humiliation qu’ont provoqué en moi les massacres du 7 octobre.
Vous me demandez ce qui m’a étonné avec ce livre, et bien je crois que je me suis aperçu moi-même que j’avais bâti ma vision d'Israël sur la fierté retrouvée. Je suis un Juif d'avant la Guerre des Six Jours et je peux vous dire que mes grands-parents ne chantaient pas par-dessus les toits qu'ils étaient juifs. Ma grand-mère maternelle disait de son nom qu'il était alsacien. Il n'y avait pas une grande fierté d'être juif au sortir de la deuxième guerre mondiale.
Ce qui a redonné de la fierté aux Juifs, c'est la Guerre des Six Jours. Les Juifs du monde entier s'enorgueillissaient à peu de frais. Les Juifs avaient perdu leur voussure métaphysique. Le sionisme n'est pas un philosémitisme qui se contenterait de protéger les Juifs des persécutions, il entend véritablement transformer le juif diasporique. Le 7 octobre, pendant des heures interminables, je me suis retrouvé plongé dans ces moments où les Israéliens, visés en tant que juif par le Hamas, se sont à nouveau trouvés contraints de se comporter comme des Juifs ne pouvant pas se défendre. Je l'ai réellement très mal vécu, en dehors même d'un sentiment, que je n'avais pas perdu, de la fragilité d'Israël.
Dans mon livre cela dit, je confie que je n’avais pas attendu le 7 octobre pour ne pas être extrêmement heureux. La vision de ces manifestations dans la Tel-Aviv gay friendly et dans la Jérusalem austère, s'affrontant l'une l'autre, se détestant et n'ayant aucune préoccupation pour leurs ennemis, m'avait profondément déprimé déjà.
Je mentirais bien entendu en vous disant que j'avais prévu le 7 octobre. Dans mes pires cauchemars, je ne l'avais pas prévu.
Vous parlez au juif le moins shoahtique du monde. Je n'aimais pas beaucoup quand ma pauvre mère me parlait avec un certain pathos de nos parents déportés. J'étais plutôt fervent d'un deuil austère. Je n'aimais pas les fictions autour de la Shoah même si j'ai constaté à quel point -pensez au film de Spielberg par exemple-elles ont été éloquentes pour expliquer au monde ce qu'était la Shoah.
Le 8 octobre au matin, je n’ai pas pu m'empêcher, cela s'imposait à moi, de parler d'islamo-nazis, de parler de pogrom, de reproduire un vocabulaire ayant trait à la Shoah, ce qui montre le désarroi profond qui était le mien. Ensuite, la riposte israélienne a montré que l'Israélien savait se défendre.
Le 7 octobre et après : Les juifs de la diaspora se retrouvent écrasés entre deux fronts. À la violence là-bas s’ajoute un sentiment de rejet et d’incompréhension ici...
Dans la matinée du 7 octobre, Gilles-William Goldnadel est réveillé par la sonnerie de son téléphone portable. C’est un SMS de son fils. « Nous sommes en guerre », lui écrit-il de Tel-Aviv. Au fil des heures, l’avocat franco-israélien comprend que l’impossible est arrivé. Et que le « nous » recouvre une communauté humaine bien plus vaste que la seule population de l’État hébreu, touchée de plein fouet par le terrorisme islamiste.Non pas qu’il ait attendu cet indicible massacre pour se sentir passionnément sioniste. Seulement le juriste madré, l’essayiste cultivé (fin connaisseur notamment des théories de Gustave Le Bon et de Sigmund Freud sur la psychologie des foules), le bretteur télévisuel aux effets de manche si caustiques ne se reconnaît plus lui-même. Désormais l’horreur du Hamas le hante jour et nuit. « Je n’imaginais pas ça, confie-t-il à son journal. Mes enfants sont partis en Israël pour ne pas connaître ça. L’humiliation d’être redevenu un juif craintif. Et la peur pour mes enfants. Et la crainte indicible de leur survivre. »
Le 7 octobre et après - Causeur